Cela fait déjà deux ans que la Russie a lancé son offensive en Ukraine. Pourtant, entre 2021 et 2023, le volume de GNL russe transitant par Zeebrugge a augmenté de 42 %. Le commerce du GNL russe via notre pays a rapporté à la Russie un milliard d’euros de taxes rien que l’année dernière. Ni Fluxys, ni le gouvernement belges ne semblent vouloir mettre un terme à cela. Greenpeace Belgique, Vredesactie et Bond Beter Leefmilieu appellent donc les villes et communes belges, principaux actionnaires de Fluxys, à reprendre la main. Grâce à un nouvel outil en ligne lancé aujourd’hui, les citoyen·nes peuvent interpeller leurs conseils communaux.

Après la prise de Avdiivka par les Russes, les responsables politiques européens réclament à cor et à cri l’envoi d’armes supplémentaires à l’Ukraine. Mais étonnamment, pas un mot au sujet de l’importation et du transbordement de gaz naturel liquéfié (GNL) russe. Or, un nouveau rapport de l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA) confirme que les importations et les transbordements de gaz liquéfié russe (GNL) dans les ports européens ont augmenté de façon spectaculaire depuis l’invasion russe, dopant ainsi la machine de guerre russe. Des sanctions européennes sur le GNL russe pourraient saper directement la capacité du Kremlin à poursuivre la guerre. Et il est à noter que l’arrêt du transbordement de GNL russe dans les ports européens, principalement destiné à des pays non-européens, ne menacerait même pas la sécurité d’approvisionnement européenne.

Et ces transbordements concernent directement la Belgique. En tout, 72 % des transbordements de GNL russe dans l’UE sont en effet effectués à Zeebrugge, par l’opérateur gazier belge Fluxys. Outre une manne financière de 50 millions d’euros par an jusqu’en 2039, cela a également valu à Fluxys de figurer sur la liste ukrainienne des « sponsors internationaux de la guerre ». Le contrat de transbordement conclu avec la société russe Yamal LNG stipule qu’une décision gouvernementale est considérée comme un cas de force majeure. Fluxys pourrait donc rompre le contrat sans devoir payer d’indemnité. Contrairement à ce que prétend notre ministre de l’énergie Tinne Van der Straeten, la Belgique ne doit donc pas attendre une décision européenne pour interdire le transbordement de GNL russe.

Actionnaires de Fluxy, les communes belges doivent faire respecter les droits humains

« Il est remarquable que les communes, en tant qu’actionnaires principaux, ne prennent pas collectivement des mesures contre Fluxys », déplore Angelos Koutsis, expert en énergie chez Bond Beter Leefmilieu. « Les 50 millions d’euros que Fluxys reçoit pour ce service ne sont rien comparés aux profits monstrueux que Fluxys fait gagner à la Russie. Pire encore, le montant qui revient effectivement aux villes et communes belges sous forme de dividendes, soit 3,4 millions d’euros, est quasiment négligeable. L’arrêt de ces activités avec la Russie n’affecterait donc pas le portefeuille des villes et communes belges. »

« La direction de Fluxys et le gouvernement fédéral semblent croire que les actionnaires d’aujourd’hui ne s’intéressent qu’aux dividendes. Or, non seulement l’action Fluxys a perdu un tiers de sa valeur au cours des deux dernières années, mais les actionnaires publics comme les villes et les communes ont une responsabilité encore plus grande que les autres pour exiger le respect des droits humains. Il est grand temps de briser le silence sur la contribution de Fluxys dans la guerre en cours en Ukraine », ajoute Mathieu Soete, chargé de campagne transition énergétique chez Greenpeace Belgique.

Les citoyen·nes peuvent interpeller leur commune

« C’est pourquoi nous lançons aujourd’hui un outil digital qui donne aux citoyen·nes toutes les informations et les ressources nécessaires pour interpeller leur commune”, explique Mattijs Van den Bussche, chargé de campagne chez Vredesactie. « Sur le site vredesactie.be/stop-fuelling-war, vous trouverez des questions, une motion, une fiche d’information et un mythbuster que vous pouvez utiliser pour agir dans n’importe quelle commune flamande ou bruxelloise afin de mettre un terme au financement de la machine de guerre russe.”