Otus jolandae, un hibou, découvert par Filip Verbelen

« C’est le sens que doit avoir notre découverte : intensifier notre protection des dernières forêts tropicales au monde »

Chargé depuis près de vingt ans de la campagne « Forêts » de Greenpeace, je consacre mes loisirs à ma passion pour l’ornithologie. J’ai ainsi pu collaborer à la découverte d’une
nouvelle espèce d’hibou en Indonésie…

Dans ce pays, plus d’un million d’hectares de forêts tropicales disparaissent chaque année… alors même que la biodiversité n’y a pas livré tous ses secrets.

C’est sur l’île de Lombok dans l’archipel de la Sonde que notre découverte a eu lieu. Elle remonte à présent à plusieurs années et nous avons dû réunir bien des éléments pour l’attester scientifiquement. En fait, c’est le hululement du hibou qui nous a tout d’abord alertés.

Nous savions que des hiboux de petite taille se trouvaient sur l’île. Un ornithologue britannique en avait fait la découverte en 1896 ! Seulement, tout le monde pensait qu’il s’agissait d’une espèce d’hibou similaire à celle que l’on peut trouver sur d’autres îles de l’archipel.

Deux d’entre nous ont commencé à soupçonner qu’il pouvait s’agir d’une nouvelle espèce, endémique à l’île de Lombok. Le hululement était différent de celui de toutes les autres espèces d’hiboux connues en Indonésie. C’était en 2003. En 2008, j’ai pu enregistrer le chant de cet oiseaux mystérieux et j’ai eu la chance de photographier un spécimen
dans son milieu naturel pour la toute première fois. Je me trouvais au beau milieu de la forêt en compagnie d’un ami, ornithologue. J’ai enregistré le hululement et en vérifiant mon enregistrement, j’ai eu la surprise de voir le hibou juste au-dessus de ma tête. Je n’ai plus eu qu’à sortir mon appareil photo !

Après l’analyse minutieuse des sons et des photos, nous avons aussi étudié les sept spécimens empaillés qui se trouvaient dans des musées américain et britannique .

Avec tous ces elements, nous avons pu étayer notre thèse en observant sa morphologie.

Restait alors à confirmer scientifiquement notre découverte. Ce fut chose faite la semaine derrière. Notre article, publié sur un site scientifique, a attiré énormément d’intérêt, non seulement du monde scientifique mais aussi dans les médias. Toutes les reactions ont été très enthousiastes.

« L’oiseau qui dit « Pok »

A quatre, nous avons compilé des documents iconographiques et sonores pour finir par démontrer par A plus B que l’hibou, baptisé Petit-Duc de Rinjani (Otus jolandae) était bel et bien une nouvelle espèce d’oiseau propre à l’île. Chemin faisant, nous avons découvert que les populations locales connaissaient cet oiseau depuis longtemps et ils l’ont baptisé « burung pok », ce qui n’est autre qu’une transcription onomatopéique du hululement Ah, la sagesse ancestrale !
Ce qui est « nouveau » pour la science occidentale est souvent une connaissance déjà avérée depuis longtemps pour les gens qui vivent dans la forêt équatoriale…

Une crise majeure de la biodiversité

Cette découverte illustre à quel point les forêts indonésiennes que nous sommes en train de perdre à une vitesse hallucinante regorgent d’une biodiversité insoupçonnée. Nous faisons face à une crise majeure de la biodiversité en Indonésie. Nous risquons de perdre un bon nombre d’espèces phares qui vivent uniquement en Indonésie (comme le tigre et le rhinocéros de Sumatra) si les efforts pour freiner la déforestation ne sont pas intensifiés.

Une découverte comme celle que nous avons faite, nous conforte dans la nécessité de sauver ce qui peut encore l’être. Nous ne pouvons condamner sciemment des espèces dont on ignore tout ! C’est le sens que doit avoir notre découverte : intensifier notre protection des dernières forêts tropicales au monde, elles recèlent une biodiversité qui n’a pas encore dit son dernier mot…

Filip Verbelen découvre un nouvel hibou dans les forêts indonésiennes.
Filip Verbelen

Filip Verbelen

About the author

Filip Verbelen
Philippe Verbelen (1968) uit Gent werkt sinds 1992 voor Greenpeace en is al meer dan 15 jaar betrokken bij de campagnes voor de bescherming van de oerbossen in ondermeer Canada, Zuidoost-Azië en in Centraal Afrika. "Tijdens mijn vele verblijven in Indonesië en in het Congo-bekken documenteer ik hoe bosvernietiging vaak leidt tot grote sociale conflicten en het verdwijnen van zeldzame planten en dieren. In naam van “ontwikkeling” worden bossen platgebrand of omgehakt voor exportproducten zoals tropisch hardhout, palmolie en pulp en papier, maar de aangerichte ravage op sociaal en ecologisch vlak is vaak onherstelbaar. Met onze internationale campagnes zetten we regeringen en grote bedrijven onder druk om ontbossing te vermijden." --- Philippe Verbelen (né en 1968) est Gantois et travaille depuis 1992 pour Greenpeace. Depuis plus de 15 ans, il est impliqué dans les campagnes pour la protection des forêts anciennes au Canada, en Asie du Sud-Est et en Afrique centrale. "Mes séjours en Indonésie et dans le bassin du Congo m’ont permis de faire le lien entre destruction forestière et conflits sociaux d’une part et disparition de plantes et animaux rares d’autre part. Au nom du développement, des forêts entières disparaissent pour finir en produits d’exportation comme le bois dur tropical ou l’huile de palme. Les ravages causés aux niveaux social et écologique sont souvent irréversibles. Avec nos campagnes internationales, nous mettons sous pression les gouvernements et les grandes entreprises pour qu’ils évitent la déforestation."