Toutes les deux secondes, le monde perd une zone forestière de la taille d’un terrain de football. La plupart de ces destructions vont de pair avec des violations des droits humains. Si nous ne protégeons pas d’urgence les forêts et les autres écosystèmes de la planète, la double crise du climat et de la nature va s’aggraver. Heureusement, il y a de l’espoir : la Commission européenne est en train de rédiger une nouvelle loi qui pourrait mettre fin à la complicité de l’UE dans la destruction des forêts, en écartant du marché européen les produits liés au massacre des forêts et des écosystèmes, ainsi qu’aux violations des droits humains. 

Les excuses des entreprises qui se cachent derrière la déforestation

L’année dernière, plus d’un million de personnes ont répondu à une consultation publique de la Commission européenne en déclarant vouloir une législation européenne forte pour protéger les forêts, les autres écosystèmes et les droits humains des conséquences de la consommation européenne. Il s’agit de la plus grande consultation publique de l’histoire de l’UE portant sur des questions environnementales.

Malheureusement, les entreprises qui profitent de la destruction des forêts ne souhaitent pas changer leur modèle économique et donnent à la Commission européenne de nombreuses excuses pour éviter d’avoir à rendre des comptes. Bien que les entreprises qui produisent et commercialisent des produits liés à la destruction des écosystèmes affirment régulièrement qu’elles s’engagent à lutter contre la déforestation, elles font en même temps pression pour que les règles de l’UE visant à protéger les forêts du monde restent peu contraignantes. 

Ensemble, protégeons les forêts

Voici les cinq excuses préférées des entreprises pour s’opposer aux nouvelles règles qui les obligeraient à éliminer la destruction des forêts de leurs chaînes d’approvisionnement :

1. Ce sont les autres secteurs qui sont responsables !

Pour échapper à leurs responsabilités, certaines entreprises liées à la dégradation et à la destruction des forêts et des écosystèmes se retranchent derrière « ce n’est pas moi, c’est l’autre ». Or, pointer du doigt d’autres industries, ou des entreprises d’autres régions, n’arrêtera pas la déforestation.

« Bien que la production européenne de pâte, de papier et de carton ne contribue pas à la déforestation, l’amalgame entre déforestation et utilisation du papier continue de jeter une ombre sur la réputation et l’image des producteurs agissant de manière durable en Europe. » Réponse de la Confédération européenne des industries du papier (CEPI) à la consultation de l’UE.

2. Inutile de nous contraindre, puisque nous nous engageons à le faire…

Pendant des années, les entreprises profitant de la destruction des forêts ont déclaré qu’elles essayaient déjà de résoudre les problèmes par le biais d’initiatives volontaires au sein de leur secteur, de certifications ou d’autres mesures non réglementaires. Toutefois, même après plusieurs décennies, la plupart de ces dispositifs ont échoué à produire un changement systémique. Ainsi, les Européens ne peuvent toujours pas être sûrs que les produits qu’ils achètent, qu’ils soient à base de viande, de produits laitiers, d’huile de palme, de bois, de soja ou de caoutchouc ne les rendront pas complices de la destruction des écosystèmes.

« En particulier, [nos membres] soutiennent les initiatives du secteur de l’alimentation animale (FEFAC), telles que les directives sur l’approvisionnement en soja responsable, afin de permettre la promotion de chaînes d’approvisionnement certifiées sans déforestation. » Réponse de la Fédération européenne du secteur de la viande de volaille (AVEC).

3. Tant que c’est légal, c’est OK

Les excuses des entreprises qui se cachent derrière la déforestation

Certaines entreprises tentent de nous faire croire que tant que leur production est légale dans le pays d’origine, leurs produits sont bons à commercialiser dans l’UE. Malheureusement, la faiblesse des lois ou le manque de rigueur dans leur application dans des régions allant de l’Amazonie à la taïga russe permettent « en toute légalité » la destruction de forêts et d’écosystèmes, ainsi que la violation des droits des populations autochtones et des communautés locales.

« Nous sommes convaincus que l’UE devrait reconnaître et prendre en compte la protection accordée contre la déforestation et la dégradation des forêts par les juridictions des pays tiers lorsqu’elles sont applicables, soit dans notre cas, les lois brésiliennes sur la protection des forêts. » Réponse de l’Association forestière brésilienne (IBA).

4. Pourquoi l’UE devrait-elle agir ? Attendons que d’autres s’en chargent !

L’UE devrait être en mesure de réglementer son marché pour limiter l’impact négatif de sa propre consommation, mais certaines entreprises veulent que l’UE continue à traîner les pieds. Ils demandent aux décideurs de l’UE d’attendre les réglementations internationales, ou de n’agir que par le biais de collaborations et d’accords bilatéraux. Bien sûr, la collaboration est nécessaire, mais elle ne peut servir d’excuse pour ignorer la responsabilité de l’UE dans la consommation et le financement de produits issus de la destruction mondiale des forêts et des écosystèmes. 

« La seule solution viable et durable doit consister à offrir des incitants à la poursuite et à l’augmentation de la production de produits durables, sur la base de normes de durabilité convenues au niveau multilatéral ou plurilatéral et non imposées unilatéralement selon des modalités qui, l’expérience le montre, finissent trop souvent par cacher ou déguiser des politiques protectionnistes et discriminatoires derrière un prétexte environnemental. » Réponse du Conseil malaisien de l’huile de palme (MPOC).

5. Une loi européenne ne devrait offrir que des carottes, pas des bâtons

Certaines entreprises acceptent l’arrivée d’une nouvelle législation européenne visant à protéger les forêts du monde, mais tentent d’en atténuer l’impact sur leurs propres activités en demandant aux décideurs européens de ne proposer que des carottes ou des coups de pouce, et non de brandir des bâtons. Ils veulent une loi basée sur les mesures que l’industrie prend déjà, ou des directives qui encouragent l’amélioration progressive des pratiques plutôt que d’exiger le respect des normes environnementales et des droits humains. Face aux urgences actuelles en matière de climat et de biodiversité, nous n’avons pas le luxe du temps, et c’est pourquoi des règles claires, fortes et contraignantes sont plus importantes que jamais.

« Les entreprises doivent être tenues de démontrer qu’elles prennent des mesures raisonnables pour prévenir et combattre la déforestation dans laquelle elles sont, ou pourraient être, impliquées par leurs propres activités ou leurs relations commerciales tout au long de la chaîne de valeur. Cela signifie également que […] les entreprises ne sont pas forcément en mesure de prévenir tous les impacts. » Réponse de PepsiCo.

Ces cinq excuses font partie du rapport de Greenpeace UE « Le sabotage : comment les entreprises font pression contre la protection des forêts du monde par l’UE ». 

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