Clément Tardiff/Greenpeace

Sur la plage de Bargny, sous le soleil brûlant du Sénégal, un groupe de quinze femmes se tient debout, chacune tenant une calebasse vide. Leurs visages reflètent à la fois la détermination et l’inquiétude alors qu’elles lèvent le poing en l’air.

Elles portent des banderoles avec des messages concis :

“Ma calebasse est vide à cause des chalutiers.”
“Nous exigeons une zone marine protégée – maintenant !”
Une zone marine protégée va sauvegarder les emplois et la nourriture.”
“Ma calebasse est vide à cause des chalutiers. Nous exigeons une zone marine protégée – maintenant !”

Clément Tardiff/Greenpeace

Elles se sont réunies pour une action qui dépasse les simples mots ; c’est un effort visant à mettre en lumière une question urgente: la rareté du poisson au Sénégal et son impact sévère sur les populations sénégalaises et africaines. Au Sénégal, les femmes jouent un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire. Elles sont les gardiennes des traditions culinaires et des recettes familiales transmises de génération en génération. Ce sont elles qui se rendent quotidiennement aux marchés pour acheter du poisson frais, un élément essentiel et incontournable du plat national des sénégalais, le “Thiébou Djeun”.

“Notre calebasse vide n’est pas seulement un symbole ; c’est un appel à une action immédiate. Nous sommes ici pour représenter les océans silencieux et la sécurité alimentaire de notre peuple”, déclare Fatou Samba, femme transformatrice de poisson à Bargny, au Sénégal.

Clément Tardiff/Greenpeace

Cependant, ces dernières années, un silence sombre s’est abattu sur les marchés sénégalais. Les étals et quais de pêche autrefois caractérisés par une abondance de poissons en sont désormais moins garnis. Ces calebasses vides tenues par ces femmes témoignent de cette réalité. Autrefois abondant, le poisson se fait de plus en plus rare, une situation exacerbée par la surpêche, les usines de farine et d’huile de poisson, les mauvaises pratiques de pêche et le changement climatique.

“La rareté du poisson n’impacte pas seulement la nourriture ; il s’agit de préserver notre patrimoine. Nos actions d’aujourd’hui réaffirment notre engagement à protéger les deux”, déclare Fatou Samba, femme transformatrice à Bargny, au Sénégal.

Le geste puissant et silencieux de ces quinze femmes, se tenant unies avec leurs calebasses vides, est un appel à l’action. Il souligne l’importance cruciale de la sécurité alimentaire et met en lumière comment la rareté du poisson affecte négativement la nutrition, la santé et les moyens de subsistance des familles sénégalaises. Ces femmes parlent au nom de l’océan, un écosystème qui a nourri leur communauté depuis des générations. Elles soulignent que la préservation des océans est une question de survie pour le Sénégal.

La calebasse vide de chaque femme sert de rappel poignant sur les menaces qui pesent sur nos oceans. Elle nous alerte sur l’urgence de la situation et appelle à la mise en place de mesures pour conserver les ressources marines, promouvoir des pratiques de pêche durable et garantir la sécurité alimentaire pour les générations futures.

Ces femmes, tenant leurs calebasses vides, symbolisent bien plus que de simples participantes à une manifestation culturelle, mais c’est la tradition d’une gestion durable qui est revisitée.

Clément Tardiff/Greenpeace

Elles sont les gardiennes de la sécurité alimentaire au Sénégal. Leurs calebasses vides signifient la nécessité de préserver nos océans et de protéger la sécurité alimentaire des communautés sénégalaises. Cette action rappelle que la rareté croissante du poisson n’affecte pas seulement les écosystèmes marins ; elle impacte aussi les familles, les traditions et les délicieux plats qui sont au cœur de la culture sénégalaise. Elle nous exhorte à agir pour un avenir où les calebasses ne seront plus vides mais remplies de poisson frais, garantissant la sécurité alimentaire pour tous. 

Autrefois, le retour de nos mamans du marché, les calebasses abondamment garnies de couleurs vives et de poisson frais pour concocter des plats succulents, était un spectacle merveilleux et culturellement profond. Aujourd’hui, un effort collectif est nécessaire pour retrouver ces calebasses pleines de vie.

Amagor Robert NIANG
Chargé de communication Greenpeace Africa – Senegal 
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