“Le tournant écologique annoncé de la Politique agricole commune (PAC) de l’UE n’est rien d’autre que du greenwashing”, réagit Greenpeace alors que les institutions européennes viennent d’aboutir à un accord. “Cette nouvelle PAC augure un désastre pour le climat, la nature et les petites exploitations agricoles. La Flandre et la Wallonie ont néanmoins encore les cartes en main pour implémenter des politiques fortes.”

Après de longues négociations, les représentants du Parlement européen, de la Commission européenne et des gouvernements nationaux sont parvenus à un accord sur la nouvelle PAC de l’UE. “Cet accord s’inscrit largement dans la continuité de la politique agricole de l’UE” explique Sébastien Snoeck, expert Agriculture durable chez Greenpeace Belgique. “Il poursuit le financement désastreux de la viande et des produits laitiers industriels qui détruisent notre environnement et mettent les petites exploitations en faillite au rythme de mille par jour.” 

“Lorsqu’il s’agit d’agriculture, l’UE n’écoute ni la science, ni les petits agriculteurs, ni même ses propres auditeurs, et a mis en place une politique qui ne profite qu’aux grands propriétaires terriens et aux plus grands acteurs agricoles”, continue-t-il. “Les dirigeants de l’UE vont essayer de faire passer la réforme pour un succès environnemental. Nous y voyons un dangereux greenwashing. Le Parlement ne devrait pas être dupe. Nous appelons les députés européens à voter contre l’accord sur la PAC lorsqu’il leur sera présenté en session plénière.”

Cette semaine, la Cour des comptes européenne, le “chien de garde” de l’UE, a publié un rapport qui révèle que les émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture n’ont pas diminué dans le cadre de la PAC actuelle, malgré l’affectation de 100 milliards d’euros de son budget à la lutte contre le changement climatique. La Cour des comptes avait également déjà critiqué la proposition de réforme d’une PAC qui continuera à subventionner les exploitations en fonction de la superficie des terres, estimant qu’elle n’était pas adaptée à une politique plus respectueuse de l’environnement. 

Des évaluations récentes de la Commission européenne ont montré que, lors de la mise en œuvre des règles de la PAC, de nombreux gouvernements nationaux n’engendrent pas ou peu de bénéfices environnementaux. La flexibilité accrue accordée aux gouvernements nationaux par cette nouvelle PAC rendra exceptionnellement difficile pour la Commission de s’assurer que les plans nationaux sont mis en œuvre, avertit Greenpeace.

La Flandre et la Wallonie vont devoir reprendre le sort de notre politique agricole en main”, poursuit Sébastien Snoeck. “Elles disposent d’une très grande marge de manœuvre pour décider comment répartir les fonds européens qui découleront de cette PAC. Les plans stratégiques régionaux peuvent sauver les meubles en encourageant les pratiques agricoles qui protègent nature et climat, comme l’élevage extensif et autonome, l’agriculture biologique et les produits locaux de qualité qui répondent à nos besoins alimentaires”, conclut-il.

Pour dénoncer le greenwashing autour de cette réforme, les militants de Greenpeace avaient coloré le Parlement européen en vert fin mai.

Greenpeace EU activists greenwash the ground in front of the European Parliament in Brussels, to protest the negotiations on the EU’s common agricultural policy continuing inside. They display a banner reading “Stop Greenwashing European Farming”.