Ces dernières semaines, la suspension des travaux d’Oosterweel (qui impliquent des travaux de terrassement) à Anvers a fait couler beaucoup d’encre. Fin décembre 2021, le Conseil d’État a suspendu les déclarations de conformité des rapports techniques pour le chantier d’Oosterweel sur la rive gauche et le tunnel de l’Escaut. Le Conseil a déclaré que le collectif citoyen Grondrecht, Greenpeace et l’activiste citoyen Thomas Goorden avaient apporté suffisamment de preuves quant au problème de déplacement des terres polluées au PFOS. Par conséquent, le « chantier du siècle » est quasiment au point mort pour l’instant.

Notre but est-il de saboter le chantier d’Oosterweel et le Pacte pour l’Avenir (Toekomstverbond) sous-jacent ? Certainement pas ! Toutefois, nous avons bien l’intention de veiller à un certain nombre d’éléments : 

  1. la législation environnementale et les mesures sanitaires doivent être prises au sérieux ; 
  2. les travaux d’Oosterweel ne doivent pas disperser davantage les substances polluantes (ce qui ne peut être garanti avec l’approche actuelle et les normes de sol appliquées) ; 
  3. le périmètre contaminé à Zwijndrecht et dans ses environs doit être entièrement assaini ; 
  4. le pollueur 3M doit passer à la caisse, et non le contribuable.

Juste avant l’été 2021, nous avons constaté avec étonnement, avec les riverains, que le constructeur, Lantis, souhaitait poursuivre au plus vite les grands travaux d’excavation dans des sols fortement pollués, et ce malgré la révélation des étouffements de l’affaire depuis 2017 et les nombreuses questions restées en suspens. Les premiers éléments douteux du dossier sont apparus en juin au sein de la commission d’enquête du Parlement flamand, faisant la lumière sur le caractère vague des normes de sol et des normes environnementales appliquées par Lantis, sur la décision prise en 2017 de ne pas communiquer avec la population au sujet de la pollution au PFOS et de ne pas effectuer de mesures supplémentaires dans les zones résidentielles, etc. Il n’en fallait pas plus pour que nous décidions de porter l’affaire devant le tribunal cet été. 

De plus, en poursuivant les travaux d’excavation et en raison de l’accord transactionnel entre Lantis et 3M, qui a entre-temps été invalidé, les autorités flamandes menacent de tenir 3M légalement responsable de la dépollution. La juriste Isabelle Larmuseau a indiqué à ce sujet : « Nous avions affaire à un pollueur responsable à 100 %. Mais puisque le gouvernement flamand n’a pas demandé à 3M d’assainir la zone et puisqu’il prévoit un projet d’infrastructure précisément dans cette zone non assainie, le gouvernement s’est complètement emparé du dossier 3M. Dès lors, la pollution de 3M est devenue la pollution du gouvernement flamand, et donc du contribuable flamand. »

La responsabilité de 3M, l’absence de garanties que la pollution ne s’étendra pas davantage, un ensemble de normes dénuées de tout fondement scientifique, le manque de clarté quant à l’assainissement futur et la création d’une décharge de PFOS non autorisée sur les terrains de 3M : tous ces éléments étaient et restent plus que suffisants pour que nous portions notre action en cessation environnementale en justice. Celle-ci fera également l’objet d’un examen approfondi au printemps. Notre procédure d’urgence auprès du Conseil d’État était une étape intermédiaire logique, car les travaux de terrassement du chantier d’Oosterweel avaient repris entre-temps. L’entreprise de construction Lantis et le gouvernement donnent l’impression d’essayer de créer des « faits accomplis » avant qu’un juge puisse se prononcer sur le fond de l’approche actuelle. 

La future orientation donnée à ce dossier (y compris les travaux d’Oosterweel) créera un précédent pour la politique environnementale en Flandre. C’est pourquoi nous préconisons aujourd’hui la suspension des travaux jusqu’à ce que les éléments susmentionnés soient clarifiés et ne comportent plus la moindre ambiguïté. Il est évident que la situation actuelle complique la poursuite urgente des travaux d’Oosterweel. Mais elle est le résultat de choix qui ont été faits par les autorités et le constructeur Lantis au cours des quatre dernières années. Elle ne peut dès lors être imputée à celles et ceux qui dénoncent l’approche non éthique, voire illégale, des travaux d’Oosterweel.

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