L’exposition au risque climatique est également plus importante qu’elles ne l’admettent.

MONTRÉAL – Selon les données d’un nouveau rapport de Greenpeace, les banques canadiennes jouent un rôle croissant et significatif à l’échelle mondiale dans l’alimentation de la destruction du climat et sont plus exposées au risque climatique que ce qu’elles laissent croire à leurs actionnaires. Le rapport révèle qu’avant la pandémie, les cinq grandes banques canadiennes ont régulièrement augmenté leurs prêts et leurs investissements dans les combustibles fossiles depuis la signature de l’Accord de Paris sur le climat. 

« Le Secrétaire général de l’ONU a affirmé que le dernier rapport sur la science climatique du GIEC devrait sonner le glas des combustibles fossiles, mais les banques canadiennes continuent d’injecter des centaines de milliards de dollars pour assurer la survie des entreprises pétrolières, gazières et charbonnières. Les banques canadiennes ont fourni plus de treize fois plus de soutien financier à l’industrie des combustibles fossiles que le gouvernement fédéral n’en a dépensé pour son plan visant à respecter les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, et cela risque de ne pas changer de sitôt », a déclaré Keith Stewart, Stratège Senior Climat-Énergie chez Greenpeace Canada. « Si les banquiers ne veulent pas lire le rapport du GIEC, alors ils devraient sortir et sentir la fumée des feux de forêt alimentés par la crise climatique et reconnaître qu’ils ont un choix à faire : cesser de financer les combustibles fossiles ou être qualifiés de pyromanes dans les livres d’histoire. »

Le rapport a été commandé par Greenpeace Canada et effectué par le cabinet de consultants Profundo, qui a également contribué au rapport annuel Banking on Climate Chaos.

Les principales conclusions du rapport comprennent ce qui suit : 

  • Les banques canadiennes ont fourni près de 700 milliards de dollars canadiens aux entreprises de combustibles fossiles depuis la signature de l’Accord de Paris sur le climat en décembre 2015, et ce, sous forme de prêts (477 milliards de dollars) et de services de souscription (216 milliards de dollars). 
  • Les banques canadiennes détiennent également 125 milliards de dollars d’actions et d’obligations dans le secteur des combustibles fossiles, et le nombre d’actions qu’elles possèdent est en hausse.
  • Ces 819 milliards de dollars de prêts (694 milliards) et d’investissements (125 milliards) représentent plus de 13 fois le total de 60 milliards de dollars investis par le gouvernement fédéral dans l’action climatique et la croissance propre depuis 2015.   
  • Les 5 grandes banques canadiennes figurent toutes dans le top 25 des banques mondiales qui financent le plus les combustibles fossiles. Parmi les six banques de l’étude, RBC est le plus grand financier des combustibles fossiles, suivie de la Banque Scotia, de TD, de BMO, de CIBC, puis de Desjardins.
  • La majeure partie des prêts et des souscriptions (609 milliards de dollars, soit 88 % du total) a été versée aux sociétés pétrolières et gazières. Les entreprises charbonnières ont reçu les 12 % restants (84,8 milliards de dollars). Enbridge en a été le principal bénéficiaire, suivi de CNRL, TransCanada et Cenovus.
  • Le financement des combustibles fossiles est passé de 122 milliards de dollars en 2016 à 160 milliards de dollars en 2019, avant de connaître une baisse de 30 % en 2020 en raison de la pandémie.
  • L’analyse de Profundo sur l’exposition des banques aux pertes résultant d’une baisse de la valeur des entreprises de combustibles fossiles dans le cadre d’un scénario de 1,5°C est plus importante que ce qu’elles déclarent elles-mêmes (130 points de base en moyenne dans cette analyse contre 57 points de base dans leurs publications).
  • Les prêts impayés aux entreprises pétrolières et gazières représentent environ la moitié du capital-actions ordinaire de première catégorie (un indicateur clé de la stabilité financière) de BMO (54 %), de CIBC (49 %) et de la Banque Scotia (45 %). Les prêts pétroliers et gaziers sont également importants pour TD (35 %) et RBC (29 %), mais moins pour le Mouvement Desjardins (13 %). L’exposition au secteur des combustibles fossiles est encore plus importante, représentant environ 55 à 60 % du capital-actions ordinaire de première catégorie pour BMO, la Banque Scotia et CIBC; environ 40 % pour TD et RBC; et 17 % pour le Mouvement Desjardins.
  • Bien que les entreprises de combustibles fossiles soient des clientes importantes des banques canadiennes, cette relation n’est pas « trop importante pour mal tourner ». Les banques peuvent éliminer le risque d’actifs échoués en éliminant progressivement leur soutien aux combustibles fossiles. Présentement, les réserves de capital de toutes les banques sont environ deux fois supérieures à ce qui est exigé par les régulateurs, de sorte que même dans un scénario de 1,5°C, l’impact des défauts de remboursement des prêts par les entreprises de combustibles fossiles ne suffirait pas à lui seul à faire en sorte que les banques faillissent à ces exigences.   

L’organisme fédéral de réglementation des banques (c.-à-d. le BSIF, ou Bureau du surintendant des institutions financières) examine actuellement l’exposition des banques au risque climatique, et Greenpeace Canada demande au gouvernement de les réglementer plutôt que de compter sur la bonne volonté des banquiers. 

La plupart des cinq grandes banques canadiennes se sont engagées publiquement à atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2050. L’Agence internationale de l’énergie a déclaré que, pour atteindre cet objectif, il faut accélérer l’élimination progressive des activités existantes liées aux combustibles fossiles et ne pas faire de nouveaux investissements dans ces derniers.

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La préface de Greenpeace Canada et un résumé du rapport en français.

Le rapport complet (en anglais seulement)

Pour plus de renseignements, veuillez contactez : 

Philippa Duchastel de Montrouge, Conseillère en communications, Greenpeace Canada

[email protected] ; +1 (514) 929-8227