Suite à une proposition de la Commission européenne, l’UE semble se diriger vers un embargo sur les importations de pétrole russe d’ici fin 2022. Pour Greenpeace cette mesure devrait être prise plus rapidement, et un embargo sur le gaz devrait également être envisagé. L’organisation environnementale souligne par ailleurs l’importance d’accélérer de toute urgence la transition énergétique. 

Carine Thibaut, porte-parole de Greenpeace : 

« Notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles alimente les guerres et la crise climatique et nous impose des prix de l’énergie toujours plus élevés. Il serait irresponsable de se contenter de transférer nos importations de combustibles fossiles russes vers, par exemple, davantage de pétrole d’Arabie saoudite ou de gaz de schiste polluant des États-Unis. Si nos gouvernements ne peuvent pas prendre des mesures drastiques d’économie d’énergie en temps de guerre, de climat et de crise énergétique, alors quand le pourront-ils ? »

En avril dernier, Greenpeace a lancé un appel aux gouvernements de notre pays pour demander un plan national d’urgence afin d’économiser le pétrole et le gaz à court terme [1]. Jusqu’à présent, cet appel est resté sans réponse. 

« Des mesures évidentes telles que la limitation de la vitesse à 100 km/h sur les autoroutes peuvent réduire considérablement notre consommation de pétrole. Il est incompréhensible que de telles mesures n’aient pas déjà été prises. Nous devons maintenant faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire la demande de combustibles fossiles, tout en accélérant le passage aux énergies renouvelables. »

Un rapport du Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA) publié la semaine dernière a également révélé que notre pays reste une plaque tournante majeure pour les combustibles fossiles en provenance de Russie. 

La Belgique est le septième importateur mondial de combustibles fossiles en provenance de Russie, notamment en raison des importants volumes de GNL (gaz fossile liquéfié) qui sont expédiés vers l’Asie. [2]  

Au cours des deux derniers mois, le port nouvellement fusionné d’Anvers-Zeebrugge a été le deuxième port d’importation mondial de combustibles fossiles russes. Seul Rotterdam a fait pire. Zeebrugge a reçu pour 717 millions d’euros de GNL au cours de cette période. Pour Anvers, il s’agit principalement du pétrole ou de produits dérivés, pour une valeur totale de 600 millions d’euros.

« Notre pays ne doit pas attendre l’Europe. Tant les importations que les transbordements vers les pays tiers doivent cesser », conclut Carine Thibaut. « Tant que nous ne restreindrons pas sérieusement nos importations de pétrole et de gaz russes, notre pays risque de se rendre complice des crimes de guerre de Poutine. »

Le nombre de pétroliers transportant du pétrole et du gaz de la Russie vers notre pays est passé à 84 depuis le début de la guerre, ce qui représente plus de 5,5 millions de m³, soit 2 200 piscines olympiques de pétrole et de gaz. [3]

Notes

[1] Nos 18 recommandations pour un plan de sortie d’urgence des énergies fossiles visent 3 domaines-clé : mobilité, chauffage et électricité.

[2] Financing Putin’s war on Europe: Fossil fuel imports from Russia in the first two months of the invasion, Centre for Research on Energy and Clean Air, 28 avril 2022. https://energyandcleanair.org/financing-putins-war/ 

[3] Résumé détaillé de tous les pétroliers et méthaniers en provenance de Russie vers les ports d’Anvers et Zeebrugge, depuis l’invasion en Ukraine du 24 février.