La COP 28 a accouché d’un texte final. Pour la première fois dans l’histoire des COP, on y retrouve un signal clair invitant les parties à sortir des énergies fossiles. Malheureusement le texte ne fixe aucune échéance ni ambition précise, et est affaibli par une ouverture à des technologies très problématiques, supposées permettre la transition. Les mécanismes de financement climat n’y sont pas non plus suffisamment renforcés. 

« Le signal que l’industrie fossile redoutait est là : la fin de l’ère des énergies fossiles, ainsi qu’un appel à augmenter massivement les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique au cours de cette décennie”, estime Kaisa Kosonen, Climate Expert et Senior Political Advisor chez Greenpeace International. “Mais il est enterré sous de nombreuses distractions dangereuses et sans moyens suffisants pour y parvenir de manière juste et rapide.”

Même si $700 millions ont été promis à l’opérationnalisation du nouveau Fonds pour les pertes et dommages, le texte final n’alloue pas aux pays les plus pauvres les ressources nécessaires pour faire face aux effets destructifs du dérèglement climatique et pour mener une transition vers les énergies renouvelables. “Pour que les nombreux objectifs de l’accord soient atteints, les pays riches devront augmenter considérablement leur soutien financier, mais aussi faire payer les pollueurs fossiles. L’année dernière encore, l’industrie des combustibles fossiles a réalisé 4 000 milliards de dollars de bénéfices. Elle doit commencer à payer pour les dommages et les destructions qu’elle a causés”, poursuit Kaisa Kosonen.

“Il ne s’agit pas de l’accord historique dont le monde avait besoin : il comporte de nombreuses lacunes et insuffisances. Mais tout n’est pas perdu. Durant cette COP, 130 pays, des entreprises, des responsables locaux et des représentant·es de la société civile se sont rassemblé·es pour former une force de changement sans précédent. Ils doivent maintenant faire preuve de détermination et concrétiser leur engagement à éliminer les énergies fossiles. Le plus urgent est de cesser immédiatement tout développement de projets fossiles qui sont en passe de nous faire dépasser la limite de 1,5 °C dès maintenant.”

La Belgique, toujours bloquée, rate le coche

Toujours en proie à ses désaccords internes, notre pays, bloqué par la Flandre, a manqué cruellement d’ambition lors de cette COP. “Nous avons assisté une nouvelle fois à un triste spectacle”, clôture Nadia Cornejo, porte-parole pour Greenpeace Belgique. “Entre la Ministre Demir qui a fustigé la COP elle-même, annonçant qu’elle se battrait contre plus d’ambition climatique, notre Premier Ministre qui a n’a pas marqué son intention de contribuer à de nouveaux fonds pour les victimes de la crise climatique, et le Ministre Clarinval qui précise que la Belgique continuera à subventionner l’industrie des énergies fossiles, nos responsables politiques ont raté le cocheNotre pays se targue de sa culture du compromis mais le climat, lui, ne nous en fera aucun. Chaque effort en plus que nous pouvons faire aujourd’hui, chaque dixième de degré de réchauffement que nous parviendrons à limiter, sera déterminant.”