Cette semaine s’achève la première série de négocations sur un projet d’Accord de partenariat économique global (APEG) entre le Canada et l’Indonésie, le plus grand producteur et exportateur d’huile de palme au monde. L’année dernière, la recherche publiée dans la revue Nature Ecology and Evolution a confirmé que les pays riches contribuent à la déforestation dans les pays plus pauvres par le biais des accords commerciaux internationaux.

Selon les objectifs de négociations de l’APEG déposés au Parlement l’année dernière, le Canada espère inclure un chapitre controversé sur la protection des investissements. Ce chapitre accorderait aux entreprises pétrolières, gazières et minières canadiennes, qui détiennent plus de 90 % de la valeur de tous les investissements canadiens en Indonésie, des droits extraordinaires permettant de poursuivre le gouvernement indonésien sur les mesures visant à garantir le respect des droits humains et la protection de l’environnement.

Au début 2021 par exemple, le gouvernement indonésien a accordé une vaste concession minière d’or et d’argent couvrant la moitié de l’île de Sangihe à la société canadienne Baru Gold Corporation. Ce projet a été critiqué par les écologistes, car il menace les forêts tropicales vierges, au moins 10 espèces d’oiseaux et l’approvisionnement en eau douce de l’île. Un APEG avec l’Indonésie, qui inclurait un règlement des différends entre investisseurs et États, pourrait faire pencher la balance en faveur des entreprises minières motivées par le profit et au détriment des intérêts communautaires et environnementaux dans cette affaire et dans d’autres luttes minières. 

Au cours des vingt  dernières années, l’importation d’huile de palme au Canada a connu une augmentation stupéfiante de 1600 %. L’année dernière, grâce au scandale du «Buttergate», nous avons également appris que même le bétail canadien a été nourri de suppléments à base d’’huile de palme. 

Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’expansion de la production d’huile de palme affecte au moins 193 espèces classées comme «menacées» sur la «liste rouge» de l’UICN. L’accord proposé remet donc en question les engagements mondiaux du gouvernement fédéral en matière de lutte contre la déforestation et de la protection de la biodiversité. 

Shane Moffatt, responsable de la campagne Nature et Alimentation chez Greenpeace Canada, a déclaré : 

« Au niveau mondial, environ 80 % de la déforestation est causée par l’agriculture pour des produits de base comme l’huile de palme. Ces accords commerciaux axés sur le profit sont à l’origine de la destruction et renforcent les intérêts des entreprises. Alors que notre gouvernement parle de mettre fin à la déforestation et de protéger la biodiversité, nos importations d’huile de palme ne cessent d’augmenter. Au lieu d’aller de l’avant avec un autre accord commercial qui menace le climat et la biodiversité, notre gouvernement devrait se concentrer sur la protection mondiale des forêts, le soutien aux communautés autochtones et locales et la résilience alimentaire locale. »

Stuart Trew, chercheur principal sur le commerce au Centre canadien de politiques alternatives, a déclaré :

« Le Canada a retiré le processus de règlement des différends entre investisseurs et États de l’ALENA de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) renégocié parce que, selon le gouvernement, il nuit à notre capacité d’établir des mesures environnementales rigoureuses et de réglementer autrement les activités commerciales dans l’intérêt public. Il est hypocrite et contraire aux idéaux d’un commerce inclusif et équitable d’insister que les entreprises pétrolières, gazières et minières canadiennes aient encore accès à cette perversion de la justice en Indonésie. »

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Dina Ni, Conseillère aux communications, Greenpeace Canada, [email protected], + 1 514 400-3313 

Alyssa O’Dell, Spécialiste principale en communication, Centre canadien de politiques alternatives, [email protected], +1 343 998-7575