Selon les fuites, le nouvel objectif climatique de l’UE pour 2040, qui sera proposé par la Commission européenne plus tard dans la journée, n’inclura pas de date limite pour la sortie du charbon, du pétrole et du gaz. Greenpeace considère qu’il s’agit d’une omission majeure. La combustion de combustibles fossiles pour produire de l’énergie représente environ 75 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine dans l’UE. La Commission a également fait marche arrière sur ses projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant de l’agriculture.

La Commission européenne proposera un objectif de réduction des émissions nettes de 90 % d’ici 2040, par rapport aux niveaux de 1990.

« C’est comme si on cherchait à faire de la prévention contre le cancer du poumon sans s’attaquer au tabagisme” déplore Nadia Cornejo, porte-parole de Greenpeace Belgique. “L’absence d’un plan d’élimination progressive des énergies fossiles et des subventions à ces énergies retarde non seulement l’action climatique dont nous avons drastiquement besoin, mais finira aussi par impacter les gens de manière encore plus douloureuses”. 

Les plans de la Commission européenne octroient toujours un rôle au pétrole et au gaz dans les décennies à venir, et cela alors que l’UE devrait atteindre la neutralité climatique d’ici 2040 pour rester alignée sur les objectifs de l’accord de Paris sur le climat. La Commission donne par ailleurs à l’énergie nucléaire un rôle important. Cela risque de détourner des fonds de projets susceptibles d’accroître rapidement et à moindre coût l’électricité renouvelable et les économies d’énergie, et cela alors que les centrales nucléaires dépassent les budgets de plusieurs milliards et accusent des retards de plusieurs années.

Les versions antérieures de l’annonce de la Commission et les récentes recommandations du Conseil consultatif scientifique européen sur le changement climatique incluaient la nécessité de réduire les émissions du secteur agricole et de mettre fin aux subventions aux énergies fossiles. Mais ces deux éléments ne figurent pas dans le dernier projet qui a fait l’objet d’une fuite.
« Les agriculteur·trices sont en première ligne de la crise climatique en Europe, déjà ravagée aujourd’hui par les sécheresses, les incendies, les inondations et les glissements de terrain” conclut Nadia Cornejo. “Les données scientifiques sont claires : nous devons aider les agriculteur·trices à abandonner la surproduction de viande et de produits laitiers. Les responsables politiques qui ignorent ce conseil exacerbent la crise climatique et exposent davantage l’agriculture européenne à des phénomènes météorologiques extrêmes. Les agriculteur·trices sont les meilleurs allié·es de la nature si les règles, les forces du marché et les subventions ne les obligent pas à faire un choix cornélien entre la production industrielle ou la faillite«