Pour enrayer la perte de biodiversité en Europe, il va falloir non seulement mieux protéger la nature, mais aussi restaurer à grande échelle les habitats naturels dégradés. Dans les mois à venir, les ministres des États membres de l’UE et les députés européens mèneront des négociations cruciales sur la « loi sur la restauration de la nature ». Il s’agit de l’initiative législative la plus importante de ces 30 dernières années pour la protection de la nature en Europe. Greenpeace fait partie d’une large coalition qui cherche à pousser les responsables politiques à adopter rapidement une loi européenne sur la restauration de la nature.

© Greenpeace – Mitja Kobal

La nature européenne va mal

L’Agence européenne pour l’environnement (AEE) a publié en 2020 un rapport alarmant dont il ressort que plus de 80 % des habitats naturels européens sont dégradés. La Belgique est le plus mauvais élève de tous les États membres de l’UE : moins de 10 % de notre nature se porte bien. Partout en Europe, les activités humaines telles que l’agriculture intensive, la surpêche, l’exploitation forestière commerciale, l’urbanisation galopante et l’expansion des aéroports exercent une forte pression sur notre biodiversité.

Logging in Bialowieza forest, one of Europe’s last lowland natural forests. © Greenpeace

Des plans ambitieux pour la restauration de la nature 

Dans le cadre du « Green Deal » européen et de la stratégie européenne pour la biodiversité, la Commission européenne a lancé l’an dernier une ambitieuse proposition législative visant à restaurer les habitats naturels fortement dégradés en Europe. Les mesures proposées devraient entraîner la restauration de la nature sur 20 % des terres et des mers d’Europe d’ici 2030. Et d’ici 2050, la nature dégradée d’Europe devrait être intégralement restaurée. Si cette proposition est approuvée, il s’agira d’une première mondiale, puisque ce sera la toute première fois que la restauration de la nature sera inscrite dans une législation contraignante. 

Un large éventail de propositions sont avancées pour restaurer les écosystèmes endommagés et faire renaître la nature dans toute l’Europe : 

  • les tourbières doivent être restaurées et réhumidifiées à grande échelle 
  • les rivières doivent retrouver leur cours naturel
  • Stopper la tendance à la baisse des populations de pollinisateurs d’ici 2030
  • inverser la tendance à la baisse des populations d’oiseaux des champs et des prairies et des papillons des prairies 
  • Mettre davantage l’accent sur le stockage du carbone dans les zones agricoles
  • Gestion des forêts davantage axée sur la biodiversité et le stockage du carbone
  • enrayer la disparition des îlots de nature urbaine d’ici 2030, et développer la nature en ville
  • Restaurer les habitats marins d’espèces emblématiques telles que les dauphins et les marsouins, les requins et les oiseaux de mer, et des écosystèmes marins précieux mais très dégradés tels que les herbiers marins et les fonds marins

La restauration de la nature nécessite d’importants investissements : la Commission européenne propose de débloquer 100 milliards d’euros à cet effet. Mais en fait, il ne s’agit pas de coûts, mais plutôt d’un judicieux placement : des études montrent que la société récupère entre 8 et 38 euros pour chaque euro investi dans la restauration de la nature. En effet, cela permet d’éviter d’importants coûts à notre système de santé, d’empêcher et d’atténuer les dommages causés par la crise climatique, et d’assurer les rendements agricoles à long terme.

La nécessité d’un soutien substantiel

Dans les mois à venir, le Parlement européen et le Conseil européen négocieront intensivement cette loi sur la restauration de la nature. L’enjeu est de taille, car il s’agit du meilleur outil dont nous puissions disposer pour redonner une chance à la nature et pour inverser la tendance à la disparition des espèces végétales et animales d’ici 2030. Malheureusement, de grands groupes d’intérêts économiques veulent empêcher ces changements indispensables.

La loi sur la restauration de la nature offre d’immenses possibilités de lutter à la fois contre la perte de biodiversité en Europe et contre le dérèglement climatique. C’est pourquoi 210 associations européennes de protection de la nature et de défense de l’environnement, dont Greenpeace, ont publié une déclaration commune pour manifester leur important soutien à cette initiative et lancent ensemble une grande pétition. Nous appelons les États membres de l’UE, les députés européens et la Commission européenne à adopter une loi ambitieuse sur la restauration de la nature dans les plus brefs délais.  

Aidez-nous à convaincre nos responsables politiques que la loi sur la restauration de la nature est d’une importance capitale.

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