Une coalition d’organisations environnementales (BBL, Dryade, Greenpeace Natuurpunt et WWF) cite la ministre de l’environnement Zuhal Demir à comparaître après qu’une mise en demeure datant d’avril 2022 concernant la politique de lisier défaillante soit restée sans réponse. L’approche plus stricte que la ministre avait promis auparavant pour lutter contre l’un de nos problèmes environnemental et climatique le plus urgent risque de ne pas aboutir. 

Le rapport sur le lisier 2021 a établi une claire mise au point en décembre : « Un meilleur respect de la législation sur le lisier, l’application de techniques de fertilisation correctes et des mesures orientées à la source sont nécessaires afin d’améliorer la qualité de l’eau et atteindre les objectifs européens », a écrit l’Agence des terres flamandes (VLM). La Commission européenne a déjà indiqué que la Flandre est l’un des plus mauvais élèves de la classe en termes de qualité de l’eau.

Des plans d’amélioration ont été annoncés à plusieurs reprises par la ministre de l’environnement, Zuhal Demir, sous la forme d’un amendement au sixième plan d’action sur le lisier (MAP 6+). Cela ne s’est jamais concrétisé et l’accent est désormais mis sur le septième plan d’action (MAP 7), dont même une version préliminaire n’est pas encore sur la table. L’approche promise pour la saison de fertilisation actuelle s’est traduite jusqu’à présent par un échec – et entre-temps, le temps s’écoule impitoyablement. En effet, cette mauvaise qualité de l’eau menace – par analogie avec la crise de l’azote – d’entraîner un gel des permis. Le plan d’action sur le lisier est également important pour le caractère abordable de notre eau potable et pour la lutte contre le changement climatique. Le protoxyde d’azote et le méthane sont de puissants gaz à effet de serre fortement liés au stockage du fumier. 

Le mouvement environnemental augmente la pression

Avec cette assignation (et des astreintes pouvant atteindre 10 000 euros par jour de retard), les organisations environnementales veulent accroître la pression sur le gouvernement flamand. Il est urgent de le faire. Selon la directive contraignante sur les nitrates, le seuil de 50 mg de nitrate/litre dans les eaux de surface doit être respecté dans toute la Flandre. Aujourd’hui, ce seuil est dépassé pour 31% des points de mesure. De plus, la situation s’est détériorée ces dernières années.

La mauvaise qualité de l’eau causée par la fertilisation signifie que les objectifs de la directive-cadre sur l’eau ne sont pas atteints. Cette directive exige que les 195 masses d’eau flamandes soient en bon état d’ici 2027. Cependant, c’est seulement pour moins de 10 % des cours d’eau flamands (15 sur 195) qu’une « bonne » qualité de l’eau d’ici 2027 est actuellement envisagée. Plus cette échéance approche sans amélioration substantielle, plus les conséquences juridiques pourraient être importantes pour la Flandre. En plus de la crise de l’azote, une crise de l’eau risque de se profiler avec le gel des permis qui l’accompagne.

Les conséquences pour la biodiversité sont tout aussi inquiétantes : les cours d’eau pollués et eutrophisés traversent des habitats vulnérables, où l’excès d’azote et de phosphore perturbe l’équilibre écologique.

De nombreuses parties prenantes, y compris le mouvement environnemental, ont déjà donné leur avis sur le MAP6+ et sur le futur MAP7. Le mouvement écologiste a préconisé une transition vers une agriculture basée sur la terre, où l’élevage s’inscrit à nouveau dans un cycle impliquant un nombre réduit d’animaux et où les principes de l’agro-écologie sont respectés. Des exemples de ces principes sont la stimulation de la vie du sol, la fermeture des cycles des nutriments et la réduction des intrants externes tels que les pesticides et les engrais artificiels. Les organisations environnementales voient également l’intérêt de l’utilisation d’un atlas des cultures ainsi que d’un passeport pédologique qui donne un aperçu de la qualité du sol et de la résistance à l’érosion et aux aléas climatiques des parcelles agricoles flamandes. Le mouvement environnemental souligne que l’ensemble de la chaîne porte une responsabilité.

Momentum pour le futur du secteur agricole

L’élan donné par l’approche programmatique de l’azote (PAS) doit maintenant être pleinement exploité pour ramener l’agriculture dans les limites de l’environnement. La Flandre ne doit pas uniquement se concentrer sur les émissions d’azote, mais développer une vision intégrale et établir des liens avec d’autres problèmes : la qualité de l’eau et l’approvisionnement de celle-ci, les problèmes d’érosion, la biodiversité et les impacts sur la santé publique. C’est le seul moyen de garantir que l’approche fondée sur l’azote utilise les fonds publics de manière efficace. En outre, elle fournira un cadre plus solide pour le secteur agricole, qui bénéficiera d’une sécurité juridique à long terme. Les ministres Brouns et Demir saisiront-ils cette opportunité de l’eau pour mettre en place une vision intégrale de durabilité pour le futur du secteur agricole ?

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