Les ministres européens de l’environnement ont gravement affaibli la future loi destinée à protéger les forêts du monde contre la consommation européenne. Les ministres proposent des modifications du projet de loi qui autoriseraient la vente de produits issus de forêts fortement dégradées, ainsi que la vente de produits à base de bois, de pâte à papier et de papier à l’origine de la déforestation complète de certaines zones. 

« Les ministres ont passé à la tronçonneuse la loi qui maintient les produits liés à la destruction de la nature hors de nos magasins et de nos assiettes. En cédant à la pression des entreprises d’exploitation forestière et de leurs gouvernements, les ministres laissent la porte ouverte aux produits issus de forêts dégradées et au bois provenant de forêts déboisées, en Europe et dans le monde entier. En ces temps de températures record et de méga-incendies de forêt, nous ne pouvons nous permettre d’affaiblir cette ligne de défense vitale contre la crise climatique », explique Philippe Verbelen, expert forestier à Greenpeace Belgique.

© Marten van Dijl / Greenpeace Des activistes de Greenpeace bloquent un méga-navire transportant du soja du Brésil dans l’écluse maritime d’IJmuiden (mai 2022)

Dans leurs propositions d’amendements, les ministres ont soutenu une nouvelle définition de la « dégradation des forêts ». Elle ne s’appliquerait qu’à la conversion des forêts primaires (qui représentent encore un pourcentage infime des forêts européennes) en forêts de plantation. Cela laisserait la grande majorité des forêts de l’UE sans protection et perpétuerait de nombreuses pratiques forestières néfastes. Combinée à la définition de la « déforestation » donnée par la loi, qui ne s’applique qu’à la conversion de forêts en terres agricoles, cette définition étroite de la « dégradation » pourrait également laisser le marché européen ouvert à des produits tels que le bois et le papier provenant de forêts détruites, y compris de forêts primaires, avant qu’elles ne soient officiellement converties en plantations d’arbres ou en terres agricoles.

Les ministres de l’environnement n’ont proposé aucune modification des types d’écosystèmes que la loi protégerait, ni de la liste des biens auxquels elle s’appliquerait. Greenpeace avait pourtant reproché au projet de loi de ne pas protéger les autres écosystèmes menacés tels que les savanes, les zones humides et les tourbières, et de ne pas prendre en compte d’autres produits et marchandises liés à la destruction de la nature, comme le caoutchouc, le maïs, le poulet et le porc.  

Processus législatif : les prochaines étapes

La commission de l’environnement (ENVI), qui débat du projet de loi au Parlement européen, devrait voter sur ses amendements à la proposition les 11 ou 12 juillet. Le Parlement devrait finaliser sa position en septembre, après quoi les négociations sur la loi finale entre la Commission européenne, le Parlement et les gouvernements nationaux commenceront.