Novembre 2021: au repos après une longue journée de travail profitant du vent chaleureux de la nature, le terrain de volley est à ma droite. 

Cet après-midi du 10 octobre, on a bouclé avec les travaux, après deux jours d’ateliers avec les communautés autochtones affectées par le projet Camvert. J’ai hâte de retourner à l’hôtel pour aller à l’arrière m’amuser, et me ressourcer auprès de la mer, comme la dernière fois, il y’a un an. Mais dommage pour moi, l’hôtel a été englouti par la mer, du moins l’arrière. De loin, j’aperçois des bandes rouges qui me communiquent un seul message « Interdit de passer à l’autre bord. » Et justement, de l’autre côté, tout a vieilli, ça sent la mort, il n y a plus de vie, personne n’y va. Les risques sont devenus trop élevés… Celui qui ose peut-être englouti par la mer, ou alors par un autre glissement de terrain. 

La mer recule, à grand pas

L’un des responsables d’hôtel me donne quelques informations. « La mer a avancé progressivement. Cinq ans plus tôt, sept mètres au moins séparaient l’hôtel de la mer. Tout doucement, la mer avançait et nous avons dû construire l’escalier- pont il y a deux ans pour faciliter l’accès à la mer. Et depuis le mois d’août 2022, nous avons été obligés de mettre ces bandes mais en réalité, ça fait beaucoup d’années que nous subissons les affres des hautes vagues de la mer. » Une avancée qui fait peur quant à la survie de l’hôtel lui-même.

La terrasse de l’hôtel se dégrade, et met en danger la vie des visiteurs

Le long de la ville, plusieurs plages ont quasiment disparu… La mer est gourmande et ne laisse plus d’espace pour les touristes, pourtant, la ville de Kribi reste l’une des destinations favorites des touristes camerounais et étrangers. 

  A quelques encablures de Kribi, se trouve une importante partie du massif forestier du Cameroun. Chaque jour qui passe, c’est un arbre qui tombe. Les populations environnantes sont impuissantes et elles aussi se plaignent des vents qui sont devenus plus violents, car les arbres qui servaient de barrière de protection entre la mer et eux sont tombés. La zone est largement convoitée par les agro industries, de part sa riche biodiversité et recouvre une importante partie des forêts du Bassin du Congo. 

Aujourd’hui, c’est un stade de volley qui a été perdu, ce qui peut être négligeable… que non, ceci devrait être un signal fort, qui prédit des conséquences plus dangereuses dans les années à venir. Si nous prenons soin de la nature, elle prend soin de nous, mais dans le cas inverse, il faut être prêt a payer le tribut, fut-il lourd… Le changement climatique n’est pas un concept créé pour alimenter les débats dans les médias et au cours des rendez-vous comme la COP, c’est une réalité, dont les effets n’épargnent personne. La nature ne fait pas de distinction entre grands et petits pollueurs qui est purement humaine. Tout le monde paie le prix, et le paiera encore, si rien n’est fait maintenant. 

Signez cette pétition pour demander au gouvernement camerounais d’arrêter la coupe abusive  des arbres dans nos forêts. 

Luchelle Feukeng, de retour de Kribi