Motivé.e.s par un précédent jugement du Jury d’Éthique Publicitaire (JEP), nous repartons au combat contre le greenwashing. Cette fois, nous visons les termes « gaz neutre en CO2 » et « gaz climatiquement neutre » que les fournisseurs d’énergie Mega et Luminus utilisent pour faire passer du gaz fossile pour de l’énergie verte. Publicité trompeuse ou non? Le JEP tranchera.

Quand les fournisseurs nous parlent de gaz neutre en CO2 ou de gaz climatiquement neutre, il est logique de penser qu’il s’agit d’un gaz qui ne produit pas d’émission de CO2. Ou à tout le moins d’un gaz sans impact sur le climat… Or, c’est une illusion. Il s’agit simplement d’un nom fantaisiste imaginé pour cacher la réalité. La combustion de ce gaz libère toujours autant de gaz à effet de serre qui contribue de manière significative au réchauffement de la planète. Le gaz lui-même n’est donc en aucun cas neutre du point de vue du CO2 ou du climat. 

Gaz fossile compensé

Ce type de gaz reçoit un label de neutralité climatique car les émissions libérées lors de la combustion sont compensées par des projets en Afrique et en Amérique latine. Des arbres sont plantés, des forêts sont davantage protégées ou la population locale a accès à des poêles à bois plus efficaces. À long terme, ces projets devraient certes “neutraliser” les émissions rejetées. Mais ces mécanismes de compensation suscitent de nombreuses interrogations. Personne ne peut prédire si les arbres vivront assez longtemps pour accomplir cette tâche : les sécheresses prolongées, les parasites, les incendies de forêt, etc. sont des dangers réels dont le risque ne fera qu’augmenter à l’avenir. En outre, voir des pays qui ont le moins contribué au changement climatique (mais qui en subissent les plus grandes conséquences) devoir compenser les émissions des pays occidentaux constitue le comble de l’injustice.  

Les mécanismes de compensation souffrent d’un autre point faible. Ils semblent en effet oublier le phénomène des fuites de méthane qui ont lieu lors du transport du gaz. Le méthane est un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le CO2. Rien qu’avec 3,2 % de fuites de méthane par rapport à la production de gaz, le gaz fossile obtient déjà de moins bons résultats que le charbon. Or, les valeurs connues pour les fuites de méthane sont souvent plus élevées que cela, et de nombreux producteurs ne mesurent même pas ces fuites. Donc, même si les émissions de méthane sont compensées, il est très peu probable qu’elles couvrent l’ensemble des émissions. 

En conclusion, la compensation des émissions ne réduit pas radicalement nos émissions, est socialement injuste et nous mène dans une voie sans issue. Il n’y a tout simplement pas assez de surface disponible sur Terre pour compenser nos émissions actuelles. Et même si les émissions diminuent fortement lors des prochaines années, tous les puits de carbone naturels seraient plus que nécessaires pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. 

Les consommateurs sont trompés

Outre le qualificatif trompeur accolé au mot « gaz », la communication générale des fournisseurs d’énergie vise à exploiter les bonnes intentions et l’ignorance des futurs clients afin de continuer à leur vendre du gaz fossile. Seuls ceux qui consultent attentivement le site Internet de ces fournisseurs ou utilisent un moteur de recherche peuvent découvrir comment le gaz fossile est soudainement devenu neutre pour le climat. Les pages où vous concluez un contrat en tant que consommateur contiennent très peu d’informations, et les fournisseurs ne vous diront certainement pas que vous achetez simplement du gaz fossile. Un nom bien choisi et un manque de transparence aident ainsi le gaz fossile à conserver une image verte. 

Vers une énergie véritablement neutre sur le plan climatique

C’est pourquoi Greenpeace demande au JEP de restreindre l’utilisation des termes « gaz neutre en CO2 » et « gaz climatiquement neutre ». Ces mots ne reflètent pas la réalité et induisent le consommateur en erreur. En outre, le consommateur doit être correctement et suffisamment informé sur le produit qui lui est vendu. 

Les termes trompeurs et les fausses solutions ralentissent la nécessaire transition vers une énergie 100 % verte. Nous supposons donc que le JEP suivra notre raisonnement et prendra la bonne décision. À suivre !

Vous souhaitez passer à un fournisseur d’énergie 100% verte et équitable ? Consultez notre classement des fournisseurs d’énergie.

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