Alors que Greenpeace se trouve en Antarctique depuis un mois pour y examiner les impacts du changement climatique, un nouveau record de chaleur vient d’être enregistré sur le continent blanc. De quoi donner des sueurs froides à nos scientifiques, sur place pour notamment recenser les manchots, dont les colonies sont affectées par la hausse des températures.

Noah Strycker, a graduate student at Stony Brook University in New York, studies Chinstrap Penguins on Elephant Island. An observer must count every single penguin nest, one by one, and repeat the count three times within a 5% margin to ensure accuracy. It’s often easiest to find a high point with a good view, and use landmarks (like rocks and other terrain features) to visually divide up large chunks of birds. Elephant Island is home to one of the world’s largest Chinstrap Penguin populations, yet it has only been ornithologically surveyed once in 1971, by a British Joint Services expedition. To understand how penguin populations are faring, a census has been organised by researchers from Stony Brook University, Northeastern University and Greenpeace to study the impact of climate change on fragile chinstrap penguin colonies on Elephant Island in Antarctica. (This picture was taken in 2020 during the Antarctic leg of the Pole to Pole expedition under the Dutch permit number RWS-2019/40813)

L’expédition de Greenpeace du Pôle nord au Pôle Sud, démarrée en avril dernier, touche à sa fin avec une dernière étape en Antarctique. Le but de cette mission : révéler la beauté des océans mais aussi les menaces auxquelles ils sont confrontés.  

L’équipage de Greenpeace et des scientifiques de l’université de Stony Brook (New York) et de Northeastern (Boston) étudient les manchots à jugulaire de l’île de l’Eléphant, au nord-ouest de la péninsule Antarctique, pour mieux comprendre comment leurs colonies sont affectées par le changement climatique et pourquoi il est urgent de renforcer la protection des océans

Les populations de manchots sont en déclin

Malheureusement, les chiffres ne sont pas bons. Le nombre de manchots à jugulaire a chuté en moyenne de 60 % dans l’ensemble des 35 colonies étudiées sur l’île, une colonie enregistrant jusqu’à 77 % de déclin, par rapport au premier comptage effectué au début des années 1970.

Un déclin si important montre que, ces 50 dernières années, l’écosystème de l’océan Austral a connu de profonds bouleversements, affectant l’ensemble du réseau trophique. Si plusieurs facteurs sont en cause, tous les éléments en notre possession désignent le changement climatique comme le principal responsable de ces bouleversements.” Dr Heather J. Lynch, responsable scientifique de la mission et professeure au département d’écologie et d’évolution, université de Stony Brook.

Le nouveau record de chaleur enregistré ces jours-ci n’a malheureusement rien d’une surprise : l’Antarctique se réchauffe, au même titre que le reste de la planète. Ce record fait les gros titres, mais il ne faut surtout pas oublier qu’il s’inscrit dans une tendance à long terme d’augmentation continue des températures moyennes de la péninsule Antarctique.

Mais revenons à nos manchots. Quel est le lien entre le réchauffement de la planète et le déclin de certaines colonies ? La nourriture ! Comme beaucoup d’animaux de la région, les manchots se nourrissent de krill, ces petites crevette roses qui se font plus rares quand la glace hivernale s’amenuise. Cette pression sur leur source d’alimentation, combinée aux changements que subissent leurs lieux de nidification et de reproduction, font du dérèglement climatique la première menace pour ces habitants de l’Antarctique.

Marion Cotillard visits Trinity Island with Greenpeace to observe penguins and whale identification work. Greenpeace is back in the Antarctic on the last stage of the Pole to Pole Expedition. We have teamed up with a group of scientists to investigate and document the impacts the climate crisis is already having in this area. *This picture was taken in 2020 during the Antarctic leg of the Pole to Pole expedition under the Dutch permit number RWS-2019/40813.

Mais nous pouvons les aider !

A l’heure où la vie sauvage lutte pour sa survie, nous devons de toute urgence créer des réserves marines, dans l’Antarctique et sur l’ensemble de océans, pour que la faune et la flore marines retrouvent leur vigueur et puissent s’adapter au changement climatique, à l’abri des pressions anthropiques. 

Nous avons en ce moment même une ’opportunité unique : l’ONU est en train de négocier un traité international sur la protection des océans. Ce traité doit être ambitieux pour pouvoir permettre de protéger au moins 30 % des océans, sous la forme de réserves marines, d’ici à 2030. C’est le niveau minimum de protection recommandé par les scientifiques pour rétablir la santé des océans. 

L’ensemble des éléments scientifiques que nous avons recueillis durant l’expédition du Pôle Nord au Pôle Sud montrent à la fois la beauté et la fragilité des océans – et qu’il est urgent et indispensable de les protéger.  Pour nous aider à convaincre l’ONU, faites pressions sur les gouvernements : demandez-leur de conclure un traité ambitieux sur la protection des océans.