HONG KONG – La consommation d’électricité liée à la fabrication de puces d’intelligence artificielle (IA) a grimpé de plus de 350 % dans le monde entre 2023 et 2024, selon une nouvelle étude de Greenpeace Asie de l’Est [1]. En Asie de l’Est, plaque tournante mondiale de la production de semi-conducteurs pour l’IA, la demande croissante d’électricité liée à la fabrication de puces d’IA a été possible principalement grâce à des combustibles fossiles, selon l’étude. Ce rapport est le premier du genre à calculer les émissions mondiales liées à la fabrication de puces d’IA.
Katrin Wu, responsable du projet de Greenpeace sur la chaîne d’approvisionnement en Asie de l’Est, a déclaré : « Il est essentiel de parvenir à 100 % d’énergie renouvelable dans la chaîne d’approvisionnement de l’IA pour éviter une augmentation importante des émissions carbones et pour réduire le nombre de décès et de maladies dus à la pollution atmosphérique. Les entreprises de matériel informatique peuvent gérer les engorgements liés au surplus d’énergies renouvelables en investissant directement dans des capacités éoliennes et solaires, en signant des contrats d’achat d’électricité et en tirant parti de leur influence pour plaider en faveur d’un ratio plus élevé d’énergies renouvelables dans le réseau. Vu leurs chiffres d’affaires, les entreprises à l’avant-garde du boom de l’IA doivent assumer la responsabilité de l’impact environnemental de leurs chaînes d’approvisionnement.«
Alex de Vries, l’un des auteurs du rapport et fondateur de Digiconomist, a déclaré :
« Les besoins énergétiques exponentiels des centres de données d’IA ont fait la une des journaux du monde entier, mais les conséquences environnementales d’autres parties du cycle de vie du matériel sont souvent négligées. Le processus de fabrication du matériel d’IA consomme beaucoup d’énergie et a une empreinte environnementale importante, surtout si l’on considère la concentration de cette fabrication en Asie de l’Est, où les réseaux électriques dépendent encore largement des énergies fossiles et où les fabricants de puces n’ont pris que peu de mesures pour s’approvisionner en énergie renouvelable..
Principales conclusions :
- La consommation mondiale d’électricité liée à la fabrication de puces d’IA a augmenté de plus de 350 % entre 2023 et 2024. La fabrication de puces d’IA est principalement concentrée à Taïwan, en Corée du Sud et au Japon, où la demande croissante d’électricité fait peser une charge importante sur les réseaux électriques.[2]
- D’ici 2030, la demande mondiale d’électricité pour la fabrication de puces d’IA devrait être multipliée par 170 par rapport aux niveaux de 2023, dépassant la consommation actuelle d’électricité de l’Irlande.[3]
- Dans toute l’Asie de l’Est, l’industrie des puces répond à la nouvelle demande d’électricité avec de fausses solutions comme le gaz. En 2024, le gouvernement sud-coréen a approuvé la construction d’une centrale de cogénération au gaz naturel liquéfié (GNL) de 1 gigawatt (GW) pour SK hynix dans le complexe industriel général de Yongin. Le gouvernement sud-coréen prévoit également de construire une capacité de 3 GW de GNL pour Samsung dans le National Semiconductor Cluster. À Taïwan, la Taiwan Power Company (Taipower) a justifié l’augmentation de la demande d’électricité des secteurs des semi-conducteurs et de l’IA par le développement des projets GNL et de l’infrastructure de réseau.
- Les émissions mondiales dues à la consommation d’électricité liée à la fabrication de puces d’IA ont augmenté d’environ 357 % en 2024. En Asie de l’Est, les réseaux électriques dépendent fortement des énergies fossiles. En 2023, 58,5 % de l’électricité en Corée du Sud était produite à partir de combustibles fossiles, 68,6 % au Japon et 83,1 % à Taïwan.[4][5][6]
Greenpeace exhorte les entreprises à la pointe dans le domaine de l’intelligence artificielle à utiliser 100 % d’énergies renouvelables dans l’ensemble de leurs chaînes d’approvisionnement, en commençant par la fabrication de puces d’IA.
Notes
[1] Cette étude estime la consommation d’électricité des principaux modèles de puces d’IA (Nvidia A100, H100, H200, B100/200 et AMD MI300X) en 2023 et 2024 et les émissions liées à leur consommation d’électricité à l’aide d’une approche ascendante. L’analyse utilise des données publiques et des analyses de marché sur la production et la demande de plaquettes pour les modèles d’IA, ainsi que les besoins en électricité publiés pour le processus de production. En identifiant les fournisseurs et les sites de fabrication, l’étude détermine le mix électrique utilisé dans la production et les émissions de carbone associées. Sur la base des prévisions de la demande et de l’offre de plaquettes logiques et de mémoire pour l’IA, les estimations sont ensuite étendues jusqu’en 2030.
[2] La Taiwan Semiconductor Manufacturing Company Limited (TSMC) dirige la fabrication des puces logiques pour les GPU spécifiques à l’IA, qui sont produites dans ses usines de Taïwan. SK hynix, Samsung et Micron fabriquent les puces mémoire utilisées dans le matériel d’IA, principalement en Corée du Sud et au Japon.
[3] Central Statistics Office of Ireland, « Large Energy Users accounted for 30% of Metered Electricity Consumption in 2023 », 23 juillet 2024, consulté le 28 février 2025, https://www.cso.ie/en/releasesandpublications/ep/p-mec/meteredelectricityconsumption2023/keyfindings/.
[4] EPSIS, « Generation Output by Energy Source », 2024, consulté le 10 février 2025, https://epsis.kpx.or.kr/epsisnew/selectEkgeGepGesGrid.do.
[5] Ministère des affaires économiques, administration de l’énergie (MOEAEA), « Electricity Statistics », 2024, consulté le 10 février 2025, https://www.esist.org.tw/database/search/electric-generation.
[6] Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI), « General Energy Statistics », 2024, consulté le 10 février 2025, https://www.enecho.meti.go.jp/statistics/total_energy/results.html.
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