Le Gouvernement fédéral a annoncé ce soir un accord de principe pour la prolongation de deux réacteurs nucléaires Doel 4 et Tihange 3. “Mais en pratique, on n’en sait pas beaucoup plus”, réagissent les organisations environnementales  Greenpeace, Bond Beter Leefmilieu et Canopea. “Surtout, la facture à plusieurs milliards nécessaire pour la gestion des déchets risque toujours de passer d’Engie vers le citoyen.” 

« Tant qu’il n’y a pas d’accord sur la question ‘centrale’, à savoir la facture pour le démantèlement et la gestion des déchets, il n’y a d’accord sur rien”, rappelle Jan Vande Putte, expert énergie chez Greenpeace Belgique. « Le point central des négociations porte clairement sur le plafonnement de la facture des déchets qu’Engie réclame. La gestion des déchets nucléaires sera le chantier du siècle prochain et on n’en sait toujours pas plus, ni sur le prix, ni sur la manière pratique dont ces déchets ingérables seront gérés”.

« Où sont les études détaillées sur lesquelles la Commission des provisions nucléaires a basé son récent recalcul ? Tous les détails de cet accord seront-ils rendus publics ? » En pratique, il n’existe pas encore de solution industrielle crédible pour la gestion de ces déchets à long terme. On ne sait pas à ce stade dans quelle roche ou à quelle profondeur notamment… “Seule certitude, cette prolongation risque d’imposer aux générations futures une facture sans précédent.” 

Autre incertitude non levée aujourd’hui : Engie ne donne aucune garantie sur la production d’électricité, alors que d’autres sont tenus de le faire en vertu du CRM. Il reste enfin à voir ce que la Commission européenne pensera de ce deal “à la tête du client » : dans un marché compétitif, un gouvernement ne peut pas simplement entrer en partenariat avec une seule entreprise privée.

D’autres investissements pourraient contribuer davantage à la transition énergétique

Ce pourrait aussi être un mauvais accord pour le climat », affirme Arnaud Collignon de Canopea. « Nous gaspillons de l’argent et du temps dans des rafistolages nucléaires alors que la priorité tant pour la transition énergétique que pour les factures des ménages sont ailleurs : efficacité énergétique, extension du réseau, énergies renouvelables et isolation des logements les plus énergivores. »

“Le développement de parcs éoliens compétitifs en mer du Nord offre également un potentiel beaucoup plus important. La zone Elisabeth produira à elle seule plus d’énergie par an que ces deux centrales nucléaires”, ajoute-t-il.