L’attaque, la saisie et l’occupation de la centrale nucléaire de Zaporijia dans le sud de l’Ukraine par les forces militaires russes depuis le 4 mars 2022 ont des implications majeures pour la sûreté et la sécurité des réacteurs nucléaires ukrainiens. Les évaluations de sécurité réalisées par Greenpeace en mars 2022 [1] et en mars 2023 [2] sont sans équivoque : la sécurisation de la centrale nucléaire repose sur le retrait complet des forces militaires russes. De plus, aucune centrale nucléaire n’est sécurisée contre une attaque armée qu’elle soit liée à une guerre ou un attaque terroriste, y compris en Belgique. De nouveaux « tests de résistance » sont nécessaires de toute urgence, car même après l’arrêt définitif des centrales, les risques ne disparaissent pas.

[RETROUVEZ LA NOTE DE GREENPEACE SUR LES LEÇONS DE LA GUERRE EN UKRAINE POUR LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ICI (en anglais)] 

 » Aucun réacteur au monde ne peut résister à une attaque armée et il est impératif de tirer les leçons de l’Ukraine [3]“, explique Jan Vande Putte, spécialiste du nucléaire chez Greenpeace Belgique. “Les centrales nucléaires belges doivent également être soumises à de nouveaux tests de résistance et des normes de sécurité plus strictes sont nécessaires pour réduire les risques. Nous nous joignons à l’appel lancé à la Commission européenne et au Groupe des régulateurs nucléaires européens pour qu’ils effectuent des « stress tests à la guerre », comparables aux tests de résistance nucléaire post-Fukushima effectués par l’UE au cours de la dernière décennie.”

Les ‘stress tests à la guerre’ que demande Greenpeace doivent inclure des évaluations de la vulnérabilité des réacteurs à la perte d’alimentation électrique hors site et de l’impact de risques d’une attaque armée sur les fonctions essentielles des réacteurs, telles que les systèmes de refroidissement.

Rosatom, l’agence nucléaire d’État de la Russie, a été jusqu’à présent épargnée par les sanctions internationales [4] et poursuit son commerce nucléaire avec l’Europe malgré son rôle direct dans la saisie et l’occupation des réacteurs de Zaporijia. Greenpeace Belgique demande au gouvernement belge de soutenir la proposition de la Pologne et d’autres pays d’ajouter Rosatom à la liste des instances visées par les sanctions européennes.

« En Belgique, des pressions politiques sont exercées sur l’autorité de régulation nucléaire indépendante, l’AFCN, pour qu’elle affaiblisse les normes de sécurité afin d’allonger encore la durée de vie des vieilles centrales nucléaires vulnérables », poursuit Jan Vande Putte. « Et ce alors que la guerre en Ukraine a démontré  qu’une attaque violente contre une centrale nucléaire ou le réseau électrique peut avoir des conséquences catastrophiques pour notre pays et une grande partie de l’Europe. Il ne faut pas céder à cette pression politique cynique ; au contraire, les normes doivent être considérablement renforcées. »

Notes

[1] “The vulnerability of nuclear plants during military conflict – Lessons from Fukushima Daiichi. Focus on Zaporizhzhia, Ukraine ». 2 maart 2022, Greenpeace International, https://www.greenpeace.org/static/planet4-international-stateless/2022/03/6805cdd2-nuclear-power-plant-vulnerability-during-military-conflict-ukraine-technical-briefing.pdf

[2] – Le briefing de Greenpeace CEE de mars 2023 contient une chronologie des risques nucléaires pendant les 12 mois d’occupation de Zaporijia et examine les questions soulevées au cours de l’année en matière de sécurité nucléaire, pertinentes pour les autres centrales nucléaires en activité dans le monde. L’analyse est basée sur le suivi quotidien effectué par les spécialistes nucléaires de Greenpeace depuis février 2022, sur les rapports de l’agence nucléaire ukrainienne SNRIU et sur plus de 150 mises à jour de la situation par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

https://greenpeace.at/uploads/2023/03/russian-attack-on-zaporizhzia-nuclear-plant.pdf

[3] – Voir, par exemple, Bennett Ramberg, « Military Sabotage of Nuclear Facilities : the Implications », 1985 https://www.annualreviews.org/doi/pdf/10.1146/annurev.eg.10.110185.002431 ; Oda Becker, « Terrorist attacks with armor-piercing weapons (AT-14 Kornet-E) on German nuclear power plants » Report, version publique, Greenpeace Germany e.V., Foreword by Heinz Smital, septembre 2010, https://www.greenpeace.de/publikationen/KURZ_Panzerbrechende_Waffen_14092010_0.pdf ; Oda Becker et al., « Report Summary, Security of nuclear reactors and spent fuel pools in France and Belgium and related reinforcement measures », octobre 2017, https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2017/10/Summary-of-the-report.pdf

[4] « La Commission européenne égratigne les plans de sanctions nucléaires de la Russie », 16 février 2023, https://www.politico.eu/article/rosatom-russia-ukraine-volodymyr-zelenskyy-vladimir-putin-eu-executive-scratches-russia-nuclear-sanctions-plans/