Depuis un an, Greenpeace, Bond Beter Leefmilieu, le collectif citoyen Grondrecht et le lanceur d’alerte Thomas Goorden dénoncent les problèmes de pollution liés à l’énorme chantier d’Oosterweel à Anvers. Dans un nouvel arrêt, le Conseil d’Etat suit une nouvelle fois leurs préoccupations et leurs objections. Le chantier est donc à nouveau au point mort.

Ce dossier est majeur à de nombreux titres. La pollution au PFOS, que ce “chantier du siècle” accélère, menace directement les riverain.e.s et l’environnement. Sa gestion par les autorités publiques risque également de décharger dangereusement de toute responsabilité l’entreprise 3M, à l’origine de la pollution.

Le jugement du Conseil d’Etat devrait inciter l’entreprise de construction Lantis d’Oosterweel et les ministres à changer de cap et à donner enfin la priorité à la dépollution.

Fin 2021, avec nos partenaires, nous avons saisi pour la première fois le Conseil d’État. Nous avions en effet de sérieuses réserves sur la manière dont le chantier d’Oosterweel était géré. Notre coalition a formulé des objections très clairement étayées et s’est entretenue avec l’entreprise de construction Lantis, les ministres compétents Demir et Peeters et le coordinateur flamand du PFAS Karl Vrancke. Dans un premier arrêt, le Conseil d’État s’est montré très critique à l’égard du traitement des terres polluées, et notamment de leur stockage.

Malgré cela, rien n’a changé ou presque quand les travaux ont repris début mars. Notre coalition a donc une nouvelle fois saisi le Conseil d’État

Le gouvernement viole ses propres règles

Dans son nouvel arrêt d’extrême urgence, le Conseil d’État constate une fois de plus que la méthode utilisée dans le cadre de ces travaux est illégale. 

Pour le Conseil d’État, Lantis n’a toujours pas trouvé de solution légale pour le stockage des sols fortement contaminés. La terre serait déversée dans les accotements du chantier, mais sans perspective de décontamination. Selon le Conseil d’État, ces décharges nécessitent un permis approprié ou un plan d’assainissement:deux choses qui n’existent pas. 

Le Conseil d’État souligne également les risques pour l’environnement et la santé des habitant.e.s. Nous avons aussi régulièrement tiré la sonnette d’alarme au sujet de la propagation de la pollution vers les eaux souterraines et de surface. Les normes de pollution de sol et les méthodes de travail utilisées offrent une protection bien trop faible contre ce phénomène. Fait frappant, soulevé par le Conseil d’État, le gouvernement lui-même admet que ces travaux peuvent entraîner une pollution supplémentaire.

Le Conseil d’État indique en outre qu’un plan d’assainissement complet de la pollution pourrait offrir une porte de sortie aux travaux d’Oosterweel. Jusqu’à présent, la zone dans laquelle se trouvent les usines d’Oosterweel est restée à l’écart des plans d’assainissement qui pourraient être mis en œuvre. Cette décision garantit désormais que toute la zone pourra être nettoyée le plus rapidement possible. Cette étape est primordiale pour permettre aux riverain.e.s. de retrouver un jour un environnement sain. Si ce problème avait été abordé en 2008, lorsque la pollution du site d’Oosterweel a été découverte, tout ce scandale et ce retard auraient pu être évités.

Priorité à la dépollution, dès maintenant

Lantis et le gouvernement ne peuvent ignorer ce jugement. Ils doivent présenter un plan de nettoyage intégré pour l’ensemble de la région – y compris le site des travaux. Cette démarche doit s’accompagner d’une enquête publique, au cours de laquelle les citoyen.ne.s et les associations environnementales pourront exprimer leurs préoccupations. Il s’agit d’un précédent important. Nous devons nous éloigner de cette culture politique qui consiste à passer des accords et des arrangements sans aucune transparence.

Le Conseil d’État a confirmé pour la deuxième fois nos préoccupations et nos objections. Nous espérons que Lantis et les autorités compétentes en tireront enfin les leçons et adopteront une approche d’assainissement correcte avant de continuer à creuser dans des sols fortement contaminés. La facture de la dépollution devrait quant à elle être intégralement payée par 3M, le pollueur dans cette affaire, et en aucun cas par de l’argent public.

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