Depuis que le scandale de pollution aux PFAS a éclaté dans notre pays, Greenpeace, en collaboration avec des collectifs citoyens, demande des comptes à la multinationale américaine 3M. Nous exigeons également une interdiction des produits contenant des PFAS en Europe. Fin décembre 2022, 3M a elle-même annoncé qu’elle arrêtera complètement, à l’échelle mondiale, sa production et son utilisation de PFAS d’ici fin 2025. C’est une excellente nouvelle.

Action at the 3M headquarters, responsible for the PFOS pollution in Zwijndrecht (Antwerp). Greenpeace Belgium activists hang a banner saying ‘Polluter pays’. © Greenpeace / Johanna de Tessières

Le mérite revient aux citoyen·nes et aux organisations environnementales

L’annonce de la multinationale est forcément liée à la pression publique croissante pour freiner la production des PFAS. Ces produits sont à l’origine d’une pollution très importante partout dans le monde, et 3M est déjà contraint par la justice de payer d’importants dommages et intérêts pour cela dans plusieurs pays. Des investisseurs ont récemment demandé l’élimination progressive des PFAS. 

Dans notre pays, le lanceur d’alerte Thomas Goorden, le collectif citoyen Grondrecht et les organisations environnementales (dont Greenpeace) ont mis en lumière la pollution aux PFAS il y a un an et demi. L’explosion de ce scandale, et son coup de tonnerre médiatique, a sans aucun doute été déterminante dans la décision prise par 3M. La société fait aussi l’objet d’une enquête criminelle. Nos actions, investigations, notre pression assidue, ensemble, a permis de mettre la question des PFAS en haut de l’agenda des débats publics. 

Le pollueur doit payer, encore et toujours

Dès son action à l’usine 3M de Zwijndrecht durant l’été 2021, Greenpeace a envoyé un message très clair : les pollueurs doivent payer pour les dommages et les coûts causés par leur pollution. 

L’annonce de 3M ne dispense pas l’entreprise de sa responsabilité et de son obligation de réparer les dommages que sa production de PFAS a déjà causés et continue de causer, y compris en Belgique. A ce jour, l’entreprise ne reconnaît toujours pas officiellement sa responsabilité dans cette affaire. Et cela même dans son annonce d’arrêter sa production de PFAS. Cynique. 

L’entreprise doit également prendre ses responsabilités vis-à-vis de l’impact de sa décision sur l’avenir de ses travailleuses et travailleurs, notamment les 300 qui travaillent à son usine de Zwijndrecht.

Les PFAS c’est quoi?

PFAS est l’acronyme anglais pour per- and polyfluoroalkyl substances. Il s’agit de substances per- et polyfluoroalkylées, un groupe important de produits chimiques fortement polluants et toxiques issues de la fluoration. Ce processus consiste à ajouter du fluorure à de l’eau potable ou aux aliments. La substance PFAS la plus problématique dans notre pays jusqu’à présent est le PFOS (perfluorooctane sulfonates) : un produit chimique utilisé pour rendre des produits (textile par exemple) hydrofuges et anti-salissures. L’usine de 3M en a produit jusqu’en 2002. On en retrouve encore aujourd’hui (20 ans plus tard!), dans l’environnement.

Les PFAS ne sont pas présents naturellement dans l’environnement. Ils sont utilisés parce qu’ils repoussent l’eau et la graisse, mais surtout parce qu’ils sont pratiquement indestructibles. C’est pourquoi ils sont également appelés « produits chimiques éternels » car ils ne se décomposent pas par eux-mêmes.

Risques pour la santé

Lorsque les PFAS pénètrent dans le corps des humains ou des animaux, il y restent très longtemps, avec toutes sortes de conséquences négatives pour la santé. Ils peuvent par perturber l’équilibre hormonal, augmenter le taux de cholestérol, réduire le poids des nouveaux-nés, diminuer la fertilité, impacter la croissance et le comportement des enfants, etc. L’institut international de recherche sur le cancer, le CIRC, considère spécifiquement les PFOS comme un « agent cancérigène possible ». Ils affaibliraient le système immunitaire.

Je partage sur Facebook Je partage sur Twitter Je partage sur Whatsapp