Peut-être avez-vous déjà entendu ou vu passer le nom ‘TTIP’. Cet acronyme peut vous faire penser à un corps de police secret ; en réalité, il s’agit d’un accord commercial transatlantique (entre l’UE et les États-Unis) aux conséquences potentiellement néfastes pour notre environnement de vie et nos droits sociaux. Une matière ardue ? Oui, mais essentielle.

Le TTIP favorise surtout les États-Unis. Le traité vise à écarter autant de règles que possible et à maximiser le pouvoir et le profit pour les entreprises. Bref, un accord très corporate. Et dès lors menaçant, car l’UE est beaucoup plus stricte que les États-Unis en matière d’environnement, par exemple. Prenons le principe de précaution appliqué par l’UE et qui empêche les produits insuffisamment testés d’arriver sur son marché. Aux États-Unis, aussi étrange que cela puisse paraître, ces produits peuvent tout bonnement être vendus.  La fuite de certains documents a confirmé que les craintes à propos du principe de précaution étaient fondées.

Le profit d’abord

Le TTIP permettrait également aux entreprises de contourner facilement les lois d’un pays en faisant appel à des avocats d’entreprise. Ceux-ci mettraient hors-jeu les tribunaux du pays. Il est possible aussi que les entreprises puissent s’immiscer dans les propositions de loi de la Commission européenne et du Parlement européen. Enfin, elles pourraient imposer des analyses coûts/bénéfices qui tiennent beaucoup plus compte des intérêts économiques. Le profit passe avant tout.

Pas de transparence

Mais le plus inquiétant est peut-être le manque total de transparence dans les négociations – tout se passe derrière des portes closes. Pas besoin d’être Sherlock Holmes pour se rendre compte qu’il y a anguille sous roche. Le TTIP vise une dérégulation décomplexée – le fantasme de tous les chercheurs de profit invétérés – et menace ainsi notre système de droit si minutieusement construit. Donner carte blanche aux entreprises dans le cadre du TTIP, cela va à l’encontre de la démocratie.

Une approche différente et meilleure

Si tout ceci est peu réjouissant, il y a tout de même du positif. Suite à l’élection de Donald Trump, le traité a perdu en vitesse, et Merkel le déclarait même mort en 2016. Cela ne signifie pas que l’on puisse se reposer sur ses lauriers, car le traité a été plusieurs fois condamné à mort avant de ressusciter. L’opposition internationale au TTIP est déjà bien affirmée et ne fait que croître. C’est indispensable, car les négociateurs ne comptent pas lâcher leur bébé.

Chaque voix compte lorsqu’il s’agit de rendre le commerce plus juste et plus écologique – la vôtre aussi. Surveillez les documents publiés sur trade-leaks.org pour comprendre ce qui se passe vraiment à la table des négociations.