Entre le 15 et le 17 décembre, nous mènerons avec Code Rouge une action contre l’aviation. Pourquoi la désobéissance civile est-elle nécessaire contre le secteur de l’aviation ? Est-ce que cela fonctionne ? On vous explique.

Un millier d’activistes de la coalition Code Rouge bloquent le site du géant pétrolier et gazier TotalEnergies à Feluy. Octobre 2022 © Johanna de Tessières / Greenpeace

Croissance au-delà des limites planétaires

Si on veut réduire son impact sur le climat, on essaie de prendre moins l’avion – ça, ce n’est pas un scoop. L’impact climatique d’un vol peut être jusqu’à 80 fois supérieur à celui d’un trajet en train pour un même itinéraire. Bien que d’autres modes de transport deviennent plus écologiques, les émissions de l’industrie de l’aviation augmentent plus rapidement que celles de tout autre mode de transport. On prévoit par exemple que ces émissions tripleront d’ici 2050 si aucune mesure n’est prise rapidement. L’aviation serait alors responsable à elle seule d’un quart du CO2 que nous sommes autorisés à émettre pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5° C. L’aviation se développe donc au-delà des limites planétaires. 

Le plus frappant, c’est que nous en payons le prix. L’aviation bénéficie de plus de 800 millions d’euros par an de subventions et d’exonérations fiscales. Alors que les aéroports se développent grâce aux investissements publics, les investissements dans le réseau ferroviaire sont insuffisants. Cela explique aussi pourquoi les vols au départ de la Belgique sont 2,6 fois moins chers que le train pour le même trajet. Une personne qui veut voyager est presque jetée dans un avion.

Comme souvent, ce sont les personnes qui contribuent le moins au dérèglement climatique qui en ressentent le plus durement l’impact. 80 % de la population mondiale n’a jamais pris l’avion tandis qu’ 1 % de la population mondiale est responsable de plus de la moitié des émissions des vols passagers, y compris les vols d’agrément et les vols privés. Cette situation devient de plus en plus injuste. Aujourd’hui, les jets privés sont plus nombreux que jamais, ce qui a entraîné un doublement des émissions dues à ces jets entre 2021 et 2022. 

Cet impact sur l’environnement se fait également sentir en Belgique. Plus d’un demi-million de personnes vivant autour des aéroports sont exposées à des concentrations accrues de particules ultrafines et à une perturbation de leur sommeil (en raison des vols de nuit), ce qui a un impact considérable sur les systèmes respiratoire et cardiovasculaire, entraînant de l’asthme, des maladies cardiaques et de l’hypertension artérielle. Par ailleurs, les agriculteur·rices sont exproprié·es pour que les aéroports puissent s’agrandir, alors que l’accès aux terres agricoles est déjà très compliqué vu les prix extrêmement élevés. 

Comment 500 activistes ont banni les jets privés de l’aéroport de Schiphol

Sur les douze derniers mois, nous avons mené deux actions de masse contre l’aviation. En novembre 2022, plus de 500 activistes d’Extinction Rebellion et de Greenpeace Pays-Bas ont interrompu pendant des heures le trafic des jets privés à l’aéroport de Schiphol. En mai 2023, une action similaire a été menée à l’aéroport de Genève. Auparavant, une centaine d’activistes climatiques avaient également perturbé le plus grand salon de vente de jets privés d’Europe, l’European Business Aviation Convention & Exhibition. 

Des activistes de Greenpeace et de XR bloquent un jet privé à l’aéroport de Schiphol en novembre 2022. © Extinction Rebellion

Ces actions nous ont redonné tellement d’espoir ! En effet, quelques mois après l’action de novembre, l’aéroport de Schiphol a fait une annonce révolutionnaire. À partir de 2025, les jets privés ne seront plus les bienvenus à Schiphol, il n’y aura plus de vols de nuit et les avions les plus bruyants seront progressivement supprimés. L’aéroport tire également un trait sur les projets de construction d’une nouvelle piste, et un fonds environnemental de 10 millions d’euros par an sera mis en place pour permettre aux habitant·es de la région d’isoler leur maison. 

Le revirement de Schiphol nous montre deux choses. Premièrement, il montre le rôle du secteur dans la limitation de l’impact de l’aviation sur le climat et l’environnement. Les entreprises individuelles peuvent être à l’origine de changements essentiels, mais jusqu’à présent, nous n’en voyons que très peu. Nous attendons également du gouvernement qu’il prenne des mesures telles que l’interdiction des jets privés et qu’il ferme le robinet des subventions. 

Deuxièmement, Schiphol nous prouve que l’activisme fonctionne ! En nous unissant dans une action de désobéissance civile de masse, nous poussons le secteur de l’aviation en Belgique dans la bonne direction. 

Prêt·e pour l’action ?

Chez Code Rouge, il y a de la place pour toute personne qui souhaite un changement. Vous pouvez contribuer en participant à l’action, mais nous avons également besoin de personnes pour nous aider à la logistique ou à la cuisine.

Il n’est bien entendu pas question de vous embarquer dans cette action sans préparation. Code Rouge organisera des séances d’information et des sessions de formation dans les prochaines semaines pour celles et ceux qui souhaitent participer. Pour les formations organisées par Greenpeace, c’est par ici.

Toutes les informations sur l’action sont disponibles sur code-rouge.be

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