Des activistes de Greenpeace ont détourné cet après-midi un panneau publicitaire de TotalEnergies, au sein d’une des artères commerçantes les plus fréquentées de la ville d’Anvers. Un liquide noir et rouge, rappellant respectivement le pétrole et le sang, a coulé lentement sur l’énorme publicité de TotalEnergies, dénonçant le lien entre les activités gazières et pétrolières du groupe français et le financement de la guerre en Ukraine.

TotalEnergies continue de garder précieusement ses actifs fossiles en Russie et est aujourd’hui le dernier grand fournisseur d’énergie occidental à le faire” explique Brenda Odimba, experte énergies fossiles chez Greenpeace Belgique. “Se faisant, l’entreprise enrichit le régime russe et prend donc le risque de financer des crimes de guerre.”

TotalEnergie's ad busted with fake oil and blood in Antwerp

“Oil & gas = war”, peut-on également lire sur la bannière déployée au-dessus du panneau publicitaire par des activistes de Greenpeace. 

Greenpeace appelle les entreprises et les responsables gouvernementaux belges et européens à cesser d’importer des combustibles fossiles de Russie, ainsi que de participer à des projets d’exploitation de pétrole et de gaz fossiles dans ce pays. 

Greenpeace décrypte les annonces de TotalEnergies

Le 22 mars dernier, TotalEnergies a annoncé “mettre un terme à ses achats de pétrole et autres produits pétroliers russes d’ici à la fin de l’année”. Il s’agit en réalité d’une annonce aux conséquences mineures. Le pétrole russe représente en effet seulement 5% de la production mondiale de pétrole du groupe, comparé au gaz russe qui pèse pour 30% de sa production de gaz – comme l’a décrypté Greenpeace France. [1]

TotalEnergies annonce en outre ne plus acheter de pétrole russe, mais garde en réalité ses actifs dans les projets pétroliers russes, tel que le projet pétrolier Kharyaga, en partenariat avec l’entreprise d’Etat Zarubezhneft, et dans lequel TotalEnergies possède une participation de 20%. Concrètement, la multinationale va continuer de profiter des bénéfices issus du pétrole russe. 

Mettre fin à la propagande de l’industrie des énergies fossiles


Notre dépendance aux énergies fossiles est au cœur de la crise climatique. Elle  finance et déclenche des conflits partout dans le monde”, poursuit Brenda Odimba. “Le moment est venu pour les États et les entreprises d’arrêter les investissements dans les énergies fossiles et de s’engager massivement et sans détour dans les économies d’énergie et les énergies renouvelables.”

Après avoir annoncé ses meilleurs profits depuis 2007 (€14 milliards en 2021) sur un fond de crise énergétique aux graves conséquences sociales, TotalEnergies cherche aujourd’hui à redorer son image via une vaste et massive opération publicitaire en Belgique. Celle-ci met en avant les facettes les plus vertes de l’entreprise, tandis que ses investissements durables ne comptent que pour 10% du total et que TotalEnergies continue de développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers. [2]

“Les publicités de TotalEnergies inondent littéralement les rues belges depuis plusieurs semaines”, explique Brenda Odimba. “Ce greenwashing, rendu encore plus indécent dans ce contexte de guerre en Ukraine, doit cesser. Nous demandons l’interdiction pure et simple de la publicité pour l’industrie fossile et pour les produits qui fonctionnent aux énergies fossiles.” 

En octobre l’année dernière, Greenpeace et plus de 20 ONG ont lancé une vaste ‘initiative citoyenne européenne’ (ICE) pour demander une directive européenne qui interdise la publicité fossile. Elle vise la publicité des entreprises qui exploitent les énergies fossiles mais aussi celle des entreprises impliquées dans les transports aériens, routiers et par voie d’eau alimentés par des énergies fossiles (constructeurs automobiles, compagnies aériennes,…) . 

Notes: 

[1] Lire ici le décryptage complet des annonces de TotalEnergies sur ses activités russes. 

[2] Exemple significatif, TotalEnergies a entre autres pour projet de construire le plus long oléoduc chauffé au monde (près de 1445 kilomètres) au cœur de l’Afrique. S’il voit le jour, le projet EACOP (East African Crude Oil Pipeline) aura des conséquences désastreuses pour les communautés locales, la biodiversité mais aussi pour la planète entière.