La consultation publique sur la prolongation des centrales nucléaires de Doel 4 et Tihange 3 débute aujourd’hui. Ceci alors que des négociations à ce sujet sont toujours en cours entre Engie et le gouvernement fédéral et qu’il n’est même pas certain qu’un accord soit conclu. Greenpeace qualifie cette consultation de simulacre et demande que tous les dossiers soient d’abord publiés de manière transparente avant toute consultation.

La population belge a deux mois à partir d’aujourd’hui pour s’exprimer sur la prolongation pour 10 ans des centrales nucléaires de Doel 4 et Tihange 3. Cette consultation publique est une étape préalable avant que le Parlement puisse approuver un amendement de la loi à ce sujet. Afin de permettre aux citoyen·nes de s’exprimer en toute connaissance de cause, le gouvernement a publié aujourd’hui des dossiers contenant davantage d’informations. Pour Greenpeace, c’est là que le bât blesse. 

« Il y a des lacunes très préoccupantes dans le dossier présenté. Si les citoyennes et citoyens ne reçoivent pas toutes les informations nécessaires, ce processus n’est rien d’autre qu’un simulacre de consultation« , déclare Jan Vande Putte, expert énergie chez Greenpeace Belgique. « Dans les documents, il manque par exemple une analyse des menaces externes telles qu’une attaque armée. Or le récent exemple de la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine, qui a montré sa grande vulnérabilité lorsqu’elle a été la cible de tirs l’année dernière, a montré qu’il s’agissait d’une question de sécurité publique absolument centrale.”

“En outre, dans les documents soumis à l’examen du public, seule la question de la gestion des déchets nucléaires supplémentaires est mentionnée. Or, la prolongation aurait aussi une incidence sur les déchets nucléaires de haute activité déjà existants, dont le stockage provisoire serait prolongé et le stockage définitif postposé. »

La manière dont la prolongation sera effectuée n’est pas claire non plus. L’agence de contrôle nucléaire, l’AFCN, a remis au gouvernement une note présentant différents scénarios, tels que le report de travaux nécessaires pour améliorer la sécurité, et cela alors que la prolongation serait déjà effective. Il s’agit d’un affaiblissement flagrant des normes de sécurité. Cette note ne figure pas dans le document de consultation. 

« Le dossier déposé aujourd’hui représente une insulte à la population”, conclut Jan Vande Putte. “Les risques les plus importants ont été omis. Et la consultation intervient alors que le gouvernement et Engie négocient toujours les modalités de mise en œuvre de l’extension, et que les normes de sécurité sont mises sous pression. »

Greenpeace va analyser en profondeur les lacunes du dossier et prendra les mesures nécessaires afin que les citoyen·nes puissent avoir leur mot à dire sur cette décision importante.