Ce matin, des activistes ont amené la friche Josaphat là où le Conseil des ministres de Bruxelles aurait normalement dû se tenir. A l’aide de photos de la faune et de la flore du site, Greenpeace, Sauvons la friche, Natagora et d’autres associations et collectifs ont mis en lumière la très riche biodiversité du site et exigé des ministres la protection de cette zone naturelle. Le conseil des ministres a été annulé en dernière minute en raison des tensions entourant cette question.

La friche Josaphat est un des sites les plus riches en biodiversité de toute la région bruxelloise. On y retrouve plus de 1.200 espèces sauvages, dont plus d’une centaine d’oiseaux, autant d’abeilles sauvages et des libellules parfois très rares. De plus, il s’agit d’un espace ouvert de 25 hectares, très précieux pour absorber les pluies abondantes et limiter l’impact des canicules, deux phénomènes météos qui seront de plus en plus fréquents à l’avenir. Cet espace serait perdu en cas de construction de 1.200 logements, une école, un hall de sport et toutes les voiries correspondantes.

Toute zone verte à Bruxelles est en sursis si on construit sur la friche Josaphat. Si le Gouvernement bruxellois ne trouve pas qu’ici, la nature en vaut la peine, et qu’il faut rechercher d’autres localisations pour bétonner, alors aucun site n’est à préserver” déclare Eric De Plaen, du collectif Sauvons la friche Josaphat. Pour l’instant, seules les associations ont proposé des  plans alternatifs pour réconcilier la nature et le logement.

Le dossier de la friche Josaphat a récemment suscité de grosses tensions au sein du Gouvernement bruxellois. Alors qu’une partie du gouvernement souhaite attendre la conclusion du PAD et suivre les procédures démocratiques normales, une autre partie veut à tout prix désigner, par des organismes d’intérêt public (OIP), un promoteur pour bâtir sur la partie du site la plus riche en biodiversité. “En laissant ces instances prendre une telle décision, on nie à la fois la démocratie et la nature. En pleine crise climatique et chute de la biodiversité, ce n’est pas acceptable” déclare Ruth-Marie Henckes, experte biodiversité chez Greenpeace Belgique. “Nous convions la nature ici ce matin, nous sommes très déçu·es que nos ministres ne le fassent pas”.

Des collectifs locaux se battent, parfois depuis des années, contre la destruction de la nature à Bruxelles, avec le soutien de nombreux habitant·es. Une pétition pour protéger la friche a rassemblé plus de 20.000 signatures, l’enquête publique sur le projet de PAD Josaphat a suscité 2.000 réactions négatives, et plus de 1.000 personnes ont marché en mai dernier autour de la friche pour la protéger. 

Il est grand temps que toutes les parties prenantes soient invitées autour de la table pour mettre fin à l’impasse politique actuelle et pour trouver ensemble une solution au service de tout le vivant. [1] 

Noot: 

[1] Dans l’article ‘Friche Josaphat : simulacre d’une participation citoyenne’, Natagora Bruxelles explique pourquoi il est nécessaire de suivre la procédure démocratique du PAD et d’organiser une table ronde avec toutes les parties prenantes.