Greenpeace poursuit la discussion sur la transition juste avec Ariane Estenne, la présidente du Mouvement Ouvrier Chrétien (MOC), et Vanya Verschoore, le coordinateur de Reset.Vlaanderen. Après avoir évoqué comment la transition juste mêle la question sociale et environnementale, ils parcourent la liste des acquis sociaux obtenus par les mouvements syndicaux et ouvriers et évoquent les luttes à venir dans un contexte de crise climatique.

Transition juste : les acquis sociaux et les luttes à venir

Le changement climatique renforce l’importance de la transition juste. Quelles sont les luttes à venir en Belgique et les alliances nécessaires ?

Les luttes ouvrières ont permis de bénéficier d’un système de sécurité sociale qui a changé la vie de presque tous les Belges en permettant aux individus de faire face financièrement aux conséquences des risques sociaux : perte d’emploi, charge familiale, maladie, départ à la pension,… Les conquêtes des mouvements ouvriers c’est aussi la semaine de 5 jours, le salaire minimum, les crédits-temps, l’ensemble de nos droits sociaux, le modèle des coopératives… Ces biens communs, Ariane Estenne et Vanya Verschoore veulent que la transition écologique en prenne soin. 

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Par exemple, la reconversion des travailleur.euse.s va être un énorme chantier. Or, cela est directement lié à notre sécurité sociale et en fait un outil central pour réussir cette transition. Cette dernière a été créée pour protéger les travailleur.euse.s des risques engendrés par l’industrialisation. Or, la transition de nos économies pour freiner les dérèglements climatiques est en réalité une conception élargie de ces risques.

Ensuite, la Belgique doit développer des plans de transition juste très précis pour les secteurs qui seront fortement touchés par les politiques climatiques, comme les secteurs dépendant des énergies fossiles ainsi que le secteur nucléaire. Via les syndicats, les employés doivent être impliqués dans les futures mesures politiques qui les concernent.

Il va aussi falloir avoir le courage politique de parler de la répartition des richesses : s’attaquer aux questions des écarts de revenus, des tensions salariales, du fait que les minimas sociaux sont trop faibles. En effet, pourquoi s’en prendre toujours aux vieilles voitures, aux vieux chauffages,… sans avoir le courage de dénoncer que c’est le style de vie des plus riches qui est le plus polluant et émetteur de carbone ?

Pour cela, la fiscalité  sera un enjeu clé… si elle est utilisée pour plus de justice ! Des recherches faites en collaboration avec des associations comme Greenpeace montrent que de nombreuses mesures de soutien de l’Etat à l’industrie ne conduisent pas aux réductions d’émissions nécessaires et révèlent que les conditions pour obtenir ces aides ne sont pas équitables. Par ailleurs, les outils de fiscalité verte actuellement en débat dans la sphère publique, comme la tarification carbone, peuvent être défavorables aux plus pauvres. La “justice fiscale” va donc être un terrain de lutte crucial.

La présidente du MOC souligne également que si les mouvements ouvriers ont gagné des victoires sur les droits sociaux, ils ont par contre échoué à permettre suffisamment de prise sur la gestion démocratique et les décisions stratégiques des entreprises et ils n’ont pas non plus réussi à sécuriser des droit culturels civils et politiques, comme la possibilité d’avoir plus de temps libre pour s’engager dans la vie associative et politique. Or, elle est sûre que la convergence des forces sur ces aspects amènerait d’énormes avancées vers une société plus respectueuse de notre planète et de l’humain

Mobilisation citoyenne

Tous les champs de lutte évoqués ci-dessus appellent une volonté politique solide. Et derrière toute volonté politique, il y a une mobilisation citoyenne. D’où l’importance de l’éducation populaire, de créer un rapport de force et de soutenir le pouvoir citoyen, people-power

Les citoyens belges ont de l’expérience : notre pays a été le premier au monde à pouvoir inscrire une grève politique climatique à son actif le 15 mars 2019, rappelle Vanya Verschoore. Par ailleurs, de nouvelles associations ont vu le jour dans la foulée, afin de mobiliser les travailleur.euse.s et les syndicats dans la lutte contre le changement climatique et il se crée de nouveaux lieux où organisations sociales et écologiques se rencontrent, comme Reset.Vlaanderen. Une autre source d’espoir est que les syndicats jouent un rôle actif dans la Coalition Climat.

Enfin, la force mobilisatrice renouvelée du mouvement climatique, qui embrasse plus que jamais la dimension sociale, et l’énergie impressionnante avec laquelle une jeune génération s’est également affirmée dans cette lutte, offrent de nouvelles opportunités.     

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