Montréal – Alors que la Caisse de dépôt et placement du Québec s’apprête à divulguer ses résultats annuels, la coalition Sortons la Caisse du carbone publie pour une cinquième année de suite son Analyse du rendement boursier des 50 principaux investissements de la CDPQ dans le pétrole et le gaz montrant encore des pertes de rendement entre 2011 et 2021 et soulignant les risques financiers et climatiques de la présence accrue de la Caisse dans le secteur du gaz.

«En 2021 la Caisse a posé un geste historique en annonçant le désinvestissement de toutes les compagnies du secteur de l’extraction du pétrole d’ici la fin de 2022 en plus de cesser d’investir dans la construction de pipelines de pétrole. Cette lancée, qui est un signal phare pour d’autres grands fonds d’investissement, doit se poursuivre. Malheureusement, ce leadership climatique est terni par les nouveaux investissements de la Caisse dans le gaz», a déclaré Sébastien Collard, auteur du rapport et porte-parole de la Coalition.

Sortons la Caisse du carbone analyse depuis 2011 le rendement des 50 entreprises du secteur de l’exploitation pétrolière et gazière dans lesquelles la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) détient ses plus importants investissements boursiers. En 2021, ce groupe d’entreprises formant l’indice Carbone 50 a obtenu pour la deuxième fois en 11 ans une performance supérieure aux indices boursiers avec lesquels nous le comparons (Dow Jones et MSCI ACWI ex Fossil Fuels). La valeur de cet indice a rebondi de 31,4 % en un an après avoir subi en 2020 une perte de 31,6 %. En 11 ans, les pertes du Carbone 50 se chiffrent à -25,6 % alors que les autres indices boursiers ont connu sur la même période une croissance de 100 à 150 %.

Le Carbone 50 a généré un rendement de 1,3 G$. Il s’agit du quatrième rendement positif seulement en 11 ans et seulement de la deuxième année où ce rendement est supérieur aux autres indices utilisés dans nos études. Depuis 2011, le taux de rendement annuel moyen de l’indice s’établit à -2,3 %, alors que le rendement cumulé atteint à -3,5 G$.

Lorsqu’on analyse le rendement qui aurait été obtenu si cet argent avait été placé dans d’autres indices, on remarque d’abord que le rendement du Dow Jones (New York) en 2021 a été de 18,7%. L’indice MSCI ACWI ex Fossil Fuels, en dollars canadiens, permet quant à lui de connaître l’évolution du marché boursier mondial lorsqu’on exclut les sociétés investies dans les énergies fossiles. Son rendement a été de 5,5 % en 2021.

«Même avec les améliorations de rendement de 2021, force est de constater que, globalement, que nous nous serions davantage enrichis sans les énergies fossiles. D’un point de vue climatique, le constat ne saurait pas être relativisé : la fenêtre de temps pour éviter une catastrophe globale sans précédent se referme, et la Caisse doit immédiatement s’aligner avec la cible du GIEC, ce qui l’oblige à sortir complètement des énergies fossiles et réduire ses émissions partout ailleurs», renchérit le sociologue Éric Pineault, membre de l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM et réviseur de l’étude.

La méthode utilisée par Sortons la Caisse du carbone est identique à celle de ses précédents rapports. Les rapports annuels 2010 à 2020 de la CDPQ sont utilisés pour calculer la valeur des actions en dollars canadiens des 50 entreprises du secteur du gaz et du pétrole dans lesquelles – pour chacune de ces années – la détention boursière de la CDPQ est la plus élevée. La valeur des actions à la fin de l’année 2021 est basée sur la conversion en dollars canadiens des données retrouvées sur les marchés boursiers. Le scénario « neutre » est utilisé pour les calculs, c’est-à-dire que nous faisons comme si la Caisse, pendant l’année, conservait le même nombre d’actions que celles détenues au début de l’année et ne procédait à aucune vente ni à aucun achat en cours d’année.

Le rapport de cette année met l’emphase sur ce que la coalition Sortons la Caisse du carbone considère comme une erreur du point de vue économique et climatique : les investissements de la CDPQ dans le gaz. L’économie décarbonée et prospère n’est plus un horizon éloigné, c’est pourquoi l’étude offre une série de pistes de solution pour que le distributeur de gaz Énergir assure sa rentabilité long terme en faisant partie de la solution, ce qui nécessite qu’il adopte un véritable plan climat qui respecte les exigences de la science.

Sortons la Caisse du carbone considère que la Caisse doit immédiatement procéder au désinvestissement de tous ses placements dans le secteur gazier et abandonner le sophisme de l’énergie de transition. Avec une cible 2030 de -30% par rapport à 2020, le plan de décarbonation d’Énergir ne répond pas aux exigences de la science pour limiter le réchauffement à 1,5°C. La Caisse devrait donc vendre tous ses actifs dans Énergir ou exiger un redressement immédiat du plan climat de cette société.

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Rapport ici : https://bit.ly/RapportCarbon50_2022 

Contacts :

 À propos de Sortons la Caisse du carbone

La coalition Sortons la Caisse du carbone regroupe Greenpeace Canada, le Projet de la réalité climatique Canada, la SNAP Québec, l’Association pour la voix étudiante au Québec (AVEQ), Justice climatique Montréal (JCM), Leap Montréal, Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville (MEAC), Eau Secours!, ainsi que d’autres groupes citoyens et syndicats.