Ces dernières semaines, les médias nationaux et internationaux ont une fois de plus fait état du nombre croissant d’incendies dans la forêt amazonienne. Le mois de juin a connu le plus grand nombre de foyers actifs de ces 13 dernières années. C’est 20 % de plus que pendant la désastreuse année 2019. Les experts s’attendent à ce que 2020 batte tous les records. 

C’est pourquoi nos collègues brésiliens ont recensé les incendies dans l’État du Mato Grosso, le plus durement touché actuellement, malgré l’interdiction de feu qui y est en vigueur. Ils ont pris des photos aériennes de la forêt entre le 7 et le 10 juillet. Avec 4437 foyers actifs, le Mato Grosso compte actuellement la moitié des incendies de la forêt amazonienne. 

Les scientifiques préviennent : la forêt amazonienne est désormais en route vers son point de basculement. Ce point est atteint lorsque la forêt ne produit plus suffisamment de précipitations pour subvenir à ses besoins. À moins de mettre un terme au rythme catastrophique actuel de la déforestation pour que la forêt puisse se reconstituer, ce point de non-retour devrait être atteint d’ici 20 ans. Il s’agit ni plus ni moins qu’une catastrophe climatique mondiale.

Ce n’est pas très encourageant. Pourtant, ces chiffres choquants sont un indicateur important des dysfonctionnements majeurs du Brésil. Avec un président comme Bolsonaro qui poursuit activement une politique de défrichage de la forêt amazonienne et nie la crise climatique, ce n’est malheureusement pas une surprise. La population indigène et la biodiversité en sont les principales victimes.

Les indigènes d’Amazonie sont également doublement touchés : leur résistance à nos virus de la grippe est généralement faible, et c’est encore pire face à la Covid-19. L’augmentation de la déforestation accroît également le risque d’infection, dans une région où le système de santé subit depuis des mois la crise du coronavirus que, soit dit en passant, Bolsonaro a également balayée d’un revers de la main.

Pire, il voit dans le chaos causé par la pandémie mondiale une occasion de démanteler davantage les mesures de protection de la forêt amazonienne et les droits des peuples indigènes. L’interdiction d’allumer des feux dans toute la forêt amazonienne qu’il a imposée le 16 juillet n’est donc rien d’autre qu’une manœuvre de diversion destinée à détourner l’attention du vrai problème.

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Le rôle de la Belgique et de l’Europe

Bolsonaro peut faire passer sa politique désastreuse parce qu’il existe un marché extérieur qui continue à se ruer sur les produits agricoles responsables de la mort de la forêt amazonienne : la viande et le soja. Si le marché de la viande brésilienne est petit chez nous, celui du soja est loin d’être négligeable. Notre modèle d’élevage industriel est extrêmement gourmand et consomme environ 1 million de tonnes de soja par an, dont un tiers environ en provenance du Brésil.  

Autrement dit : nos fermes industrielles sont en partie responsables de la destruction des forêts, de la biodiversité et des droits des peuples indigènes au Brésil. Ce modèle doit donc être converti de toute urgence en une agriculture écologiquement saine et ancrée localement.

© Christian Braga / Greenpeace © Christian Braga / Greenpeace

La réforme de la politique agricole européenne et la mise en œuvre concrète de cette politique en Flandre et en Wallonie sont des leviers importants. Mais nous devons également veiller à ce que les produits susceptibles d’entraîner la destruction des forêts vendus sur les marchés européens, comme le soja, la viande bovine, l’huile de palme et le cacao, répondent à des critères de durabilité stricts afin d’éviter les impacts environnementaux et sociaux tels que la déforestation, la dégradation des écosystèmes naturels et les violations des droits de l’homme. 

La Commission européenne prépare actuellement une proposition législative sur le sujet. Cette dernière fera l’objet d’une consultation publique. Au cours de cette période, nous vous demanderons de nous aider à faire en sorte que l’UE légifère le plus fermement possible pour que des écosystèmes précieux tels que la forêt amazonienne ne soient plus victimes de l’élevage industriel dans nos pays.

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