Dans son rôle de formateur d’un nouveau gouvernement fédéral, Bart De Wever demande à Engie de prolonger la durée de vie de Doel 4 et Tihange 3, non pas de 10 ans comme convenu mais 20. Pour Bond Beter Leefmilieu et Greenpeace il s’agit d’un projet inacceptable, qui nous éloigne de toute politique énergétique sérieuse. L’expérience montre en effet que la prolongation des vieilles centrales nucléaires est extrêmement coûteuse, aussi bien pour les contribuables et que pour les consommateur⸱rices. 

Bart De Wever n’envisage pas seulement la prolongation de la durée de vie de Doel 4, Tihange 3 mais veut aussi miser sur une nouvelle production nucléaire via de petits réacteurs modulaires. Il est décevant de constater que le formateur s’obstine à jouer la carte du nucléaire, ignorant tous les avertissements concernant les prix élevés, les retards et les risques pour la sécurité. 

« Nous attendons des responsables politiques de faire leurs choix après avoir consulté des institutions compétentes. La CREG, le régulateur belge de l’énergie, et Niras, l’Agence nationale pour les déchets radioactifs et les matières fissiles enrichies, jouent un rôle crucial à cet égard. Elles doivent avoir la possibilité de calculer pleinement les coûts et les risques pour la Belgique et le contribuable », a déclaré Almut Bonhage, expert en politique énergétique chez Bond Beter Leefmilieu.  « Nous attendons du formateur qu’il travaille sur une politique énergétique sérieuse et sur des solutions réalisables, et pas sur des chimères.”

Les experts s’accordent à dire que la transition énergétique ne peut réussir que grâce à une coopération étroite entre les régions et le niveau fédéral, ainsi qu’avec d’autres pays d’Europe. Une combinaison d’efficacité énergétique, d’expansion rapide de l’énergie solaire et éolienne, de stockage, de flexibilité, de réseaux de transmission et de marchés européens de l’énergie adaptés est également nécessaire. Au lieu de se focaliser de manière dogmatique sur l’énergie nucléaire, les responsables politiques devraient embrasser la politique énergétique dans toute sa complexité.  

Un rapport commandé par Greenpeace Allemagne a récemment examiné de plus près les mécanismes de financement des centrales nucléaires européennes. Il montre comment les gouvernements, et donc les contribuables et/ou les consommateur·rices d’énergie, payent très cher pour que les centrales nucléaires soient financièrement viables. « Cette réalité financière dans le dossier nucléaire devrait être un signal d’alarme pour les négociations sur la formation fédérale. Il est urgent de faire preuve de réalisme quant au rôle que peut jouer l’énergie nucléaire », déclare Nadia Cornejo, porte-parole et conseillère politique de Greenpeace Belgique. 

« Le formateur De Wever veut imposer une relance de l’énergie nucléaire dans notre pays. Mais avec quel argent ? L’Europe attend des économies et, dans le même temps, des investissements publics massifs sont nécessaires, par exemple pour rénover nos maisons et nos transports publics afin de rendre la transition climatique accessible à tout le monde. Le prochain gouvernement fédéral ne doit pas se perdre dans des aventures nucléaires imprudentes qui coûteraient des milliards aux contribuables, qu’il s’agisse de prolongation de la durée de vie des anciennes centrales électriques ou de projets irréalistes de construction de nouvelles centrales. Les énergies renouvelables sont beaucoup plus rapides et moins coûteuses dans la lutte contre la crise climatique« , conclut Nadia Cornejo.