La multinationale 3M continue de nier sa responsabilité dans le scandale environnemental de pollution aux PFAS. Même si l’entreprise à annoncé la fin de sa production de PFAS d’ici fin 2025, elle ne reconnaît toujours pas l’impact sur la santé de ces ‘produits chimiques éternels’. Elle ne respecte pas non plus ses engagements en matière de nettoyage de sa pollution. Bond Beter Leefmilieu, Greenpeace Belgique et le collectif citoyen Grondrecht se portent partie civile dans la procédure judiciaire contre 3M. 

Dans plusieurs pays, et cela devrait bientôt être le cas aux Pays-Bas, l’entreprise 3M a été condamnée pour crimes environnementaux et doit faire face à des milliards de dollars d’amende. Ce n’est toujours pas le cas chez nous, malgré l’explosion de l’un des plus grands scandales environnementaux que la Flandre ait jamais connu. 3M a produit des PFOS dans son site de Zwijndrecht de 1972 à 2002. Des processus de production pour d’autres PFAS sont toujours actifs aujourd’hui. Les rejets et les émissions de l’usine, dans un très large voisinage et dans l’Escaut, ont aujourd’hui des conséquences néfastes dans toute la Belgique. 

« Les résultats de la première enquête menée auprès de 800 personnes de la région ont montré que 90 % d’entre elles présentent un taux trop élevé de PFAS dans le sang, ce qui représente un risque pour leur santé. C’est alarmant. 3M doit indemniser tous les dommages subis en raison de la contamination aux PFAS », déclare Toon Penen de l’association Grondrecht, qui représente des citoyen·nes à Anvers et Zwijndrecht. « Si le juge d’instruction accepte notre constitution de partie civile, nous aurons accès au dossier pénal et pourront demander des actes d’enquête supplémentaires. Nous pourrons guider les riverain·es concerné·es qui souhaiteraient éventuellement nous rejoindre et se porter partie civile. »

Seul le procureur général peut rendre justice

L’accord d’assainissement, pris le 6 juillet 2022, ne peut pas constituer le fin mot de cette histoire. Certes, 3M a mis de l’argent sur la table pour le nettoyage de la zone immédiate et pour payer les enquêtes sanitaires, mais l’entreprise n’a pas reconnu avoir déversé illégalement des PFOS et pollué toute la Flandre. Il paraît évident que 3M ne prendra jamais seul ses responsabilités dans le crime environnemental et tous les dommages causés (santé, perte de valeur…). Une décision de justice est donc nécessaire pour l’y contraindre.

« Les entreprises ne devraient pas seulement payer pour nettoyer leur pollution », estime Joeri Thijs, porte-parole de Greenpeace. « Comme dans d’autres pays, les pollueurs tels que 3M doivent également être condamnés et tenus légalement responsables de leurs actes. Ils ne peuvent pas s’en tirer à bon compte. C’est pourquoi nous nous portons maintenant également partie civile dans l’affaire pénale en cours contre la société et ses administrateur·ices. »

Un signe clair du mépris affiché par 3M

3M avait jusqu’au 1er décembre 2022 pour déposer une étude descriptive des sols pour la zone résidentielle et agricole située au sud de l’E34. Malgré qu’elle sache cela depuis des mois, l’entreprise a demandé la veille une prolongation du délai. L’étude est finalement arrivée le 29 décembre, soit quatre semaines plus tard. Un projet d’assainissement des sols pour les zones 1B et 2 a également été demandé à 3M pour le 31 décembre. Celui-ci a lui aussi été retardé. 

Un tel retard hypothèque les plans d’assainissement des sols qui sont désespérément nécessaires pour la région de Zwijndrecht et d’Anvers. C’est un signe clair du mépris affiché par la multinationale pour les citoyen·nes et le gouvernement flamand. 

« Il est inacceptable que 3M, en tant que pollueur majeur dans cette histoire, rechigne à honorer ses obligations dans le cadre de l’enquête sur les sols. Pour éviter des scandales similaires à l’avenir, nous devons maintenant, en tant que société, envoyer un signal clair à 3M« , conclut Tycho Van Hauwaert de Bond Beter Leefmilieu.

BBL, Greenpeace Belgique et Grondrecht ont déposé aujourd’hui leur demande de se constituer partie civile auprès du juge d’instruction du tribunal de première instance d’Anvers.