La Belgique et l’Union européenne doivent abandonner complètement le gaz fossile d’ici 2035.  Sa production et son transport provoquent des fuites de méthane, et sa combustion émet du CO2, faisant du gaz fossile un des principaux accélérateurs de la crise climatique. Il a également un impact sur la santé des communautés locales, entraîne des conflits dans le monde et crée une instabilité des prix.

Pour certaines entreprises pourtant, le gaz fossile est un business juteux. L’une de ces entreprises est Fluxys, qui gère non seulement l’infrastructure permettant d’acheminer tout ce gaz en Belgique (car notre pays ne produit pas lui-même de gaz fossile), mais qui exploite également des dizaines de milliers de kilomètres de canalisations en Europe et dans le monde.

Fluxy vous est peut-être toujours inconnue… Nous vous présentons en 10 chiffres-clés cette figure centrale du gaz en Belgique, qui figure parmi les entreprises les plus importantes de notre pays. 

  • 77,4 % des actions de Fluxys sont détenues par des villes et communes belges (428 en tout). Cela leur rapporte environ 100 millions d’euros par an et leur confère une responsabilité importante dans les activités de Fluxys. La plupart des partis politiques belges ont également un droit de regard direct sur les affaires de Fluxy, par le biais d’un représentant au conseil d’administration. 
  • Fluxys exploite 12.000 km de gazoducs en Belgique, dans les pays voisins et même jusqu’au Brésil. Grâce à ces canalisations et à l’installation de stockage de gaz à Loenhout, Fluxys contrôle une grande partie de l’infrastructure gazière. Au début de cette année, 12.000 km supplémentaires ont été ajoutés grâce à un investissement dans le plus grand gestionnaire de réseau gazier d’Allemagne.
  • Fluxys est le (co)propriétaire de 4 terminaux GNL qui fournissent du gaz liquide qui est regazéifié puis injecté dans le réseau de gaz. Deux d’entre eux sont situés tout près de chez nous, un à Zeebruges, et un à Dunkerque, à quelques kilomètres de la frontière belge. Les deux autres se trouvent en Grèce (Revithoussa) et au Chili (Quintero). Fluxys investit également dans deux autres terminaux à venir : un à Alexandroupolis, en Grèce (flottant) et un double à Stade, en Allemagne (à la fois flottant et terrestre).
Terminal de Zeebruges – Octobre 2022
  • Depuis début 2023, Fluxys a déjà investi au moins 810 millions d’euros dans des nouveaux projets fossiles. La majeure partie de cette somme est consacrée à l’investissement dans le gestionnaire du réseau de gaz allemand Open Grid Europe (750 millions d’euros), mais Fluxys a également acheté des parts supplémentaires dans des gazoducs entre les Pays-Bas et le Royaume-Uni (18,75 millions d’euros) et entre la Turquie et l’Italie (42 millions d’euros).
  • En 2022, Fluxys a dû restituer 300 millions € d’impôt sur ses bénéfices excédentaires. L’entreprise a réalisé ces bénéfices exceptionnels en raison de la crise énergétique et des prix très élevés du gaz. Greenpeace a longtemps fait pression pour que ces bénéfices soient reversés aux citoyen·nes, c’est donc une belle victoire.
  • Fluxys emploie 1.300 personnes à travers le monde entier. Parmi eux, 900 travaillent en Belgique, la moitié au siège social à Bruxelles et l’autre moitié sur le terrain, en charge du terminal GNL à Zeebrugge, du stockage de gaz à Loenhout et du réseau gazier.
  • 1 milliard d’euros:  c’est la valeur du contrat que Fluxys a signé avec la société russe Yamal LNG en avril 2014. Grâce à ce contrat, Fluxys est devenue le plus grand importateur de GNL russe en Europe, dont une partie est transbordée pour le marché asiatique. En 2022, cet approvisionnement a même augmenté de 28 %. Le port arctique de Sabetta d’où provient ce GNL a été construit avec l’aide des entreprises belges DEME et Jan De Nul.
  • Fluxys est le 1er importateur de gaz de schiste américain en Europe. Avec le terminal méthanier de Dunkerque mis en service en 2015, Fluxys se targue d’être le principal importateur européen de GNL en provenance des Etats-Unis. En 2022, pas moins de 17% de la consommation européenne de ce gaz particulièrement nocif est arrivée via Dunkerque et Zeebrugge.
  • 74% des importations de gaz belge ont été réexportées en 2022. Notre pays importe en réalité beaucoup plus de gaz fossile – notamment russe – qu’elle n’en consomme. De mars à décembre 2022, 38% de la consommation de gaz au Benelux, en France et en Allemagne est passée par Zeebrugge. Cette position de  » distributeur de gaz de l’Europe  » permet évidemment à Fluxys d’engranger d’énormes bénéfices liés à l’utilisation de son réseau gazier.
  • 30x30x30 : il s’agit de la formule magique promue par Fluxys lui-même quand il parle de son futur énergétique. L’entreprise ne se contente pas d’importer et de transporter du gaz fossile, mais veut aussi importer 30 térawattheures d’hydrogène et 30 millions de tonnes de CO2 d’ici 2030. Ces ambitions sont énormes, puisqu’elles représentent près de quatre fois la production actuelle d’hydrogène dans le port d’Anvers et 27 % des émissions totales de CO2 de la Belgique (2021). Fluxys entend donc utiliser à nouveau son réseau européen pour cela, et s’implique dans de nombreux nouveaux projets liés à ‘hydrogène et au CO2.

Cependant, avec ses projets d’hydrogène et de CO2, Fluxys veut surtout poursuivre son activité fossile, détournant l’attention de la sortie du gaz qui est nécessaire pour protéger le climat et nous libérer de notre dépendance aux gaz fossiles.

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