Dans certaines langues indigènes, le mot qui désigne les plantes signifie littéralement « celles qui prennent soin de nous ». En tant que mammifères, nous avons besoin de la nature pour respirer, boire et manger. Pourtant, dans le monde entier, certain·es commettent des violences à son égard, souvent en toute impunité. Chez nous, la nature ne bénéficie que d’une faible protection juridique. Pour que cela change, la reconnaissance de l’écocide comme un crime est indispensable. En Belgique, nous avons actuellement une occasion unique d’obtenir cette reconnaissance !

Hands Across the Sand event in Nelson. HATS is an international event that raises awareness about the dangers of being reliant on oil. 18 May, 2013. © Greenpeace / Doug Barry-Wilson

Qu’est-ce qu’un écocide ?

Le terme « écocide » désigne la destruction d’un écosystème ou les dommages irréparables qui lui sont causés, délibérément ou non, par des activités humaines. Par exemple, il y a écocide lorsque l’on brûle délibérément des forêts tropicales humides en Amazonie, que l’on assèche de très vastes tourbières ou que l’on pêche au chalut en eaux profondes. Littéralement, écocide signifie « tuer la maison ». L’écocide tue notre planète. 

Pourtant, ces atteintes extrêmes à la nature restent souvent impunies : les lois environnementales sont inappropriées et, lorsque de tels dommages font l’objet de poursuites, les amendes ne couvrent guère le coût réel du préjudice subi par la planète et ses habitant·es. Prenons l’exemple de la catastrophe de Deepwater Horizon en 2011 : cette marée noire provoquée par l’explosion d’une plateforme de forage de British Petroleum (BP) a entraîné la mort de milliers de tortues de mer et de mammifères marins, dont certains appartenant à des espèces menacées d’extinction. Bien que BP ait finalement admis avoir pris des précautions insuffisantes, la société n’a été condamnée qu’à payer 4 milliards de dollars, soit un dixième de son chiffre d’affaires de cette année.

Greenpeace activist Joao Talocchi shows his hands covered in crude oil washed ashore on Casse-tete Island on the Louisiana gulf coast near the site of the Deepwater Horizon disaster. © Chuck Cook / Greenpeace

Reconnaître l’écocide comme un crime

Dix ans après cette catastrophe, de nombreuses espèces sont toujours affectées. Aucune somme d’argent ne peut réparer ce genre de préjudice. La nature est un réseau d’êtres vivants et non une source inépuisable de matières premières. La marée noire de Deepwater Horizon est emblématique de l’absence de protection efficace de la nature. C’est pourquoi de plus en plus de voix s’élèvent aujourd’hui, parmi lesquelles celles de Greta Thunberg, de Malala Yousafzai et du pape François, pour réclamer la reconnaissance de l’écocide comme un crime international. 

Si l’écocide est puni par de longues peines de prison plutôt que par des amendes, les grands pollueurs réfléchiront à deux fois avant de détruire les écosystèmes et analyseront les risques que leurs activités font courir à la nature afin d’éviter sa destruction. Ce sera un signal fort indiquant qu’il n’est plus possible de détruire la nature en toute impunité. De cette façon, nous protégerons nos fragiles écosystèmes, et donc nous-mêmes par la même occasion. 

Une loi belge sur l’écocide

L’actuel gouvernement belge a décidé de reconnaître l’écocide dans le Code pénal et a fait une première proposition en ce sens en novembre 2022. Malheureusement, dans cette proposition, la définition de l’écocide laisse à désirer. Ainsi, la destruction potentielle de la nature doit être délibérée, alors que ces catastrophes résultent généralement de l’imprudence et d’un manque de précautions et de respect pour la terre. En outre, pour entrer dans le cadre de la loi, les dommages occasionnés doivent être à la fois « graves », « à grande échelle » et « permanents », ce qui exclut de nombreux cas graves de destruction de la nature. 

Une définition aussi restrictive rendra l’écocide très difficile à poursuivre, ce qui fait que la loi ne sera pas très efficace pour empêcher la destruction de la nature à grande échelle. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement de reprendre la définition de l’écocide proposée par le Parlement dans une résolution en 2021. Cette résolution demande que l’écocide soit reconnu comme un crime, selon une définition réaliste et applicable. Nous pourrons ainsi protéger la nature. Après tout, elle nous protège aussi. 

Nous aiderez-vous à mettre la pression sur le gouvernement pour la reconnaissance de l’écocide ? Signez notre pétition !

Je partage sur Facebook Je partage sur Twitter Je partage sur Whatsapp