Fluxys, le gestionnaire du réseau gazier belge, se retire du projet de nouveau terminal gazier à Stade, en Allemagne. Une nouvelle accueillie positivement par Greenpeace, Bond Beter Leefmilieu, Vredesactie et Tegengas|Dégaze. “Il faut aujourd’hui se concentrer sur la sortie du gaz fossile. Investir dans des capacités supplémentaires inutiles est un non-sens économique et moral, et est donc inacceptable.” 

Le terminal méthanier de Stade recevrait principalement du gaz de schiste américain. Dans un récent rapport d’investigation, Greenpeace a démontré que le développement important de projets GNL aux Etats-Unis (exportateurs) et en Europe (importatrice) nous amènerait dans les prochaines années à une situation de surcapacité. Le rapport montre en particulier le rôle clé joué par Fluxys dans cette accélération. [2] Nulle part en Europe le risque de surcapacité n’est plus grand qu’en Allemagne, qui a annoncé l’année dernière de nouvelles capacités d’importation de 74 milliards de mètres cubes de gaz par an, alors que seule une fraction de cette quantité est nécessaire, et ce de manière temporaire. [3] Ce risque a d’ailleurs été reconnu par le gouvernement allemand. [4]

« Le secrétaire général des Nations unies a qualifié l’investissement dans de nouvelles capacités fossiles de folie morale et économique », déclare Angelos Koutsis, responsable de la politique énergétique au Bond Beter Leefmilieu. [5] “On ne peut pas répondre à un besoin temporaire avec un nouveau terminal terrestre, qui nous enferme dans le fossile pour les 30 prochaines années et qui, de plus, arrive trop tard pour répondre à la crise énergétique actuelle.”

“Sortir du gaz fossile est une question d’intérêt général”

« Plus de trois quarts des actions de Fluxys sont détenues par des villes et des communes belges”, explique Mathieu Soete, expert énergie chez Greenpeace Belgique. “Cela fait de facto de Fluxys une entreprise publique, qui devrait donc poursuivre l’intérêt général. Cet intérêt général doit conduire à une sortie du gaz fossile, aussi bien pour le climat, pour les droits humains que pour nos factures. Et donc certainement pas à injecter encore plus d’argent dans des projets risqués qui nous rendent toujours plus dépendant du gaz.”

Les organisations espèrent donc que la décision d’abandonner le projet de terminal de Stade reflète une prise de conscience chez Fluxys. “L’entreprise devrait maintenant étendre cette ligne à d’autres projets, comme le terminal d’Alexandroupolis en Grèce, et cesser d’investir dans des infrastructures fossiles”, conclut Mathieu Soete. [6] “Les communes actionnaires doivent également prendre leurs responsabilités et rappeler à l’entreprise l’intérêt général en évitant des risques coûteux que représentent des actifs fossiles échoués.”

Notes :

[1] https://www.lngindustry.com/liquid-natural-gas/02062023/enags-becomes-industrial-partner-and-co-shareholder-of-hanseatic-energy-hub/

[2] Greenpeace International, Who Profits From War

[3] Global Energy Monitor, Europe Gas Tracker Report 2023 ; DIW Berlin, Energy Supply Security in Germany Can Be Guaranteed even without Natural Gas from Russia.

[4] Un document interne du ministère allemand de l’économie et du climat, entre autres, a remis en question la réalisation du terminal méthanier de Stade.

[5] Discours d’Antonió Guterres, secrétaire général de l’ONU, lors de la présentation du dernier rapport du GIEC.

[6] 31% des nouveaux projets de stations de transport et de compression dans le TYNDP 2022 de l’ENTSOG ont été soumis par (ou en collaboration avec) Fluxys (p 20). Fluxys a également alloué plus de 800 millions d’euros en 2023 à l’achat de parts dans des gazoducs et des réseaux de gaz fossile, notamment le réseau OGE (750 millions d’euros), le Trans-Adriatic Pipeline (42 millions d’euros) et le gazoduc BBL (18,75 millions d’euros).