Dans un rapport sorti aujourd’hui, Greenpeace Belgique démontre les liens entre les importations de gaz dans notre pays et des violations des droits humains dans les 6 pays d’où provient principalement notre gaz : Norvège, Etats-Unis, Russie, Qatar, Royaume-Uni et Pays-Bas. [1] L’extraction et le transport du gaz provoquent notamment de graves problèmes de santé, menacent les modes de vie traditionnels et causent des dégâts matériels aux habitations. Greenpeace exige que l’industrie gazière rende des comptes pour les conséquences de ses activités. Cela pourrait devenir obligatoire si la directive européenne de “devoir de vigilance”, actuellement au menu de la présidence belge du Conseil de l’UE, est implantée de manière ambitieuse.

“Le marché européen du gaz souffre d’un grave manque de transparence”, explique Mathieu Soete, chargé de campagne pour la transition énergétique chez Greenpeace Belgique. “Cette opacité permet aux fournisseurs et aux gestionnaires gaziers tel que Fluxys en Belgique de faire oublier l’origine du gaz aux consommateur·rices. Or, ce marché, qui se développe encore aujourd’hui en Europe à travers de nouveaux projets de terminaux gaziers, surfant sur le choc généré par la guerre en Ukraine et la crise énergétique, a des conséquences humaines et environnementales terribles aux endroits où le gaz est extrait.”

Le rapport de Greenpeace Belgique cartographie les filières qui alimentent le marché du gaz belge et révèle l’impact de l’extraction et du transport du gaz sur des communautés vivant dans 6 pays : Norvège, Etats-Unis, Russie, Qatar, Royaume-Uni et Pays-Bas. [2]

Quelques exemples : 

  • Aux Etats-Unis (d’où provient 16% du gaz importé en Belgique) [3], des études ont démontré que les communautés vivant à proximité des puits de gaz et des installations de liquéfaction et exportation, souffraient de graves problèmes de santé (maladies respiratoires, cancers, maladies cardiaques, …) en raison de la pollution de l’air suite à la production de substances toxiques lors de la fracturation de gaz de schiste. 
  • Dans l’Arctique norvégien et russe, c’est le mode de vie traditionnel et les moyens de subsistance (pêche, chasse, …) des populations autochtones qui sont directement menacés par le développement des exploitations gazières. Le gaz norvégien et russe représente respectivement 36% et 12% du gaz importé en Belgique. 
  • Plus près de chez nous, les Pays-Bas, producteurs historiques de gaz pour notre pays (qui ont cessé officiellement d’extraire du gaz depuis octobre 2023), souffrent toujours de tremblements de terre directement imputables à l’exploitation du gaz. Des milliers de maisons et des villages entiers en subissent encore les dramatiques conséquences. 

De nombreux autres exemples figurent dans le rapport de Greenpeace. 

De la transparence et un agenda de sortie du gaz

Pour mettre fin à ses graves violations de droits humains, Greenpeace exige l’implémentation ambitieuse d’une directive européenne de “devoir de vigilance”. Celle-ci est actuellement au menu de la présidence belge du Conseil de l’Union Européenne. Sa mise en œuvre forcerait les entreprises à enquêter et remédier aux violations des droits humains perpétrées dans le cadre de leurs activités et celles de leur chaîne d’approvisionnement. “Comme le démontre notre travail, les conséquences de ses activités gazières, tant au niveau climatique, environnemental qu’humain sont désastreuses”, conclut Mathieu Soete. “A l’instar des autres combustibles fossiles, et dans la lignée du texte final de la dernière COP il y a un mois, le gaz fossile doit être abandonné. Nous exigeons un agenda de sortie du gaz fossile en Belgique pour 2035.”

Notes

[1] Rapport : Le gaz viole les droits humains : histoires de communautés touchées dans le monde entier par l’importation de gaz fossile en Belgique – Greenpeace Belgique 2024.

[2] Carte digitale : Le lien entre les importations de gaz en Belgique et les violations des droits humains  Greenpeace Belgique 2024.

[3] Les données utilisées par Greenpeace n’ont pas seulement porté sur les importations directes de ces pays, mais aussi sur les importations indirectes transitant par la France, le Royaume-Uni et les Pays-Bas.