Le monde entier est réuni à Glasgow pour la COP26. Le monde entier? Non, la Ministre flamande du climat n’a finalement pas fait le déplacement, en raison d’une contamination au COVID au sein de son équipe… Mais soyons honnête, la Flandre y a-t-elle vraiment sa place de toute façon? Avec un ‘plan climat’ peu convaincant bricolé en dernière minute et une Région flamande qui demande à l’Europe de revoir à la baisse l’ambition belge, on a de quoi en douter.

De plan flamand, il n’en est même pas vraiment question. Il faut plutôt parler de mesures. Et elles sont pleines de lacunes : l’ambition de réduction des émissions fixée à 40% seulement est largement insuffisante, des secteurs énormes comme l’industrie ou l’agriculture sont à peine effleurés, les délais sont allongés et les citoyen.n.es sont appelées à porter tout l’effort (sans bénéficier du soutien adapté).

On attendait désespérément un regard neuf, on a l’impression d’avoir plutôt affaire à un vieux cocktail remis au goût du jour dans la précipitation.

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Manque flagrant d’ambition

Le contexte appelait pourtant à un changement profond. L’année 2021 a été marquée par les catastrophes climatiques. Même notre pays, jusqu’ici plutôt épargné par la crise climatique, a été directement meurtri en juillet dernier. Quelques semaines plus tard, le rapport du GIEC et son “code rouge pour l’humanité” nous livrait ses conclusions. Enfin, il y a moins d’un mois, 50 000 citoyens descendaient dans la rue pour exiger des ambitions et une justice climatique.

Mais, même lorsque les citoyens, les scientifiques et le climat lui-même tirent la sonnette d’alarme, le gouvernement flamand continue à faire l’autruche. Au lieu d’un plan climatique solide qui permettrait à la Flandre de rejoindre l’objectif européen de 55 % de réduction des émissions d’ici 2030, Demir et ses collègues optent pour des demi-mesures qui ne permettent au mieux qu’une réduction de 40 % et demandent ensuite à l’Europe de revoir l’objectif belge à la baisse. Difficile d’être plus cynique.

Agriculture, logement, mobilité … : il fallait aller plus loin

En matière d’agriculture, il est assez désastreux de constater que les intérêts économiques et électoraux ont une nouvelle fois dominé les débats. La réduction du nombre d’animaux élevés est passée à la trappe. L’élevage flamand est pourtant aujourd’hui largement surcapacitaire, avec une grosse part de production qui s’en va dans l’exportation. Réduire le cheptel et soutenir les petites exploitations étaient deux mesures indispensables pour traiter l’ensemble des problèmes liés à l’agriculture : crise climatique, crise de l’azote, pollution des eaux, déforestation liée à la culture du soja pour l’élevage … Au lieu de cela, la gouvernement flamand continue à essayer de régler chaque problème séparément avec des mesures techniques, mettant une pression supplémentaire sur les petits agriculteurs et les privant de toute perspective d’avenir. 

Les volets ‘rénovation’ et ‘chauffage’ sont tout aussi incompréhensibles. Au lieu d’opter immédiatement pour des maisons neutres sur le plan climatique, grâce à un score énergétique élevé et à une pompe à chaleur électrique, la Flandre se contente d’imposer des demi-rénovations et de pompes à chaleur hybrides fonctionnant au gaz fossile. Cela envoie un mauvais signal, augmente les coûts pour les ménages et met la pression sur le secteur de la rénovation déjà en sous-effectif. Pour permettre à chacun de disposer d’un logement de qualité, neutre sur le plan climatique, il faudra aussi plus d’aides aux citoyen.n.es, ainsi qu’un effort pour des logements sociaux supplémentaires.

Les énergies renouvelables ont quant à elles été totalement oubliées. Un oubli surprenant car une électrification du chauffage et de la mobilité passe forcément par un développement solide et démocratique de nos énergies renouvelables (solaire et éolien) indispensable, et nécessite un renforcement du réseau électrique et l’introduction rapide de compteurs intelligents pour intégrer cette énergie de manière optimale.

Du côté de la mobilité, le passage des voitures à l’électrique a également été repoussé de deux ans en dernière minute. Jusqu’en 2029, il sera donc toujours possible de vendre et d’acheter des voitures fossiles. Et cette échéance pourrait même être repoussée encore. Le marché de l’occasion n’est même pas concerné, ce qui offrira encore de beaux jours aux voitures avec un moteur diesel ou essence. 

Pire, il n’y a à ce stade aucune vision pour limiter de manière globale le nombre de kilomètres parcourus en voiture, ni suffisamment d’investissements dans des infrastructures cyclables et des transports publics de qualité, ni d’ambition de réduire la précarité liée au coût de la mobilité… 
Enfin, le secteur industriel est largement exonéré d’efforts. Une petite partie des subsides alloués par la région aux entreprises (quelque 50 millions d’euros) sera bien conditionnée à l’existence d’un plan climatique, et une taxe limitée sur le gaz sera bien mise en place, mais le soutien aux grandes entreprises pollueuses, lui, se poursuit. Ces dernières années, les centaines de millions de réductions – entre autres des accises, des prélèvements et de la facture énergétique – n’ont guère apporté de bénéfices climatiques. Il est temps pour la Flandre de changer de cap et de prendre la tête d’une transition industrielle juste.

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