Les pertes sont immenses. Des centaines de personnes, sans compter les personnes encore portées disparues, sont décédées dans les inondations qui ont dévasté la Belgique, l’Allemagne et d’autres pays d’Europe. Une tragédie qui se répète également aux quatres coins de la planète, comme au Nigéria ou en Chine.

Des maisons détruites, des quartiers entiers qu’il faudra reconstruire. Des dommages matériels gigantesques pour ces familles qui ont tout perdu en quelques jours. Les plus précaires sont particulièrement touchés, dans les quartiers déjà défavorisés qui vivent au bord des rivières. Dans le même temps, un élan de solidarité unit plus que jamais la population face aux conséquences dévastatrices des inondations. 

Suite à l’urgence de soutenir les sinistrés, vient le temps des réponses à apporter pour le futur. Les événements météorologiques extrêmes sont de plus en plus présents, des sécheresses aux inondations. Le nombre de décès liés à ceux-ci s’alourdit chaque année. 

© Eric de Mildt – All rights reserved

Wake up ! L’urgence climatique fait la météo

En ce mois de juillet, les dômes de chaleur au Canada (où un village entier disparaît dans les flammes), les inondations en Europe, au Nigéria et en Chine, le Maroc qui suffoque avec des records absolus de température, dominent l’actualité. Depuis son dernier rapport global sur les impacts du changement climatique en 2014, le GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) a montré que l’augmentation de la température – actuellement de plus de 1,2 degrés au-delà de l’ère préindustrielle – a pour effet de multiplier les événements climatiques extrêmes. Ceux-ci se manifestent soit par une raréfaction des pluies (les sécheresses), soit par de fortes précipitations plus intenses ou plus fréquentes, soit par une hausse des températures. Les scientifiques prédisent que dans le pire des scénarios climatiques, les inondations seraient 14 fois plus fréquentes en 2100. Si nous ne faisons rien, le pire est devant nous.

Le cap : réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre

Les inondations ont montré que le dérèglement climatique doit être au top de l’agenda politique et qu’une réponse immédiate est nécessaire. Chaque fraction de degré d’augmentation de température entraîne la multiplication des événements météorologiques extrêmes, et donc des pertes humaines et matérielles immenses. Les Nations Unies ont estimé que pour rester en deçà des 1,5 degrés, les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial doivent diminuer de 7,6% par an. Ce qui signifie pour l’Europe, s’engager à une réduction absolue de -65% d’ici 2030 afin de contribuer à cet objectif global en tant que pollueur historique. Pour cela, les énergies fossiles doivent rester dans le sol, nous n’avons plus le loisir d’attendre. Les grandes multinationales des énergies fossiles, qui savaient depuis des décennies et qui ont ralenti toute action climatique ambitieuse, ne peuvent plus échapper à leurs responsabilités. C’est encore loin d’être le cas quand on voit Shell faire appel du jugement qui la condamne à réduire ses émissions.

Ce que nos pays viennent de traverser arrive depuis des années dans les pays du Sud, qui d’inondations en sécheresses, font face à un changement climatique dont ils sont à peine responsables. A l’approche de la COP26 – la conférence sur le climat qui aura lieu à Glasgow en novembre – les pays du Sud appellent les pays riches à prendre leurs responsabilités, en diminuant les émissions de gaz à effet de serre et à soutenir financièrement les victimes de la crise climatique. 

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Reconstruire à l’identique serait une erreur fatale

Afin de limiter les dégâts humains et matériels,  nous devons dès à présent nous adapter et reconstruire les infrastructures et les maisons en fonction de ces événements météorologiques extrêmes. 

La reconstruction des bâtiments publics, des immeubles et maisons résidentielles ne pourra faire fi du défi climatique et social. En effet, le secteur du bâtiment représente 18,7% des émissions de gaz à effet de serre en Belgique,  avec un taux de rénovation très bas qui ne permet pas d’arriver à un bâti neutre d’un point de vue climatique en 2050. Par ailleurs, un quart des ménages en Wallonie sont en précarité énergétique, vivant dans des logements passoires. Les logements reconstruits devront permettre, d’une part, la réduction de nos émissions de CO2 et, d’autre part, d’être mieux armés pour faire face aux chaleurs et aux précipitations extrêmes. 

L’aménagement du territoire devra être repensé, en ne construisant plus dans les zones inondables, en évitant les fonds de vallées. Car on a trop construit près des rivières dont on sait maintenant qu’en quelques jours, en cas de fortes précipitations, elles peuvent emporter sur leur passage des vies et des quartiers entiers. Les lits des rivières sont trop imperméables, les rives sont trop bétonnées, ce qui, en cas de fortes précipitations, mènent les eaux à gonfler très rapidement le niveau des cours d’eau. Toutes nos infrastructures, des égouts aux ponts, vont devoir intégrer cette nouvelle donne, des infrastructures souvent mises à mal par le manque d’investissements des dernières années.

La nature comme alliée

La nature peut devenir notre alliée dans cette adaptation pour lutter contre les étés caniculaires ou les pluies diluviennes. Nos villes comme nos campagnes vont devoir laisser plus de place à la nature, sortir de la logique du “tout au béton” en remettant plus d’espaces naturels, plus à même d’offrir de l’ombre en cas de fortes chaleurs et d’absorber également les pluies. 

De même, il sera primordial de soutenir nos agricultrices et agriculteurs, dont les champs ont été dévastés. Prévenir les futurs désastres nécessite de soutenir l’agroécologie qui, en respectant mieux la nature, est plus à même d’éviter les coulées de boue qui traversent des champs de monocultures. 

Les inondations qui endeuillent notre pays doivent servir de réveil. Limiter les pertes humaines à l’avenir doit guider la reconstruction. Limiter le dérèglement climatique aussi. La bonne nouvelle, c’est que ces deux objectifs sont complémentaires.

Ensemble, empêchons la destruction de notre environnement Je partage sur Facebook Je partage sur Twitter Je partage sur Whatsapp
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