La prolongation de Doel 1 et 2 est inutile et dangereuse. C’est la conclusion à laquelle sont parvenues les organisations environnementales Greenpeace, Bond Beter Leefmilieu et Inter-environnement Wallonie en réponse à la consultation publique sur la prolongation des réacteurs nucléaires vieillissants. “En l’absence de justification valable, une fermeture rapide est la seule issue possible.” [1]

Doel 1 et 2 ne sont pas sûrs

La règle de base en matière de radioprotection stipule que tout rayonnement radioactif, que ce soit dans le cadre d’une utilisation ‘normale’ ou en cas d’accident, doit être soigneusement pesé et justifié. “Ce risque nucléaire est particulièrement réel pour les réacteurs jumeaux de Doel 1 et 2”, déclare Jan Vande Putte, expert Nucléaire et Energie à Greenpeace Belgique.

« Doel 1 et 2 sont aux prises avec des problèmes de sécurité insolubles résultant d’une conception de base dépassée”, poursuit-il. “Par exemple, leur mur en béton “simple paroi” ne peut pas résister à l’impact d’un avion de ligne. Il est incompréhensible que l’étude d’incidence environnementale n’en tienne pas compte. Après tout, ces défauts de conception rendent les centrales extrêmement vulnérables et augmentent le risque d’une grave catastrophe nucléaire ayant des conséquences sur le territoire national et à l’étranger. »

Les centrales nucléaires ne répondent pas aux normes de sécurité actuelles. Des interventions cruciales telles que l’installation d’un core catcher (récupérateur de corium) ou le remplacement des couvercles des cuves ont été abandonnées parce qu’elles étaient trop coûteuses pour l’exploitant. En plus, le rapport refuse d’envisager le risque d’une catastrophe nucléaire majeure comme celle de Fukushima. Enfin, après 40 ans de recherche, il n’y a toujours pas de solution pour la gestion des déchets nucléaires produits.

Doel 1 et 2 sont inutiles

Les vieux réacteurs Doel 1 et 2 ne représentent pas seulement un risque pour la sécurité nucléaire. La forte dépendance à l’égard d’une technologie peu fiable comme l’énergie nucléaire représente également un risque pour notre sécurité d’approvisionnement. Les nombreux problèmes survenus tant pour Doel 1 et 2 que pour les autres réacteurs au cours des périodes 2014-15 et 2018 l’ont prouvé. Jusqu’à 6 des 7 réacteurs belges étaient alors hors service en même temps pour cause de maintenance et d’incidents.

C’est ce manque de fiabilité qui pousse le gestionnaire de réseau Elia à ne prendre en compte les centrales nucléaires que partiellement dans son étude d’adéquation et de flexibilité. Le régulateur de l’énergie CREG estime également que toutes les centrales nucléaires – et donc à fortiori les petits réacteurs Doel 1 et 2 – peuvent être arrêtées sans problème pour la sécurité d’approvisionnement. [2]

« C’est une bonne chose que le public puisse aujourd’hui donner son avis sur la proposition de prolongation de la durée de vie, même si ce processus arrive fort tard », conclut Jan Vande Putte. « Toutefois, ces dernières années nous ont également appris beaucoup de choses. Nous savons maintenant que Doel 1 et 2 ne sont pas nécessaires pour notre sécurité d’approvisionnement et qu’un arrêt rapide pourrait en fait accélérer la transition énergétique. Nous attendons donc du gouvernement actuel qu’il ne commette pas les mêmes erreurs que le gouvernement précédent, et qu’il ferme ces vieux réacteurs le plus rapidement possible. »

Notes :

[1] Greenpeace, BBL & IEW, Geen verlenging van de levensduur van Doel 1 en 2. Deelname van de milieubeweging aan de publieksraadpleging (en néerlandais uniquement), juin 2021. Disponible ici.

[2] Calculs sur demande de la CREG, exécutés par Elia avec la même méthodologie que le rapport sur l’Adéquation de 2019: https://www.dekamer.be/flwb/pdf/55/1220/55K1220007.pdf