Dans un nouveau rapport, BOS+ et Greenpeace tirent la sonnette d’alarme sur l’évolution des forêts en Flandre. Malgré de grandes ambitions politiques, les forêts perdent toujours du terrain. La déforestation est encore trop souvent autorisée. Une partie des déforestations reste aujourd’hui exemptée d’obligation de compensation. De plus, les jeunes forêts plantées pour compenser la déforestation ont moins de valeur que les forêts existantes en termes de stockage de carbone et de biodiversité. Greenpeace et BOS+ demandent donc aux autorités flamandes un moratoire sur la destruction des forêts les plus précieuses et un gel général de la déforestation d’ici 2030.

Le nouveau rapport Ontbossing in Vlaanderen: onze bossen op wandel de BOS+ et Greenpeace s’est penché sur les l’évolution des forêts en Flandre, mettant le doigt sur des dynamiques aujourd’hui méconnues. En effet, la tendance de la superficie moyenne des forêts telle qu’elle apparaît dans les indicateurs forestiers triennaux des autorités flamandes masquent une partie de la réalité. Le rapport met en exergue un certain nombre de dynamiques sous-jacentes qui ont un impact majeur sur la superficie et la qualité de nos forêts. [1] 

Le rapport montre que les forêts continuent de disparaître à un rythme alarmant. Au cours des 20 dernières années, plus de 5 000 hectares de forêts flamandes ont été abattus avec des permis. Nous perdons également de plus en plus d’espaces verts urbains. 

« La dynamique mise en évidence par le rapport montre que, malgré les efforts considérables déployés ces dernières années pour étendre les forêts, trop peu de mesures ont été prises pour améliorer la protection des forêts« , explique Laure De Vroey de BOS+. « Ces mesures sont pourtant nécessaires, et de manière urgente. En raison des nombreuses exceptions à l’interdiction de déboiser et du manque de protection juridique des forêts, notre zone forestière flamande est peu à peu grignotée pour être réaffectée à d’autres fins. Les communes et les provinces jouent un rôle crucial dans l’autorisation de la déforestation. Elles en tirent d’ailleurs souvent un bénéfice financier par le biais du financement communal. Cela crée un manque de cohérence politique entre l’échelon local et régional, et une pression inacceptable sur le peu de forêts qu’il nous reste ».

Principales conclusions du rapport : 

  • Chaque jour, la Flandre perd environ un terrain de football de forêt, de manière autorisée. Au cours des 20 dernières années, plus de 5 000 hectares de forêt ont ainsi été déboisés.
  • 31 % de la superficie des forêts et des espaces verts n’est pas répertoriée comme zone verte dans les plans de secteur régionaux et est donc menacée. Cela signifie que les autorités locales autorisent facilement la déforestation dans les zones résidentielles, industrielles et de loisirs.
  • Les forêts urbaines sont les plus menacées. Il y a eu une diminution nette des forêts et des espaces verts en zone résidentielle de 10 % au cours des 20 dernières années. 
  • La forêt flamande est déjà très fragmentée. Plus de la moitié des forêts ont une superficie inférieure à 2,5 hectares et à peine 2 % des forêts ont une superficie supérieure à 100 hectares. L’étude indique une tendance à un morcellement encore plus important.

Faiblesse des compensations

Le bilan forestier – le solde entre toutes les déforestations connues et les compensations forestières – est négatif pour les trois premières années de législature de la Région flamande.

« La destruction continue des forêts entraîne une perte de qualité des forêts flamandes : les forêts nouvellement plantées à titre de compensation rajeunissent et fragmentent nos forêts« , déclare Filip Verbelen, de Greenpeace. « C’est une nouvelle alarmante, car la protection des forêts existantes contribue beaucoup plus à la conservation de la biodiversité et au stockage du carbone à court terme que la plantation de nouvelles forêts. La destruction des vieilles forêts ne peut pas être compensée par la plantation de jeunes arbres ailleurs. Par conséquent, la protection de ces forêts les plus précieuses sur le plan écologique doit devenir une priorité politique”. 

Enrayer la disparition des forêts dès aujourd’hui 

BOS+ et Greenpeace constatent une opposition croissante dans toute la Flandre face à cette destruction continue des forêts. En particulier dans les environnements urbains, notamment depuis la pandémie de covid, les citoyen·nes ont pris conscience de l’importance des espaces verts, aussi bien pour la santé que pour leur rôle de protection contre les événements météorologiques ex oktrêmes.

À l’approche des élections de 2024, Greenpeace et BOS+ proposent une série de recommandations politiques pour faire de la protection des forêts une priorité. La demande est claire : arrêter la déforestation dès maintenant. Les organisations demandent un moratoire immédiat sur la destruction de nos forêts les plus précieuses et un gel général de la déforestation d’ici 2030. Cela suppose une délimitation urgente des zones forestières, une législation forestière plus stricte, et une réalisation rapide et ambitieuse de la politique flamande de “stop au béton”. Il faut également des politiques de gestion de l’espace qui permettent aux autorités locales de mieux protéger les espaces verts menacés, et une réforme du financement communal qui récompense les communes pour la conservation des forêts et la préservation des espaces ouverts, plutôt que l’inverse.

Notes : 

[1] Le rapport complet ‘‘Ontbossing in Vlaanderen: onze bossen op wandel’ peut être consulté ici (en néerlandais). Un résumé est disponible ici (en néerlandais aussi).