Depuis le printemps, il fait sec à extrêmement sec sur notre pays, et ce pour la quatrième année consécutive. L’agriculture souffre énormément de cette sécheresse. Toutefois, certains agriculteurs semblent mieux résister au réchauffement climatique grâce aux principes de l’agroécologie. Nous avons rencontré quatre de ces pionniers.

VIDÉO : Des pionniers sur leurs terres (bien trop sèches)

Cet été, Greenpeace a suivi la sécheresse de près. Ainsi, les membres de notre groupe local Greenpeace Limburg se sont déplacés en Hesbaye pour se rendre compte de la sécheresse. Ils ont constaté que 11 des 16 ruisseaux qu’ils ont longés à vélo étaient à sec. Notre stagiaire Philine s’est rendue en Flandre pour aller à la rencontre de citoyens et d’agriculteurs en leur proposant des solutions créatives pour lutter contre la sécheresse. Toujours en juillet et août, accompagnés d’une équipe de tournage, nous avons rencontré quatre agriculteurs belges qui travaillaient sur des solutions à la sécheresse.

L’urgence climatique doit être déclarée

Les agriculteurs ne sont pas seulement en première ligne de la crise climatique, ils font également partie de la solution. L’agriculture agroécologique, en particulier, dispose d’un large arsenal pour protéger les sols. Les agriculteurs écologiques redonnent vie au sol qui en retour retient davantage d’eau, ce qui est crucial en période de pénurie. Le problème n’est pas tellement qu’il y a moins de précipitations en Belgique. En réalité, les averses sont beaucoup plus concentrées, de sorte que des précipitations de plus en plus intenses alternent avec de longues périodes de sécheresse. 

#1 Marc-André adapte sa production laitière 

Marc-André exploite une ferme laitière biologique à Beauraing, dans le Namurois. Auparavant, ses vaches pouvaient brouter presque sans interruption pendant environ sept mois. Aujourd’hui, ce n’est plus possible que durant trois ou quatre mois. En raison de la sécheresse prolongée, il a dû adapter le rythme de sa production laitière à des saisons moins prévisibles.

Marc André conclut en espérant que l’agriculteur va redevenir un agriculteur au sens noble du terme, gardant un œil pour la biodiversité, le bien-être des animaux et la société. 

#2 Vincent sélectionne les bonnes variétés pour ses prairies

En 2016, Vincent (29 ans) a repris « La Chèvrerie de la Croix de la Grise » de ses parents. Il a étudié à l’étranger pour acquérir de nouvelles connaissances et souhaite maintenant mettre en pratique toute cette théorie et essayer des choses par lui-même, dans sa propre ferme. Ce n’est pas toujours évident, étant donné les nombreux défis auxquels l’agriculture est confrontée aujourd’hui, dont le réchauffement climatique fait bien évidemment partie.

Vincent s’oriente vers des pâturages biodiversifiés. Grâce à un mélange de légumineuses et de plantes à racines profondes qui retiennent l’eau, les prairies de La Chèvrerie sont mieux armées contre la sécheresse. C’est bien nécessaire, car Vincent remarque lui aussi qu’il y a de moins en moins d’eau pendant les périodes estivales, phénomène associé à un vent qui souffle plus souvent du nord et du nord-est, ce qui provoque un dessèchement plus rapide du sol et des cultures. Pour lutter contre la violence des vents, il plante des haies et des arbres qui protègent également mieux les prairies contre la déshydratation.

« Avec les années de sécheresses, de plus en plus de collègues bios et conventionnels s’intéressent à ces mélanges et essaient de diversifier leurs prairies. On a toujours à coeur de partager avec eux nos essais et nos erreurs », explique Vincent.

#3. Greet mise sur la diversité

Greet Lambrecht, de l’entreprise d’horticulture biologique Akelei, opte pour une grande diversité de semences et de cultures, et pour une culture sans labour. Selon Greet, « la graine porte en elle le germe de la solution ». 

Dans des situations critiques comme la sécheresse actuelle, ses cultures disposent d’une réserve d’eau beaucoup plus importante que les monocultures grâce à ses 60 variétés différentes.

« Nous devons nous libérer de cette obsession des intrants externes dans l’agriculture. Nous devons redonner à la nature la place qui lui revient, et c’est pourquoi il est très important que l’agriculture biologique rejoigne à nouveau l’agroécologie », déclare-t-elle. 

#4 Rik innove à l’aide de fossés, de bordures et avec l’agroforesterie 

Rik dirige une entreprise biodynamique mixte à Heuvelland, en Flandre occidentale. 

« Je pense qu’il faut combiner agriculture et nature. Ainsi, l’ensemble de l’écosystème, du sol et des microorganismes sont remis en mouvement, avec des conséquences positives pour les cultures », explique-t-il.  

Sur les sols limoneux pentus, sujets à l’érosion, Rik a creusé des « swales ». Ce sont de longs canaux perpendiculaires au flanc des collines, créant ainsi une « bordure » en aval. Sur ces bordures, Rik applique les principes de l’agroforesterie et de la permaculture : un mélange d’arbres fruitiers et de légumes qui ancrent de longues racines et enrichissent le sous-sol de champignons et bonnes bactéries. « Le sol agit comme une éponge. Les couches inférieures du sol retiennent toute l’eau, toute la pluie hivernale. »

De cette façon, Rik empêche non seulement l’érosion, mais aussi la déshydratation et la baisse de la nappe phréatique. La qualité du sol et la productivité des arbres fruitiers et des légumes augmentent également à proximité des bordures. « Dans une cuillère à café de notre sol, il y a mille bactéries et champignons, alors que les agriculteurs classiques n’en trouvent parfois que six par hectare. » 

Rik stocke également de l’eau à différentes hauteurs grâce à un système de puits, de vases communicants et de tuyaux. Ainsi, la pression d’eau pour assurer l’irrigation au goutte-à-goutte des parcelles inférieures reste constante (sans aucune pompe ou source d’énergie externe). 

« Avec un peu de bon sens, on peut imaginer de nombreuses solutions », conclut-il. 

Vous aussi, vous êtes préoccupé.e par la sécheresse et le climat ? Dans ce cas, signez notre pétition ! Cet été, la crise climatique se fait à nouveau sentir dans notre pays, ainsi que dans le monde entier. C’est pourquoi Greenpeace demande à nos gouvernements et à nos parlements d’accélérer les travaux sur un système alimentaire résilient et écologique. Un tel système peut contribuer à atténuer les dommages causés par la sécheresse, et en même temps aider à en limiter la cause : le réchauffement climatique.

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