En ville ou sur les réseaux sociaux, vous avez peut-être aperçu la semaine dernière des affiches de Stop Alibaba & co réclamant la fin de l’extension de Liege airport. Ces affiches ont été placardées en français et en néerlandais dans de nombreuses villes : Liège, Bruxelles, Namur, Jambes, Beaufays, Verviers, Gembloux et même Anvers et Maastricht. Mais qu’est-ce que Alibaba et qu’est-ce que Stop Alibaba & Co ? Et pourquoi est-ce un problème que cette entreprise s’installe à Liège et que l’aéroport soit étendu ? En quoi cela concerne les personnes qui n’habitent pas en région liégeoise ?

Photo: collectif Stop Alibaba
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Alibaba c’est quoi ? Stop Alibaba & co c’est quoi ?

Photo: collectif Stop Alibaba

Alibaba est un géant de l’e-commerce, qui comme Amazon, domine le domaine de l’e-commerce. Alibaba est également un écosystème électronique actif dans le cloud, le paiement en ligne, la géolocalisation, la communication, l’intelligence artificielle, le divertissement ou encore la santé. Le groupe privé Alibaba a choisi Liege Airport pour y implanter son premier centre logistique européen, à travers sa filiale Cainiao.

En réaction à ce projet, les citoyens et associations se sont mobilisés et rassemblés au sein de Stop Alibaba & Co, dont fait partie Greenpeace Liège.

Qui soutient l’arrivée d’Alibaba ?

L’accord avec le géant chinois a été officiellement signé à Liège le 5 décembre 2018 par le CEO de Liege Airport, Luc Partoune depuis remplacé par Frédéric Jacquet, la Région Wallonne et le Gouvernement Fédéral belge. De nombreux acteurs de la société belge sont impliqués dans le projet.

Quel est le problème de l’implantation d’Alibaba sur le sol belge ?

Les conséquences de l’installation d’Alibaba seront locales, nationales et globales. Petit survol du problème.

  • Climat : L’implantation d’Alibaba à Liege Airport va renforcer les vols d’avion et les allées et venues de camions. Selon le chercheur Pierre Ozer de l’Université de Liège, “scénario inchangé, dans 25 ans, Liège Airport, à lui seul, émettra plus de CO2 que toute la Wallonie”. De quoi annuler les efforts climatiques de la Wallonie et de la Belgique dans son ensemble, alors que 2020 était déjà l’année la plus chaude jamais enregistrée.
  • Santé : le transport aérien et routier est un grand émetteur de particules (ultra)fines et de dioxyde d’azote, des polluants mauvais pour la santé. À côté de cela, il y a le problème de la pollution sonore. L’accroissement des activités de fret implique des vols d’avions cargos gros porteurs, très bruyants, qui volent de jour comme de nuit, tous les jours de la semaine. Par exemple, il est prévu d’augmenter les mouvements d’avion jusqu’à 65 000 d’ici 2040, contre 40 000 aujourd’hui. Or, la pollution sonore a des impacts sur la qualité du sommeil, les maladies cardiovasculaires et la santé mentale. 
  • Congestion : selon Luc Partoune, ancien directeur de Liege Airport, l’arrivée d’Alibaba mettra quotidiennement 1.500 camions supplémentaires sur les routes. Cette augmentation du trafic est alarmante quand on sait que, sans y inclure “l’effet Alibaba”, le Plan Urbain de Mobilité de Liège prévoit une saturation du réseau routier d’ici 2030. 
  • Environnement et biodiversité : l’expansion de l’aéroport de Liège va envahir de grandes surfaces dans une région pourtant connue pour ses terres arables.  À terme, les entrepôts de Cainiao devraient occuper une surface de 380 000 m2, soit la taille de presque 4 terrains de football. La Wallonie s’est pourtant engagée à freiner – d’ici 2025 – et à mettre un terme à – d’ici 2050 – l’artificialisation des terres. La pollution sonore, mauvaise pour la santé humaine, l’est aussi pour la biodiversité qu’elle perturbe (quiétude, cycle de reproduction, survie).
  • Surconsommation : entre 2017 et 2019, le nombre de colis issus du commerce électronique qui a transité par Liege Airport est passé de 350 000 colis à plus de 540 millions en 2020. Surconsommation, achats compulsifs (impliquant des retours), suremballage, produits de faible qualité à bas prix, destruction de marchandises pour éviter les frais de stockage… Cette incitation à la consommation mondialisée, soutenue par les autorités politiques, est d’autant plus ironique que pendant tout le covid, les citoyen.ne.s belges ont été exhortés à consommer local à coup d’encouragements et de chèques consommation. 
  • Economie locale : les géants de l’e-commerce sont responsables de concurrence déloyale et mettent en vente des produits à prix très (très) bas avec lesquels les producteur·trices et les commerçant·es locaux·ales ne peuvent rivaliser. À titre d’exemple, en France, entre 2007 et 2018, les géants de l’e-commerce ont détruit 81 000 emplois. On estime que les entreprises de e-commerce affaiblissent le tissu économique local. On peut aussi s’interroger sur la qualité et la pérennité des emplois proposés de ce genre de filiale où les travailleurs et travailleuses sont soumis à une cadence infernale et à un travail abrutissant.
  • Justice fiscale : les multinationales de l’e-commerce telles qu’Alibaba ou Amazon sont accusées de favoriser la fraude à la TVA. Le groupe français Attac estime que le montant global de la fraude à la TVA dans l’e-commerce s’élevait entre  4 et 5 milliards d’euros en 2019. Par exemple malgré qu’ Amazon ait un chiffre d’affaires de 386 milliards par an, ses bénéfices sont peu  taxés, car déclarés pour une grande partie d’entre eux dans des paradis fiscaux, au Grand-Duché du Luxembourg dans ce cas-ci, avec un taux d’imposition de 0% sur toutes les ventes réalisées en Europe. 

Les politiques belges anticipent-ils bien les risques liés à l’implantation d’Alibaba en Belgique ? Santé, climat, emploi : qui payera les pots cassés ? Quel est encore le sens d’une transition juste, qui réunit emploi décent et environnement, dans ce type de modèle économique ?

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Agir et interpeller les autorités politiques

Dès 2019, des collectifs ont remis en question l’arrivée d’Alibaba. D’abord de façon plus locale, avec le Comité des riverains, Watching Alibaba et Stop Alibaba & Co dont fait partie Greenpeace Liège. 

Mais ces collectifs veulent aussi alerter le reste de la population quant à l’implantation d’Alibaba et à l’expansion de l’aéroport de Liège. En effet, si certaine préjudices sont locaux (extension de l’aéroport et les nuisances qui l’accompagnent), l’implantation d’un groupe géant qui promeut la surconsommation au détriment des achats locaux, la bétonisation de terres et la participation évidente de ce genre de commerce à la menace du changement climatique avec le blanc-seing des autorités politiques est un sujet qui concerne tous les Belges. 

C’est pourquoi Stop Alibaba & co réclame un moratoire sur l’extension de l’aéroport de Liège et l’arrivée d’Alibaba. Via leur campagne “Minute papillon”, ils invitent “toute personne ou collectif à mener son action qui interpellera de manière positive et constructive les responsables politiques et/ou moraux de Liege Airport. L’objectif est que ces responsables se positionnent sur la suspension de l’extension de l’aéroport”. Pour en savoir plus, savoir quelles personnalités interpeller et trouver de l’inspiration sur le type d’action à développer, consultez cette page sur le site de Stop Alibaba & co.

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