Le scandale autour de la pollution aux PFOS aux alentours de l’usine 3M à Zwijndrecht reste d’actualité. Pendant longtemps, cette pollution a été dissimulée aux habitant.e.s du quartier. Le but ?  Ne pas mettre en danger les grands travaux d’Oosterweel. Alors que le pollueur 3M est de plus en plus acculé, les travaux d’Oosterweel ont commencé envers et malgré tout. Cela risque de propager davantage la pollution. C’est pourquoi les citoyen.ne.s et Greenpeace ont décidé de saisir la justice. Le procès commence cette semaine.

Manifestation en Italie contre la pollution toxique par les PFAS

Les habitant.e.s de la région s’inquiètent de l’impact de cette pollution aux PFAS et PFOS sur leur santé et à juste titre. Ces produits chimiques dits “éternels” se décomposent très mal et s’accumulent dans l’organisme pendant des années, entraînant des risques majeurs pour la santé.

Les échantillons de sang des résident.e.s voisin.e.s de l’usine 3M à Zwijndrecht ont montré qu’environ 9 personnes sur 10 ont des taux trop élevés de substances PFAS (comme les PFOS) dans leur sang. Près de 6 personnes sur 10 présentaient des valeurs si élevées qu’elles risqueraient de subir des répercussions sur leur santé sur le long terme. Des tests sanguins à plus grande échelle sont désormais prévus.

Le pollueur paie ?

La ministre Zuhal Demir a fait ce qui était devenu inévitable, elle a (enfin) déclaré que le pollueur 3M était en défaut. L’entreprise quant à elle continue de minimiser l’impact de sa production sur la santé des habitant.e.s et ce, malgré le consensus scientifique en la matière. 3M essaie bien entendu de se prémunir face aux futures demandes de dommages et intérêts. Heureusement, presque tout le monde soutient désormais le principe du pollueur-payeur que nous avons également mis en avant et soutenu l’été dernier.

Il y a aussi des bonnes nouvelles. L’inspection de l’environnement a fait sauter la transaction entre le constructeur Lantis et le pollueur 3M. Cette décision permet de relancer le débat sur la responsabilité juridique de 3M. Pour rappel : cette transaction conclue en 2018 entre 3M et Lantis prévoyait que les coûts engendrés par la dépollution soient aux frais du contribuable et non du pollueur lui-même.

La nature et la santé avant tout

Mais comment en est-on arrivé là ? Comment est-il possible que cette pollution soit passée sous le radar pendant si longtemps ? Jusqu’au début de l’année prochaine, une commission d’enquête parlementaire examinera les nombreuses questions sur ce qu’il s’est passé. Il est clair que le contrôle de la pollution environnementale en Flandre s’est mal déroulé. L’une des raisons probables pour cela serait la coupe budgétaire importante dans les services compétents. Mais même quand il s’agit d’accorder des permis, l’environnement et la santé ont malheureusement encore moins de poids que les intérêts économiques à court terme.

C’est ce que nous constatons dans le dossier Oosterweel. Autoriser des travaux d’excavations gigantesques dans une des régions les plus polluées d’Europe pour construire une nouvelle autoroute ? Pas de problème apparemment. Avant l’été, un comité d’expert.e.s avait été constitué pour déterminer si les travaux d’Oosterweel pouvaient être poursuivis en toute sécurité. Mais leur rapport a laissé la question la plus importante sans réponse : quelle est la norme de sécurité pour les PFOS en matière d’environnement et de santé ?

Direction le tribunal

Les riverain.e.s et Greenpeace ont donc saisi la justice au début du mois d’août. Nous exigeons que les travaux soient réalisés en toute sécurité et que tout soit mis en œuvre pour éviter que la pollution aux PFOS ne se propage davantage. Le principe de précaution doit être appliqué aux travaux à venir, ce qui signifie également qu’il faut s’appuyer sur les travaux scientifiques les plus récents. 

Avec cette assignation, les riverain.e.s et Greenpeace ont exigé qu’un plan soit élaboré dès maintenant pour assainir les communes et que les travaux d’Oosterweel ne bloquent pas cet assainissement. Enfin, le stockage en surface, sans autorisation, des sols les plus pollués et les plus dangereux sur le site de 3M, la fameuse “berme de sécurité”, est très contestable.

Le procès commence aujourd’hui. Nous plaiderons pour les mesures de sécurité préliminaires et minimales que nous avons exigées. Il faudra ensuite évaluer de manière approfondie comment et si les travaux peuvent être poursuivis en toute sécurité sans propager davantage la pollution, sans entraver la décontamination des sols pollués et, surtout, sans mettre davantage en danger la santé des habitant.e.s.

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