À partir d’aujourd’hui, nous avons deux mois pour nous prononcer sur la prolongation de la durée de vie de Doel 1 et 2. Même si cette consultation arrive fort tard, elle a une valeur de précédent importante, tant en Belgique qu’en Europe. En tout état de cause, nous estimons qu’il n’est pas justifié de continuer à exploiter ces réacteurs obsolètes qui fonctionnent illégalement, et qu’ils doivent être fermés le plus rapidement possible.

Victoire de la démocratie

Que faire de nos plus anciennes centrales nucléaires ? La parole est au citoyen

Il y a un peu plus d’un an, la Cour constitutionnelle annulait la Loi de 2015 sur la prolongation de la durée de vie de Doel 1 et 2. Selon la Cour, cette prolongation a été décidée en violation de la loi : le gouvernement aurait préalablement dû faire étudier l’impact environnemental de cette décision et donner la parole au public. C’est ce que Greenpeace a toujours exigé, mais que la ministre Marghem a obstinément refusé.

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Toutefois, mieux vaut tard que jamais. Six ans plus tard, les citoyens ont enfin leur mot à dire, et c’est un signal important. Outre la prolongation actuelle de Doel 1 et 2 (jusqu’en 2025), cette consultation a également une incidence sur la prolongation éventuelle de Doel 4 et de Tihange 3 au-delà de 2025. En effet, tant Engie-Electrabel que le gouvernement fédéral doivent également respecter la loi.

Pas de prolongation sans justification

Pour décider de la prolongation de Doel 1 et 2, le gouvernement précédent s’est appuyé sur l’argument de la sécurité d’approvisionnement, seule justification figurant dans la loi de sortie du nucléaire de 2003. Les réacteurs de Doel 1 et 2 étaient censés être nécessaires pour assurer l’approvisionnement en électricité. Cet argument était déjà bancal en 2015, mais aujourd’hui, ainsi que pour la période 2022-25, il n’a plus aucun sens. En effet, lorsque nous avons été au plus près des problèmes d’approvisionnement fin 2018, ces « réacteurs indispensables » n’étaient pas disponibles.

En outre, en maintenant Doel 1 et 2 en service pendant une période inutilement longue, le gouvernement précédent a sapé les investissements dans les capacités de remplacement. En effet, la combinaison d’une énergie nucléaire trop importante et peu flexible avec la croissance des énergies renouvelables génère de plus en plus de conflits sur le réseau, entraînant, par exemple, des mises à l’arrêt d’éoliennes qui perdent ainsi de l’argent. Ce n’est pas exactement une situation de nature à favoriser les investissements dans les alternatives durables.

Ainsi, à long terme, la prolongation de la durée de vie a eu un effet négatif sur la sécurité d’approvisionnement et a préparé le terrain pour les subventions aux centrales à gaz actuellement en discussion pour la période d’après 2025. En fermant ces deux réacteurs le plus rapidement possible, nous pouvons au moins réparer une partie de cette erreur.

Les réacteurs obsolètes présentent un risque pour la sécurité

Sans justification valable, les réacteurs de Doel 1 et 2 ne peuvent être prolongés et doivent donc être arrêtés au plus tard le 31 décembre 2022 (et même beaucoup plus tôt en ce qui nous concerne). Ceci est non seulement stipulé par la Loi sur la sortie du nucléaire et par l’arrêt de la Cour constitutionnelle, mais aussi par les principes de la radioprotection. Tout rayonnement radioactif, que ce soit dans le cadre d’une utilisation « normale » ou en cas d’accident, doit être soigneusement évalué et justifié.

Pour Doel 1 et 2, les risques de radiation sont les plus élevés. Il s’agit de réacteurs obsolètes qui ne répondent plus aux exigences de sécurité actuelles. L’enveloppe en béton à simple paroi des bâtiments du réacteur et la faible protection du bassin de refroidissement constituent les principaux points faibles de leur conception. Ces problèmes n’ont pas été abordés dans le cadre du processus de prolongation de leur durée de vie.

En d’autres mots, ces réacteurs présentent un risque réel d’accident grave dont les conséquences potentielles dépassent largement les frontières nationales. C’est aussi la raison pour laquelle, parallèlement à la consultation belge, les citoyens européens et les autorités publiques situés dans un rayon de 1000 km autour de la centrale ont également leur mot à dire. Prolonger inutilement ce risque pour la population belge et les pays voisins est irresponsable et inacceptable. Les réacteurs de Doel 1 et 2 doivent donc être fermés le plus rapidement possible.

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