Les transports en commun souffrent particulièrement de la crise du coronavirus avec une baisse importante de leur fréquentation. Pourtant, à mesure que le trafic motorisé rebondi, les problèmes mis sur pause pendant la crise sanitaire refont surface : congestion, pollution de l’air et urgence climatique. À moyen et à long termes, des transports en commun performants restent donc une solution incontournable pour lutter contre ces problèmes. Le train peut devenir la colonne vertébrale d’un système de transports en commun efficaces. Et pour réfléchir à l’avenir de notre rail, nous pouvons dès aujourd’hui nous inspirer d’une système qui existe déjà : “le modèle suisse”.

Malgré la crise, réfléchir dès maintenant à l’avenir du rail belge

L’an dernier, Greenpeace a lancé un appel pour un pacte national de mobilité avec Inter-Environnement Wallonie, TreinTramBus et Bond Beter Leefmilieu. Nous y soulignons la nécessité d’une vision concertée de la mobilité entre toutes les instances compétentes du pays et l’importance d’une meilleure intégration des transports entre eux et avec la mobilité active (marche, vélo) notamment. 

Entre-temps, le covid-19 est passé par là et a porté un grand coup aux transports publics bien moins fréquentés, et bénéficiant de moins de soin (financier) que les compagnies aériennes. Pourtant, malgré ces sérieuses turbulences et le développement de nouvelles pratiques – comme plus de télétravail – développer une vision à moyen et long termes pour des transports en commun performants reste un élément essentiel d’une mobilité durable. 

Je soutiens une meilleure organisation des trains en Belgique

Le train est un élément clé pour organiser les transports publics, surtout en zones rurales, même si aujourd’hui, ils sont souvent source de frustration quotidienne. Et s’il existait un moyen d’organiser la circulation des trains de façon plus efficace? À la suisse par exemple. Laissons-nous inspirer par le modèle réglé comme du papier à musique de nos voisins helvètes. 

L’organisation actuelle de nos trains 

En Belgique, la circulation des trains est organisée depuis 1984 selon un horaire cadencé et symétrique.

  • “Cadencé” signifie que si votre train part à 10h32, les trains suivants partent à 11h32, 12h32… Il est ainsi plus facile de planifier son voyage.
  • “Symétrique” signifie que le temps de correspondance est identique à l’aller et au retour. Autrement dit, observez l’effet miroir (aussi sur une horloge) entre le trajet aller et retour ci-dessous.
Horaire symétrique, IEW 2019. Source : SNCB

Que font les Suisses ?

En Suisse, les trains suivent un modèle cadencé, symétrique… et intégré ! On parle alors de modèle des noeuds de correspondance ou, plus simple encore, de “modèle suisse”.

Dans ce système, la fréquence des trains est augmentée et les horaires sont accordés de telle sorte que les trains se croisent en gare et densifient l’offre. Ainsi, plus de correspondances peuvent être assurées dans toutes les directions. C’est ça “les noeuds de correspondance” ! Chez nous, ce principe n’est pas systématisé et de nombreux trains se croisent encore “au milieu de la cambrousse”, au lieu de se croiser en gare et d’offrir aux voyageurs de nombreuses destinations.

Schéma d’application en gare IC SNCB Nicaise 2019, IEW 2019. Source: SNCB.

Par exemple, dans le modèle des noeuds de correspondance, “avant le rendez-vous” des trains en gare, les trains L (locaux) et les bus et taxis arrivent en gare. “Pendant le rendez-vous”, les trains IC (InterCity) ou IR (InterRegio) arrivent en gare. Les voyageurs peuvent choisir de monter à bord d’un train L dans l’une ou l’autre direction, de monter à bord de tel IC ou tel IR ou encore de prendre un bus, un taxi… “Après le rendez-vous”, les divers véhicules poursuivent leur trajet. Avec à la clé, une mobilité nettement plus efficace ! 

Divers avantages pour différents acteurs

Intégrer les horaires de trains, et ensuite des bus et trams est intéressant pour les voyageurs, mais pas seulement.

  • Les correspondances pour les voyageurs sont maximisées. Cela signifie aussi que la gare locale devient une porte d’accès à l’ensemble du réseau.
  • Le modèle permet d’améliorer l’efficience du système ferroviaire. De plus, augmenter l’utilisation d’une infrastructure lourde comme le réseau de train justifie d’investir dans son maintien et son renouvellement. Ce modèle valorise aussi l’offre locale actuellement sous-utilisée et permet une augmentation des voyageurs et donc, des recettes.
  • Si les horaires de trains sont intégrés, un bus peut assurer la correspondance de plusieurs trains en réalisant son arrêt en gare ferroviaire au moment du “rendez-vous” des trains et ainsi embarquer de nombreux clients en quelques minutes. Cela optimisera le service tout en réduisant les coûts d’exploitation des transports régionaux.

La Belgique n’est pas la Suisse, et pourtant…

Nous pourrions appliquer ce système qui a fait ses preuves en Suisse à la réalité territoriale de notre pays. Notre réseau ferroviaire est compatible avec le modèle des noeuds de correspondance : les temps de parcours entre les gares principales du pays sont souvent proches de l’heure ou de la demi-heure. En plus, l’application de ce modèle des noeuds de correspondance en Belgique aurait tout son sens au niveau des gares moyennes (ex.: Libramont, Sint-Niklaas) où l’offre, moins dense, doit d’autant plus être fiable !

La mise en oeuvre d’un tel modèle est nécessairement progressive : des investissements dans l’infrastructure et le matériel roulant doivent être planifiés. Il est cohérent de travailler par étapes, en développant au fur et à mesure les noeuds de correspondance. L’essentiel est de déterminer une vision dès maintenant et de la maintenir.

Impossible n’est pas belge !

Appliquer le modèle des noeuds de correspondance au système ferroviaire belge demande de relever certains défis. Toutefois, la plus grande difficulté dans ce dossier vient des autorités politiques, tout niveau de pouvoir confondu, et des autorités de transport : elles doivent s’accorder sur une vraie vision de l’offre de transports publics basée sur le modèle de l’horaire intégré. Cela devrait devenir le cadre de référence au niveau fédéral et régional dans l’organisation des transports publics.

Finalement, ce qui nous manque vraiment, c’est une décision.

Source : Texte écrit à partir d’un article IEW – https://www.iew.be/le-modele-des-noeuds-de-correspondance-un-mythe-suisse-un-concept-theorique-ou/

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