Les organisations environnementales Greenpeace, Inter-Environnement Wallonie et Bond Beter Leefmilieu saluent la stratégie hydrogène approuvée aujourd’hui par le Gouvernement fédéral. “Cette stratégie est une pierre essentielle pour la transition vers un système énergétique 100% renouvelable et met les bons accents pour les années à venir”, réagissent les organisations. Mais il faudra rester vigilant pour que le développement de la filière hydrogène ne serve d’excuse pour prolonger notre dépendance au gaz fossile. Les régions devront jouer un rôle crucial pour éviter cet écueil. 

L’hydrogène seulement où il n’y a pas d’autre option

La stratégie hydrogène reste prudente sur les utilisations futures de cette molécule. Elle rappelle qu’il est plus efficace d’utiliser l’électricité renouvelable directement plutôt que de la convertir en hydrogène vert étant donné notamment les pertes de transformation (l’hydrogène vert étant produit à partir d’électricité renouvelable). 

“La stratégie hydrogène évite de tomber dans l’écueil du “hydrogen hype” en mettant cette molécule à sa juste place”, rappelle Jan Van De Putte, expert énergie chez Greenpeace. “Au final, l’hydrogène sera surtout utile comme matière première ou pour les hautes températures dans l’industrie, et éventuellement pour la production d’électricité. Mais pour le chauffage ou le transport, l’utilisation directe de l’électricité verte sera toujours plus efficace.”

La stratégie offre donc une bonne base pour établir une échelle des usages de l’hydrogène plus détaillée. [1]

Eviter de rester bloqués dans le gaz fossile

La stratégie pour l’hydrogène insiste bien sur le fait que l’hydrogène doit être produit uniquement à partir d’électricité renouvelable. Une grande part sera importée d’où l’importance d’une certification européenne que la Belgique doit pousser. 

Il faut surtout veiller à ce que la stratégie hydrogène ne serve pas à justifier l’expansion de l’infrastructure fossile avec CCS (capture et stockage du carbone), produisant de l’hydrogène fossile dit « bleu ». De tels investissements pourraient conduire à un verrouillage de notre système énergétique dans le gaz fossile pour de nombreuses années.

La stratégie pour l’hydrogène indique également, à juste titre, que la majorité de l’hydrogène renouvelable proviendra de l’extérieur de la Belgique. Selon Jan Van De Putte “il s’agit d’une grande opportunité pour l’éolien offshore en mer du Nord, baltique et Atlantique Nord où le potentiel de développement est très important. C’est aussi une opportunité industrielle majeure.”

Moins d’infrastructure liée au gaz 

Les ONGs se réjouissent que la stratégie se cantonne à des projets d’infrastructure centralisés, liés à des usages principalement industriels. Les infrastructures de transport de gaz existantes doivent donc tant que possible être adaptées à l’hydrogène. L’infrastructure gazière est quoi qu’il arrive surdimensionnée d’autant que les volumes nécessaires vont diminuer en raison d’une électrification de grande ampleur. Le réseau de gaz de distribution n’a même aucun avenir dans cette vision, car le chauffage et le transport vont s’électrifier.

Les régions doivent prendre la main

Cette stratégie de l’hydrogène est donc un élément important de la vision énergétique plus large qui manque à notre pays. Mais elle doit aller au-delà du niveau fédéral. Il est crucial de renforcer la concertation avec les régions qui disposent de la plupart des leviers clés : rénovation des bâtiments, pompes à chaleur, électrification du transport et surtout encadrement du réseau de distribution de gaz.

Notes :

[1] Voyez par exemple l’échelle proposée par Michael Liebreich : https://twitter.com/MLiebreich/status/1446750458274537481

Contact

Arnaud Collignon, Chargé de mission Energie, Inter-Environnement Wallonie : +32 477 70 04 56

Service presse Greenpeace : +32 496 26 31 91