Cette mesure seule ne suffira pas à freiner l’extinction massive de la biodiversité. Elle est néanmoins essentielle. L’accord final du sommet de l’ONU sur la biodiversité, qui s’est tenu à Montréal, au Canada, a reconnu pour la première fois explicitement que les communautés autochtones constituaient la meilleure protection des richesses naturelles qui nous restent.

C’est un principe simple : les peuples indigènes sont les gardiens de la nature les mieux placés. Point. Si nous voulons que notre protection de la biodiversité soit efficace, elle doit passer par eux. Un modèle de conservation de la nature qui respecte les droits de ces peuples est indispensable. La prochaine étape, cruciale, sera de les financer directement.

Mais c’est la seule bonne nouvelle à l’issue de cette COP. Bien que l’accord ait été qualifié d’historique par de nombreuses voix, dans l’ensemble, cet important sommet environnemental n’a pas apporté l’ambition, les moyens et les ressources financières nécessaires pour mettre fin à la sixième extinction massive des espèces.  

Ce qu’on a appelé l’objectif 30×30”, qui consiste à protéger minimum 30% des espaces terrestres et des océans d’ici 2030, figure bien dans l’accord final. C’était une demande-clé de Greenpeace. Mais il s’agit pour l’instant d’une coquille vide, qui ne protège la nature que sur le papier. Le texte ne prévoit en effet aucune garantie d’interdiction des activités nuisibles dans les zones protégées.

Le financement de cette protection n’est pas à la hauteur non plus. L’accord prévoit 19 milliards d’euros par an jusqu’en 2025, puis 28 milliards d’euros par an jusqu’en 2030. Or, pour éviter l’effondrement de la biodiversité, nous avons besoin d’un montant estimé à 660 milliards d’euros par an d’ici 2030. D’où viendra le reste de l’argent ? Impossible aussi à ce stade de savoir dans quel délai ce financement sera délivré.

Finalement, un greenwashing très dérangeant transparaît dans cet accord. Il regorge de fausses solutions, qui semblent taillées sur mesure pour les entreprises. Les programmes tels que Nature-based Solutions et autres formes de compensations se sont invités dans les négociations de l’ONU du début à la fin. C’est un pari extrêmement dangereux pour notre avenir. Les scandales que nous observons aujourd’hui avec le marché des compensations carbone dans les dossiers climat ne doivent pas se répéter pour la biodiversité.

En résumé, le succès de l’accord de Montréal reposera essentiellement sur les volontés des États. Les gouvernements du monde entier auront du pain sur la planche. Ils devront aller bien plus loin que ce que l’accord prévoit. Côté belge, Zakia Khattabi, ministre fédéral de l’environnement, s’est engagée à Montréal à inclure la protection de la biodiversité dans tous les dossiers et secteurs de notre pays. Elle devra pour cela s’atteler à élaborer une stratégie belge en matière de biodiversité qui s’attaque réellement aux industries nuisibles et qui renforce la conservation de la nature, entre autres choses. Nous déplorons par ailleurs que la Belgique n’ait pas débloqué lors de ce sommet un budget supplémentaire pour financer la préservation de la nature dans le Sud. 

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