C’est étonnant quand on sait que les trois plus grands groupes d’énergie de notre classement sont français. Et pourtant, les projets pour le climat d’Engie, d’EDF et de TotalEnergies comportent autant de trous qu’un fromage hollandais ! Le groupe néerlandais Eneco a, quant à lui, élaboré un plan climatique conforme à l’accord sur le climat. Vous voulez connaître les résultats de votre fournisseur ?

Afin de mieux comprendre notre classement, celui-ci comporte deux grandes nouveautés. Tout d’abord, il montre non seulement dans quelles sources d’énergie les fournisseurs investissent, mais aussi combien. Seuls les fournisseurs qui investissent suffisamment pour fournir à tous leurs clients une électricité véritablement verte d’ici 2035 obtiennent un bon score. Ensuite – et c’est une première –, nous évaluons également les mesures qu’ont prises les fournisseurs pour un chauffage vert et l’élimination progressive du gaz fossile. Spoiler alert : la plupart des fournisseurs n’ont pas l’intention d’abandonner de sitôt la vache à lait que représente le gaz fossile. 

Le classement en quelques mots : les coopératives démontrent leur polyvalence

Comme d’habitude, les coopératives restent en tête du classement. Elles ne se sont pas laissées impressionner par notre nouvelle méthodologie. Si vous voulez vous assurer que les bénéfices réalisés sur votre facture d’électricité sont utilisés à bon escient, n’hésitez donc plus. Proportionnellement à leur taille, les coopératives demeurent les plus gros investisseurs dans les énergies renouvelables. La plupart d’entre elles sont aussi impliquées dans des projets liés au chauffage vert et à l’économie d’énergie. Les coopératives peuvent jouer un rôle extrêmement important dans la transition vers le chauffage vert tout en offrant une certaine tranquillité d’esprit à leurs membres. Espérons qu’elles assumeront encore davantage ce rôle à l’avenir.

Une partie de saute-mouton dans la suite du classement

Aspiravi et Trevion ont longtemps figuré en tête de notre classement, mais aujourd’hui, ces fournisseurs échangent leurs places. Trevion perd un point pour le « chauffage vert » : en se targuant d’être un « fournisseur de gaz naturel écologique », celui-ci ressemble davantage à une société de marketing qu’à une entreprise soucieuse des solutions climatiques et environnementales. 

Energiebedrijf Merksplas, ou Ebem en abrégé, est la grande surprise du classement. Les efforts de ce fournisseur finissent par payer et lui font gagner beaucoup de points. Les nombreuses années d’expertise d’Ebem dans la production de chaleur à partir de biogaz montrent que les plus petits acteurs locaux ont également un rôle important à jouer.

Le milieu du classement : Eneco renforce sa position, tandis que Bolt et Mega perdent du terrain

Bolt et Mega perdent quelques points parce qu’ils continuent de fournir du gaz fossile, sans prendre de mesures pour offrir des solutions plus durables à leurs clients. Mega va même un peu plus loin et vend du gaz dit « neutre en CO2 ». Du greenwashing pur et simple. 

Le groupe Eneco gagne un point et remonte lentement mais sûrement dans le classement. Plus étonnant encore, Eneco se distingue grâce aux objectifs climatiques très ambitieux qu’il s’est fixés : une neutralité climatique totale d’ici 2035, y compris en ce qui concerne la livraison de gaz fossile pour le chauffage. Eneco place ainsi la barre plus haut pour tous les autres fournisseurs.

Les géants français de l’énergie sont au coude à coude (et s’en tiennent au gaz)

Le mastodonte français du pétrole et du gaz TotalEnergies, représenté en Belgique par Lampiris, conserve sa position à la dixième place du classement, suivi de près par son compatriote Engie. Malgré les importants investissements réalisés dans les énergies renouvelables, TotalEnergies reste fermement attaché au gaz fossile. Pour une capacité d’éoliennes donnée, TotalEnergies construit autant de centrales à gaz. Le fournisseur espère donc atteindre les objectifs climatiques qu’il s’est fixés en se concentrant principalement sur la capture et le stockage du CO2. Un pari risqué sur l’avenir de notre planète.

Engie est dans le même bateau, mais grâce à la sortie imminente du nucléaire, le fournisseur s’est déjà débarrassé d’une source d’énergie polluante. Depuis que l’entreprise a tourné la page du nucléaire, nous avons constaté une forte augmentation de ses investissements dans les énergies renouvelables, prouvant ainsi que l’énergie nucléaire fait obstacle à l’investissement dans les énergies renouvelables. La nouvelle composante « chauffage vert » ne rapporte pas davantage de points à Engie. Promoteur notoire des chaudières à gaz et du gaz compensé carbone, il fait tout pour que les ménages se cramponnent le plus longtemps possible à leur chaudière à gaz. 

Les suiveurs : tous les fournisseurs qui ne font pas d’efforts pour le climat

Après les mastodontes français viennent les soi-disant « traders », c’est-à-dire les fournisseurs d’énergie qui ne produisent pas eux-mêmes d’électricité et ne font aucun investissement. Notre nouvelle méthodologie coûte des points à Elegant, Vlaamse Energieleverancier, Watz et Octa+. Leur faible score obtenu en raison du manque d’investissement et d’achat direct d’énergie renouvelable est renforcé par l’absence totale d’initiatives en faveur du chauffage vert.

Les mauvais élèves de la classe : Antargaz (qui porte bien son nom !) et EDF

Antargaz n’a pas volé son nom. En ne prenant pratiquement aucune mesure en faveur d’un approvisionnement en électricité et en chauffage durable, l’entreprise se met elle-même hors-jeu. Elle reste cantonnée à l’avant-dernière place.

Enfin, la lanterne rouge du classement : EDF. L’entreprise investit d’énormes sommes d’argent en vue de prolonger la durée de vie de 56 centrales nucléaires vétustes et d’en construire de nouvelles à Hinkley Point et Flamanville. Néanmoins, EDF, notamment par l’intermédiaire de Luminus (dont elle est le principal actionnaire), joue également la carte des énergies renouvelables. En raison de la taille gigantesque de l’entreprise, cela se traduit par des investissements très importants dans les énergies éolienne et solaire. Malheureusement, ces investissements ne représentent que 10 % de ce que le groupe devrait investir chaque année pour être en mesure de fournir une électricité réellement verte à ses clients d’ici 2035.

Il est possible d’atteindre 100% d’énergie renouvelable

L’énergie solaire et l’énergie éolienne sont plus abordables que jamais, et la technologie du chauffage vert et de la mobilité durable est en plein essor. Mais pour atteindre les 100% d’énergies renouvelables, le choix de vraies solutions doit être posé maintenant et par tous les acteurs. Les fausses solutions telles que les nouvelles chaudières à gaz, la compensation des émissions de gaz ou le report supplémentaire de la sortie du nucléaire mettent en péril la transition énergétique et rendent irréalisable la limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C.

Vous voulez aussi que votre fournisseur d’énergie apporte sa pierre à l’édifice ?

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