Un recours devant le Conseil d’Etat a été déposé lundi 3 mai par les riverains du méga-poulailler de Dottignies (Mouscron). L’actuel projet en ferait l’un des plus grands de Wallonie, en contradiction avec la volonté annoncée du gouvernement de soutenir une agriculture respectueuse des petits producteurs et de la nature. Greenpeace défend ce type d’agriculture et soutient les riverains.

Ce vendredi 30 avril, l’avocate des riverains de la méga-usine à poulets de Dottignies (Mouscron) a déposé formellement un recours devant le Conseil d’Etat contre la décision du gouvernement wallon de valider l’extension de ce poulailler industriel à 132.000 poulets. Cette procédure fait suite au rejet du recours déposé par les riverains auprès du gouvernement, aucun accord n’ayant été trouvé entre les ministres compétents Willy Borsus (Agriculture) et Céline Tellier (Environnement).

“Ces genres d’élevages sont des élevages d’un autre temps. Selon le projet actuel, le poulailler passerait de 70.000 poulets à 130.000 poulets, soit une production annuelle de plus de 900.000 poulets. Ce qui en ferait un des plus grands de Wallonie, déplorent Rebecca Nuttens, Antoine Verhulst, Dominique Roubière et Dominique Persyn, les représentants des riverains. “A l’heure où les consciences s’éveillent, nous ne pouvons accepter cette décision sans utiliser les armes à notre portée. C’est pourquoi, nous avons décidé d’introduire un recours au Conseil d’Etat.” 

Un méga-poulailler du nord de l’Allemagne. © Greenpeace

“Ces méga-poulaillers impactent la qualité de vie des Wallons et n’ont plus leur place en Wallonie. La Wallonie a pris des décisions fortes dans l’autre sens : soutien à l’agriculture familiale, réduction de la dépendance au soja massivement consommé par les poulets, autonomie fourragère, réduction des polluants atmosphériques et agriculture en lien avec le territoire”, rappelle Sébastien Snoeck, expert Agriculture durable chez Greenpeace. 

“La décision du gouvernement, suite au soutien donné au projet par le ministre Willy Borsus, va à l’encontre de ce chemin vers une agriculture respectueuse des petits producteurs et de la nature, tracée dans la Déclaration de politique régionale et que nous défendons également”, continue-t-il.

Une profession en péril

Alors que chaque jour 3 fermes doivent fermer leurs portes en Belgique, une telle décision menace aussi une profession fragile et délaissée. 

“Ces méga-poulaillers sont des pièges pour les éleveurs: ils les poussent à l’endettement à long terme, mais sans maîtriser ni leurs coûts ni leurs prix; le COVID a porté un coup fatal au secteur du poulet standard qui fonctionne sous le seuil de rentabilité”, note Sébastien Snoeck qui conclut: “La mise en œuvre de la politique agricole commune (PAC) actuellement discutée en Wallonie doit permettre aux éleveurs de sortir de ce modèle et d’augmenter leur autonomie, vers des pratiques durables et plus rentables. Le gouvernement wallon doit soutenir l’élevage extensif et rémunérer les pratiques bénéfiques à la nature et non l’industrialisation forcenée de l’agriculture wallonne.

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