Avez-vous déjà entendu parler du terminal de Zeebruges ? De nombreux Belges l’ignorent mais à quelques centaines de mètres des touristes qui se promènent sur la digue de Heist face à la mer du Nord, cette gigantesque infrastructure sert de quai de déchargement à des tankers géants remplis de GNL (gaz naturel liquéfié), notamment en provenance de Russie. 

Terminal de Zeebruges – Octobre 2022

Après une année d’offensive russe en Ukraine, le terminal belge continue d’accueillir les tankers remplis de gaz naturel liquéfié (GNL) (voir encadré) en provenance de Sabetta sur la péninsule de Yamal, dans l’Arctique russe. Une partie de ce GNL déchargé et stocké à Zeebruges est ensuite ‘transbordé’ dans d’autres navires à destination de marchés européens et non-européens (surtout asiatiques). Allant à l’encontre de la direction prônée par l’Europe dans son plan REPowerEU, la Belgique a augmenté de 28% ses importations de gaz russe en 2022 par rapport à 2021. Le gaz russe représente aujourd’hui 12% du gaz importé en Belgique. 

Lire notre analyse d’investigation à ce sujet.

Des activistes de Greenpeace Belgique et Vredesactie devant le terminal LNG de Zeebrugge, avec sur l’arrière-plan le Nikolay Zubov (un des méthaniers brise-glace qui apportent du LNG russe de Yamal) et derrière celui-ci, le LNG Dubhe (qui transportera ce LNG vers l’Asie).
© Greenpeace – Tim Dirven

Alors que les produits pétroliers russes sont désormais interdits en Europe, la porte reste grande ouverte aux importations de GNL russe. Il s’agit d’un non-sens auquel il faut mettre un terme immédiatement. 


Le GNL c’est quoi ?


Le GNL, ou gaz naturel liquéfié (LNG en anglais), est une énergie fossile, composée surtout de gaz méthane sous forme liquide. Après son extraction dans un gisement souterrain ou sous-marin, le gaz est refroidi à -162°C, ce qui permet de le liquéfier, ce qui diminue de 600 fois son volume. Cette réduction le rend plus facile à transporter, notamment par bateaux, qu’on appelle des méthaniers. A sa destination, il est ensuite regazéifié et injecté dans le réseau, sous forme du gaz que nous connaissons et utilisons pour nous chauffer.

Cette technologie a un coût environnemental très lourd. Tout d’abord, il faut tenir compte des conséquences directes et néfastes de son extraction sur les écosystèmes qui entourent les gisements gaziers. Ensuite, le GNL a une chaîne d’approvisionnement longue, complexe et énergivore. Enfin, à toutes les étapes du processus, des fuites de méthane sont constatées. Libéré de cette façon, le méthane est un gaz à effet de serre avec un potentiel de réchauffement climatique 80 fois supérieur à celui du CO2 à court terme. En considérant que 3% seulement du méthane fuit, le gaz fossile est alors aussi néfaste pour le climat que le charbon. Or, les estimations pour l’industrie gazière russe s’élèvent à des fuites de 5 à 7%.


La connexion qui lie Zeebruges et l’industrie gazière russe ne date pas d’hier. Le terminal de Zeebruges a été créé dans les années 1980 dans le cadre d’une stratégie visant à sauvegarder l’approvisionnement en gaz en période d’incertitudes. Pendant plus de trois décennies, cette infrastructure fut à la peine, avec un taux d’utilisation très bas (il était de 11 % en 2016). Mais en 2015, le statut et la mission du terminal de Zeebruges furent métamorphosés par le contrat d’un milliard d’euros signé entre Fluxys et Yamal LNG qui visait à faire de Zeebruges une plaque tournante pour le GNL russe. Fluxys a alors dépensé 64,8 millions d’euros pour construire un réservoir uniquement dédié au GNL arctique. La Belgique devint alors la route d’hiver de l’exportation du gaz arctique vers les marchés non-européens. Ce qu’elle est toujours aujourd’hui.

Greenpeace demande à la Belgique de prendre ses responsabilités et d’œuvrer pour que les importations de GNL russe en Belgique et en Europe cessent. Plus globalement, un agenda de sortie du gaz d’ici à 2035 doit être établi, afin de rester en ligne avec nos objectifs climatiques. L’accélération des énergies renouvelables doit se poursuivre. Greenpeace exige également un pacte logement-énergie à tous les niveaux de pouvoir pour investir massivement dans l’isolation des logements comme des bâtiments publics. La rénovation énergétique est un impératif climatique et social, qui va non seulement améliorer le bien-être de la population et créer de nouveaux emplois locaux, mais qui nous permettra aussi de nous libérer du gaz fossile.

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